Attention aux promotions trop alléchantes sur Facebook: ce sont parfois des arnaques
En cette période de soldes, vous avez peut-être vu passer des publicités sur les réseaux sociaux proposant des promotions considérables, voire irréalistes. -70% sur des chaussures Camper, -80% sur du matériel d'escalade Petzl ou encore... -99% sur une enceinte Marshall. De quoi laisser plâner un doute, pourtant la publication est indiquée comme étant "sponsorisée".
Concrètement, un contenu labellisé ainsi sur Facebook signifie que celui qui en est à l'origine a payé la plateforme pour que son post soit visible du plus grand nombre. On pourrait donc penser qu'il a été vérifié, et donc qu'il est fiable. Mais non, il s'agit bel et bien d'arnaques qui ont passé la maigre modération de la plateforme.
L'UFC-Que Choisir s'est intéressée à ce phénomène courant et qui escroque des consommateurs via une technique d'hameçonnage. L'association de consommateurs prend l'exemple d'un site ayant usurpé l'identité visuelle de la marque de manteaux et blousons K-Way.
Un faux site particulièrement ressemblant
Tout commence donc par un post sur Facebook: une page nommée "K-wayshop" partage un lien avec un grand "-80%" rouge et au-dessus, le logo de la marque. De quoi attrayer la personne qui tombe dessus, peut-être au point de cliquer. L'étape suivante est de nature à le mettre encore plus en confiance:
"Le site sur lequel renvoie le lien ressemble trait pour trait à un vrai site de e-commerce, tous les modèles de K-Way sont présents et les prix sont très bas", décrit l'UFC-Que Choisir.
Malgré cette ressemblance troublante, quelques éléments permettent de comprendre que ce site est une contrefaçon. D'abord les prix: K-Way n'effectue jamais d'aussi grosses ristournes. Mais surtout l'URL du site. Le fait que nous soyons sur www.k-waycr.shop et non sur www.k-way.fr doit interpeller. Effectuer une commande sur ce faux site, c'est être sûr de perdre de l'argent et de ne jamais être livré.
170.000 personnes arnaquées en France
Les arnaques au faux site marchand sont particulièrement courantes, et efficaces pour les fraudeurs. Une enquête du Monde sur le sujet a révélé que rien qu'en France, 170.000 personnes s'étaient faites avoir par une escroquerie de ce type en quatre ans. Ces faux sites sont créés "de manière industrielle" et administrés depuis la Chine. La majorité d'entre eux même encore en ligne. C'est notamment le cas de www.k-waycr.shop.
Face à un tel fléau, la question de la responsabilité de Facebook et des autres géants du web hébergeant des liens vers ces sites peut être posée. En leur qualité de publicitaire ayant diffusé une publicité frauduleuse, peuvent-ils être poursuivis par une personne arnaquée ?
Facebook a un devoir de vigilance
Si la responsabilité principale incombe à l'annonceur, c'est-à-dire celui à l'origine de la publicité, le publicitaire qui la diffuse peut normalement être poursuivi en tant que complice. Ce dernier est censé vérifier que les informations diffusées dans les publicités sont exactes et ne sont pas de nature à induire en erreur le public. C'est ce que prévoit notamment l'article L.121 du Code de la consommation.
Le problème est que des plateformes comme Facebook ou Google sont des publicitaires d'un genre particulier. Elles ont en effet le statut d'hébergeur, et bénéficient d'un régime de responsabilité allégé. Et comme l'explique le site Défends tes droits, le fait qu'elles commercialisent des publicités ne modifie pas ce statut, tant qu'elles n'interviennent pas dans le contenu de celles-ci.
En revanche, Facebook et consorts ont tout de même un devoir de vigilance. Et dès lors qu'ils sont informés de l'illégalité d'une publicité, elles doivent agir rapidement pour la supprimer. C'est uniquement s'ils trainent à faire cela que leur responsabilité peut être engagée.
Encore moins de modération sur Facebook
Pour résumer, Facebook ne peut pas être poursuivi pour avoir mis en évidence une publicité illégale. En revanche si un internaute a signalé le post en question et que le réseau social ne réagit pas rapidement, alors il pourra être poursuivi. Dans une telle situation, une personne victime d'une telle arnaque pourra obtenir une réparation.
Et ces situations pourraient être amenées à se multiplier. La modération sur Facebook laissait déjà à désirer : certaines publications illicites signalées ont pu parfois être maintenues. Mais récemment, le patron de Meta (la maison mère de Facebook) Mark Zuckerberg a annoncé l'abandon du "fact-checking" sur ses plateformes. Cette décision doit induire une diminution de la modération. Il faudra donc redoubler de vigilance face à ces arnaques.