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Banque et Assurance

Émeutes: quelle indemnisation pour les commerçants victimes de pillages?

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De nombreux commerces ont été attaqués durant les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, mardi dernier à Nanterre. Les assureurs sont attendus au tournant.

De nombreux commerçants ont découvert leurs boutiques pillées, dévalisées. Et pour beaucoup, la facture est salée. Les buralistes, par exemple. Au total, 430 bureaux de tabac ont été vandalisés, près de la moitié en Île-de-France.

Ouahmed est patron depuis huit ans d’une brasserie bar-tabac à Paris. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, prévenu d’une intrusion par son alarme, il ne peut que constater les dégâts à son arrivée sur place: le rideau de fer est défoncé. Cigarettes, tickets à gratter et toute la caisse envolés. Un préjudice qu’il estime à 100.000€, sans compter la perte de chiffre d’affaires depuis, faute de stock.

"On essaye de continuer de bosser tant bien que mal avec un stock minime", nous explique-t-il en nous montrant le maigre total de paquet de cigarettes qui lui reste.

"On doit payer nos charges, fixes, nos loyers, nos crédits, nos salariés...", énumère-t-il, se demandant comment il va faire. Ouahmed a contacté immédiatement son assureur. Selon les termes de son contrat, il pourra se faire indemniser à hauteur de 50% des dégâts. Lui espère 100%, compte tenu des circonstances exceptionnelles.

"J'attends le premier rendez-vous avec l'expert et de voir sur quelle ligne ils sont. Mais s'il y a moitié moins, on n'aura pas les armes pour lutter et faire face à l'avenir", juge-t-il.

Que mettent en place les assurances pour les victimes?

Elles sont quasiment toutes sur la même ligne: avances immédiates de fonds, expertises accélérées, délai de déclaration des sinistres étendu. Et une gestion des dossiers au cas par cas. Les assureurs suivent en fait les recommandations de leur fédération.

“On reprend ce qu’on a fait pendant le Covid”, confie un gros assureur français. Mais pour l’instant, il s’agit d'une déclaration d’intention. Reste à voir la pratique. Certaines assurances, par exemple, n’annulent la franchise, c’est-à-dire le reste à charge pour l'assuré, que si le commerçant a souscrit une garantie incendie ou vol-vandalisme.

Comment réagit le ministère de l'Economie?

Bercy met la pression sur les assureurs, en surveillant de très près la mise en place des dispositifs. Mais ce qu’attend notre buraliste, c’est que l’Etat mette - lui aussi - la main au porte-monnaie. Le fameux “quoi qu’il en coûte” d'Emmanuel Macron pendant la crise du Covid.

Le gouvernement nous dit travailler sur des mesures supplémentaires. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, envisage l’annulation des charges fiscales et sociales pour les commerçants les plus touchés, au cas par cas.

Pour nous contacter : rmcpourvous@rmc.fr

Amélie Rosique (édité par J.A.)