Habitation, auto... Les assurances risquent d'augmenter encore en 2026, mais de combien?

Un habitant marche dans les rues inondées de Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais) le 9 novembre 2023 alors que le département est placé en alerte rouge pluies et inondations - Sameer Al-Doumy
L'année 2025 n'est pas terminée que déjà les compagnies d'assurance anticipent des hausses de leurs prix. Ce merdreci 17 septembre au micro de RTL, c'est le patron de la MAIF Pascal Demurger qui a parlé au nom de tout le secteur.
Des augmentations tarifaires, "je pense qu'il y en aura d'une manière générale sur le marché", a-t-il affirmé. Et de se justifier en soulignant que les événements climatiques extrêmes, qui se multiplient, "coûtent extrêmement cher".
Les catastrophes naturelles coûtent 6 milliards par an
L'année n'est pas terminée, le coût total de ces catastrophes climatiques ne peut donc pas être connu précisément encore. Mais entre les crues historiques en Bretagne de janvier, les violents orages de juin dans toute la France, ou encore les terribles incendies qui ont notamment touché l'Aude, on se dirige vers une année dans la droite lignée des précédentes.
France Assureurs rapporte qu'entre 2020 et 2023, le coût des risques climatiques a été d'en moyenne 6 milliards par an. À titre de comparaison, et pour se rendre compte de l'accentutation de ces phénomènes à cause du dérèglement climatique, ce coût moyen était de 1,5 milliard par an entre 1982 et 1989.
Si l'on rentre dans le détail de ces dernières années, 2024 a coûté 5 milliards; 2023 6,5 milliards; et 2022, véritable "annus horribilis" pour la profession 10 milliards d'euros. Le coût des primes d'assurance n'a donc cessé d'augmenter d'année en année, mais c'est bien en 2025 que cette hausse a atteint un sommet.
Une hausse record des assurances en 2025
Cette année d'après le comparateur Assurland.com, les assurances habitation et automobile ont augmenté respectivement de 12,8% et 6,8%. Son cofondateur Olivier Moustacakis insiste sur le caractère exceptionnel de cette hausse, en particulier pour l'assurance habitation.
"Cette année a été marquée par une double augmentation. D'abord celle du coût des matériaux. Remplacer une toiture abîmée par un orage par exemple coûte beaucoup plus cher. Mais surtout, la très forte augmentation de la surprime Cat Nat a renchéri tous les contrats", explique-t-il à RMC Conso.
Pour rappel le dispositif d'indemnisation des catastrophes naturelles, dit régime Cat Nat, est une extension du régime d'indemnisation classique. Lorsqu'un événement climatique est déclaré comme étant une catastrophe naturelle par l'État, les sinistrés assurés basculent vers ce régime plus protecteur. Et financé par un fonds auxquels contribuent tous les assurés de France en payant la surprime Cat Nat.
Des hausses a priori plus modérées en 2026
Le montant de cette surprime, exprimé en pourcentage, est fixé par l'État. Pour assurer la pérennité de ce dispositif après trois années de dégâts records, il a donc décidé de nettement l'augmenter au 1er janvier dernier. Il est ainsi passé de 12% à 20% pour l'assurance habitation. Ce qui s'est traduit par un surcoût d'en moyenne d’environ 30 euros par an.
Pour les contrats d'assurance auto, la hausse de la surprime Cat Nat a été plus modérée puisqu'elle est passée de 6% à 9%. Mais cela s'est tout de même traduit par des hausses de quelques euros.
À quoi donc s'attendre pour 2026? Les déclarations de Pascal Demurger de la MAIF ne sont guère de nature à rassurer. Directement après une année de hausse record, une nouvelle augmentation historique? Olivier Moustacakis tempère.
"Pour le moment selon nos estimations, on table plutôt sur une hausse entre 5% et 8% pour l'assurance habitation. Et entre 3% et 5% pour l'assurance auto", prédit le cofondateur d'Assurland.
Une hausse plus modérée donc, mais une hausse tout de même, imputable à la fréquence et l'intensité des épisodes climatiques. Ainsi qu'au prix des matériaux et de la main-d'œuvre nécessaires aux réparations.
La création d'un "fonds émeutes" ?
Mais ces évaluations d'Assurland excluent une mesure qui pourrait être prise ces prochains mois. Et encore renchérir le coût des assurances. D'après Les Échos, le gouvernement envisagerait la création d'un fonds de réassurance qui couvrirait les dégâts liés... aux émeutes.
Un tel régime serait directement inspiré de celui des catastrophes naturelles évoqué plus haut. Le gouvernement souhaiterait sa création pour faire face à la multiplication des émeutes. Et aux difficultés rencontrées par les assureurs pour faire face à l'envolée des dégâts.
Concrètement, ce fonds permettrait de couvrir jusqu'à 775 millions d'euros de dégâts par an. Et il serait financé par une surprime de 5% prélevée sur tous les contrats d’assurance couvrant les biens des particuliers comme des entreprises.
La chute du gouvernement de Français Bayrou a laissé ce projet en stand-by. Mais pour Olivier Moustacakis, "il va être remis sur la table avec le nouveau gouvernement". Néanmoins d'après lui, un tel fond "soulève pas mal de questions".
Une surprime qui augmenterait les contrats de 20 euros
Le fondateur d'Assurland souligne d'abord le fait que de telles violences urbaines ne surviennent quasiment que dans les grandes métropoles. À ses yeux, il sera donc difficile de faire accepter le fait de faire financer un tel régime par tous, mais pour seulement une partie de la population.
"Autant le régime Cat Nat concerne tout le monde, puisque peu importe où l'on vit on peut être affecté par un événement climatique. Là, c'est tout de même plus délicat...", estime-t-il en rappelant que 1% des communes concentrent 43% des actes de ce type.
Une surprime de 5% sur les contrats d'assurance les renchérirait d'une vingtaine d'euros. Ce qui n'est pas neutre. Avec, la hausse des assurances pour 2026 pourrait frôler celle de 2025.