Des enseignes de destockage aux start-up "anti-gaspi": comment trouver des produits d'hygiène et de beauté moins chers?

Un Français sur deux a réduit sa consommation de produits d’hygiène faute de moyens, selon une étude de l'Ifop pour l'association Dons solidaires de février 2024. Entre l'augmentation des prix de 16% en deux ans dans le rayon hygiène-beauté, et l'interdiction des promotions supérieures à 34%, il devient très compliqué de trouver des produits abordables.
Une solution existe toutefois, grâce au développement de commerces spécialisés dans la revente des invendus. Ces commerces sont en forte expansion depuis l'entrée en vigueur, en 2022, de la loi AGEC contre le gaspillage, qui interdit aux industriels de détruire les invendus non-alimentaires.
Des destockeurs et start-up "anti-gaspi"
Juste avant l'application de cette loi, en 2021, l'ADEME, l'agence pour la transition écologique, estimait à 360 millions d'euros le coût des invendus. Une étude de l'Ifop de 2020 avançait quant à elle le chiffre de 4 tonnes de produits de beauté jetés par jour en France.
Une grosse partie de ces invendus était toutefois déjà revalorisée, à travers des dons aux associations notamment.
Des enseignes de destockage comme Noz ou Stokomani existent également depuis de nombreuses années. A elles deux, elles réunissent près de 450 magasins partout en France et récupèrent les invendus dans divers domaines dont l'hygiène et la beauté. On y trouve principalement des marques présentes dans la grande distribution.
Plus récemment, des start-up comme KéaBot, spécialisée dans la revente de produits de pharmacie et parapharmacie, ou Greez, qui propose des marques engagées sur le plan environnemental ou bio, sont également en plein essor.
30 à 60% d'économies
Ces commerces permettent une économie de 30 à 60% selon les produits. Ils proposent à la vente les marchandises qui n'ont pas pu être mises sur le marché par les marques pour diverses raisons.
La première, c'est tout simplement un emballage abîmé dans le transport, ou une étiquette mal collée. Le moindre accroc entraînera le retrait du produit du circuit classique de vente.
Mais cela peut aussi être des produits issus de collections spéciales, retirés des rayons dès que la période est passée, comme les collections spécial Noël, par exemple. Ces surproductions étaient responsables de 41% des invendus en 2019 selon l'ADEME.
Des produits à date courte
Dans les catalogues de ces commerces "anti-gaspi", on trouve aussi beaucoup de produits à date courte: des produits dont la date de durabilité minimale (DDM), indiquée par la mention "à utiliser de préférence avant le..." ou par un pictogramme en forme de sablier, approche.
Passée cette date, le produit ne sera pas pour autant toxique mais sa qualité pourra être altérée. Or ces produits ayant une durabilité inférieure à 30 mois avant ouverture, ils sont retirés de la vente dès lors qu'ils ne trouvent pas rapidement preneur.
"Les distributeurs exigent que les produits mis en rayons aient été produits depuis moins d'un an. Si un an après leur fabrication, ils n'ont pas été vendus, ils retournent au fabricant," explique Noémie Arnal, fondatrice de Greez, à RMC Conso.
Les commerces spécialisés dans la vente de produits sauvés du gaspillage les récupèrent alors. Ils devront idéalement être utilisés assez rapidement, même si "la DDM est une date indicative: votre soin ne se transformera pas soudainement à minuit," indique le site Folie Cosmetic.
"Si un produit est périmé, on ne le commercialise pas, on fait des analyses toxicologiques pour voir si ses propriétés sont conservées ou non," assure quant à elle Noémie Arnal.
Sachez en revanche que le pictogramme représentant un petit pot ouvert avec la mention "6M", "12M" etc, indique la durée pendant laquelle vous pouvez conserver le produit après ouverture. Tant qu'ils ne sont pas ouverts et sauf mention contraire, ces produits peuvent être utilisés sans problème jusqu'à trois ans après leur date d'achat , à condition qu'ils aient été conservés dans de bonnes conditions.
Aider les marques à gérer leurs stocks
Pour les marques, l'intérêt à passer par ces destockeurs est de pouvoir gérer leurs stocks d'invendus, un surplus qui coûte cher à conserver. En passant par Greez, par exemple "elles fixent le prix librement, avec une remise qui va de 30 à 80%, et elles récupèrent 60% du prix de vente, car nous prenons 40% de commission" explique sa fondatrice.
"Il y a même plus de demandes de la part des marques que ce qu'on peut réellement écouler. Pour ne pas noyer l'offre, nous fonctionnons par un système de ventes privées: chaque semaine, nous proposons six à douze nouvelles marques sur notre site," ajoute-t-elle.
Ouverte depuis sept mois, la plateforme a permis à ce jour de revaloriser 12.500 produits d'hygiène et de beauté.