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Coton, papier toilette, serviette hygiénique... Que valent les produits d'hygiène réutilisables?

Du papier toilette lavable de la marque EcologiQ.

Du papier toilette lavable de la marque EcologiQ. - EcologiQ

Que ce soit pour les couches des enfants, dans notre salle de bain avec des cotons ou encore nos WC avec du papier toilette, ces produits étonnent mais certains s'inscrivent peu à peu dans nos mœurs. Mais sont-ils si économiques et hygiéniques? RMC Conso fait le point.

On peut désormais en trouver dans toutes les pièces de notre maison. Les produits d'hygiène réutilisables s'inscrivent comme la solution pour lutter contre ceux à usage unique, responsable de la production de centaines de kilos d'ordures. Un argument écologique qui s'ajoute à l'économie que permettrait le réutilisable.

Mais ces produits peuvent avoir mauvaise presse lorsque l'aspect sanitaire est évoqué. Notamment, s'ils sont mal utilisés. RMC Conso s'est intéressé aux promesses économiques et hygiéniques des cotons, protections périodiques, papiers toilette et couches réutilisables.

Un investissement vite amorti?

Si l'on souhaite se tourner vers du réutilisable, il est nécessaire d'étudier sa propre consommation. Alors que certains produits d'usage courant ne représentent pas un gros investissement budgétaire, d'autres nécessitent une réelle logistique, à l'exemple des couches pour enfants. Les ventes de couches réutilisables restent encore très confidentielles et ne concernent qu'entre 3 et 5% des parents, selon 20 Minutes.

Question entretien, les informations divergent selon les fabricants. Lorsque certains préconisent un trempage avant lavage, d'autres le déconseillent. Au même titre que le nombre de lessives ou leur température, qui divergent en fonction de la qualité des couches. Il est donc conseillé aux utilisateurs de suivre les indications fournies par le fabricant.

Cet investissement de temps est-il récompensé au niveau du porte-monnaie? Pour Fanny Taillard, gérante d'EcologiQ, un site spécialisé dans les produits réutilisables, les couches restent "une niche" et ne sont achetées que par les parents "à la sensibilité écologique la plus développée". Sur son site de vente en ligne qu'elle tient depuis 2009, la cheffe d'entreprise estime l'investissement à 200 à 300€ "jusqu'à ce que l'enfant soit propre", contre 1.500 à 2.000€ pour des couches à usage unique sur la même période.

Car ces couches, généralement vendues en taille unique pour s'adapter à la morphologie de l'enfant, nécessitent aussi des accessoires. Certaines marques commercialisent des absorbants à placer entre la couche et l'enfant pour une meilleure efficacité, eux aussi réutilisables. Un coût nécessaire à prendre en compte.

Mixer produits réutilisables et jetables

Dans le cas des cotons démaquillants, il faut à nouveau comparer selon nos usages. Par exemple, le prix d'un paquet de 50 unités jetables avoisine les 2€, lorsque les versions lavables vendues chez un géant du cosmétique comme Aromazone sont vendues 6€ et sont prévues pour plus de 2.000 utilisations. Reste aux utilisateurs de prendre en compte le temps nécessaire pour les nettoyer.

Concernant les protections périodiques, si le montant d'un cycle menstruel s'élève, selon Le Monde, à 7,50€ en protections à usage unique et antidouleurs, le réutilisable semble aussi être une solution, mais elle représente un certain investissement. En moyenne, comptez une trentaine d'euros pour acquérir une culotte menstruelle, sachant qu'il faut plusieurs modèles par cycle. Un prix également constaté par Règles Élémentaires, qui lutte contre la précarité menstruelle et observe une combinaison des usages entre produits jetables et culottes menstruelles.

"En moyenne, une personne menstruée possède trois culottes et mixe encore avec des produits jetables", explique à RMC Conso Justine Okolodkoff, directrice "Sensibilisation & Plaidoyer" au sein de Règles Élémentaires.

Pour ce qui est des serviettes hygiéniques, les prix oscillent entre 20 et 50€ selon le nombre et la qualité. Enfin, pour des coupes menstruelles, comptez en moyenne 30€ pour une durée de vie comprise entre 5 et 10 ans.

Pas de contre-indications médicales

Si l'argument économique du réutilisable dépend donc de l'utilisation de chacun, ces produits souffrent encore d'une réputation de "nid à microbes". Pour Marie Jourdan, dermatologue et membre de la Société française de dermatologie, les lavables ne présentent aucun danger pour les utilisateurs, à condition d'être rigoureux sur l'entretien.

"Il est nécessaire qu'ils soient bien lavés selon les recommandations du vendeur, précise la médecin à RMC Conso. Dans le cas des ustensiles portés (couches et protections hygiéniques), il faut les changer régulièrement".

Un discours similaire à celui de Fanny Taillard, qui recommande deux à trois jours maximum avant de laver les produits réutilisables passés au contact de la peau. Mais certains acteurs associatifs appellent à la vigilance, particulièrement pour les protections périodiques réutilisables. Justine Okolodkoff rappelle à notre rédaction que si les préconisations généralement autour de 12 heures données par les fabricants ne présentent pas de contre-indications, c'est aux personnes qui utilisent ces produits de s'adapter, selon les fonctions et les flux.

En 2021, la direction des fraudes a enquêté sur la question. Résultat: les résultats d'analyse "n’ont pas mis en évidence de risque pour les utilisatrices de tampons à usage unique ou lavables, de serviettes lavables et de culottes menstruelles".

Le papier toilette lavable a peu d'adeptes

"Mais l'absence de risque, rassurante pour les personnes menstruées, pourrait être complétée par une amélioration de la qualité de ces produits sur le plan des substances chimiques résiduelles", précise la DGCCRF. Depuis le 1er avril, un décret impose aux fabricants de mentionner la liste des composants dans les articles textiles destinés aux règles.

Les Français sont-ils prêts pour autant à sauter le pas du réutilisable pour des produits tels que le papier toilette? Fanny Taillard admet que cette proposition peut dérouter. Son usage étant encore très marginal.

"Nous commercialisons ce produit depuis plusieurs années et nous avons dû travailler l'argumentaire, nous explique-t-elle. Difficile de proposer à des invités chez soi d'en utiliser. Dans ce cas, on peut garder un rouleau à usage unique en complément".

Pour ce qui concerne l'entreposage et le lavage du produit une fois utilisé, EcologiQ préconise: un accès facile pour les feuilles propres, un dispositif pour accueillir la feuille utilisée (un sac, un panier hermétique et facile d’usage) et un système permettant le transport et la manipulation sans contact avec les feuilles usagées. Question nettoyage, le site marchand recommande un programme à 40°.

Lilian Pouyaud