Produits d'hygiène: comment les enseignes contournent la loi sur la fin des super promos

Les super promos sur les produits d’hygiène et de beauté ont pris fin le 1er mars, avec l’entrée en vigueur de la loi Descrozaille (ou Egalim 3). Elles sont maintenant limitées à 34%.
Dans les semaines qui ont suivi, les ventes dans ces rayons se sont effondrées de 16%, selon le spécialiste de la consommation Olivier Dauvers. Les enseignes n'ont donc pas eu d'autre choix que de s'adapter afin de rester compétitives et de continuer d'attirer les clients.
RMC Conso a épluché les prospectus de plusieurs enseignes et vous explique comment ces dernières contournent la loi Egalim 3 afin de proposer des promotions toujours plus intéressantes pour les consommateurs... Décryptage.
-50%... sur tout un rayon
Première technique relevée chez Carrefour, Intermarché et Super U: proposer une remise de 50% sur tout un rayon ou sur tous les produits d'une marque, avec un minimum d'achat de 10, 20 ou 30 euros pour s'assurer que la promotion n'intervienne pas sur un seul achat.

La loi Descrozaille interdit en effet d'appliquer plus de 34% de réduction sur un produit en particulier, mais elle n'empêche pas de le faire sur un rayon entier:
"L’encadrement en valeur ne concerne que les offres portant sur un produit déterminé," lit-on sur le site de la DGCCRF, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Remises en bons d'achat
Par ailleurs, ces remises de 50% n'entraînent pas la réduction du prix payé en caisse, mais l'obtention d'un bon d'achat ou d'une cagnotte à dépenser au sein de l'enseigne à une date ultérieure.

Double avantage: fidéliser le client et respecter la loi, puisque ces offres sont explicitement exclues de son champ d'application, comme le précise à nouveau la DGCCRF:
"Offres commerciales non incluses dans le champ d’application de l’encadrement: le cagnottage non affecté à un produit: l’obtention d’une cagnotte (sur la carte de fidélité ou par le biais d’un bon de réduction), que le consommateur pourra utiliser ultérieurement, n’est pas liée à l’achat d’un produit déterminé mais, par exemple, à l’achat d’un montant donné sur une certaine période et sur l’ensemble ou une catégorie de produits proposés à la vente par le magasin."
Ainsi, dans le détail, Intermarché offre "50% remboursés en bons d'achat sur tout le rayon beauté" du 3 au 14 avril, "dès 20 euros d'achat". Super U proposait le 4 avril dernier "30 euros en bons d'achat dès 60 euros d'achat de produits de beauté".
Quant à Carrefour, l'enseigne promet 50% d'économies sur les gammes Generous Dim et Maybelline, dès 10 euros d'achat, du 2 au 15 avril.

Sollicitée par RMC Conso sur la conformité de cette offre à la loi, Carrefour nous répond:
"Cette promotion est conforme à la loi car l'octroi de cette remise est conditionnée à un montant minimum d’achat et qu'il s'agit d'une remise différée créditée sur le compte fidélité Carrefour. La mécanique promotionnelle n'a donc pas pour effet de réduire le prix payé en caisse. Par ailleurs, la remise différée n'est pas affectée à un produit, mais est obtenue grâce à des produits porteurs de l’offre qui ne sont pas tous des produits "EGA" [entrant dans le cadre de la loi Egalim 3, ndlr]."
-68%... sur l'achat d'un deuxième produit
Deuxième technique observée chez la plupart des enseignes: offrir 68% de remise, mais à condition d'acheter un deuxième produit similaire.
Le calcul est simple: cela revient à faire une remise de 34% sur chaque produit et donc de respecter la loi, mais de donner l'impression au consommateur qu'il bénéficie d'une réduction plus importante. Effet d'affichage garanti.
-90%... sur des produits hors cadre de la loi
L'effet d'affichage est d'ailleurs le même sur d'autres produits: les enseignes cassent les prix sur les marchandises qui sortent du cadre de la loi. Celle-ci ne concerne en effet que les produits de grande consommation, que l'on renouvelle régulièrement. Ainsi, les brosses à dents électriques ou les rasoirs électriques, par exemple, ne sont pas visés par la loi Descrozaille.
Intermarché l'a bien compris en offrant 90% en avantage carte sur l'achat d'une brosse à dents électrique Oral-B. Objectif: attirer le consommateur dans le rayon, le pousser à acheter, et, sur un produit vendu environ 38 euros, lui offrir 34 euros à venir dépenser plus tard dans un magasin de l'enseigne, assurant ainsi sa fidélité.