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"Élu produit de l'année", ce label est-il gage de qualité pour les consommateurs?

Valeo ClimSpray™ a obtenu le logo 'Élu Produit de l'Année' en 2021.

Valeo ClimSpray™ a obtenu le logo 'Élu Produit de l'Année' en 2021. - Valeo

Critiqué par plusieurs associations de consommateurs, dont l'UFC-Que choisir et l'Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV), le logo "Élu produit de l'année" est-il une vraie garantie pour les consommateurs? RMC Conso a interrogé Philippe Gelder, son président exécutif.

Un logo bien connu du grand public. Face à l'offre pléthorique de produits, les consommateurs ont tendance à se tourner vers des labels présents depuis plusieurs années dans les rayons. Parmi eux, le logo "Élu produit de l'année" qui serait connu par 9 Français sur 10 selon l'entreprise.

Écriture blanche sur fond rouge avec un design de tampon, comme pour marquer la validation, ce dernier estampille une multitude de produits. Présent dans une quarantaine de pays, ce label est-il réellement pertinent pour les consommateurs? RMC Conso vous explique.

"Élu produit de l'année" récompense les "nouveautés"

Crée en 1987, ce logo rouge est présent dans nos rayons depuis près de 38 ans. Il est attribué à plusieurs dizaines de produits chaque année. Épicerie, cosmétiques, produits ménagers, alimentation, et même électroménager, aucun rayon n'y échappe.

"Cette année, on a eu 69 produits élus sur environ 130 participations. Élu produit de l’année est un logo qui permet de se faire guider par le choix d’autres consommateurs", avance Philippe Gelder, président d’Élu Produit de l’Année.

Ce label ne récompense pas spécialement la qualité d'un produit, mais l'innovation de l'industriel. Pour cause, seules les "nouveautés en rayon depuis 24 mois maximum" peuvent participer, précise le président. C'est justement un des points critiqués par la CLCV.

"Dans la plupart des cas, les produits primés présentent en fait peu d’intérêt pour le consommateur. En effet, une part importante des critères de sélection porte sur l’attractivité ou l’innovation", explique l'association.

Un concours payant pour les marques

Pour avoir la chance d'obtenir le label, les marques doivent non seulement soumettre des produits plutôt récents, mais aussi s'acquitter d'une participation "de 4.900 euros", affirme Philippe Gelder. "Cette participation leur permet d'avoir accès aux études et aux résultats", explique-t-il.

"Les lauréats doivent également payer pour pouvoir utiliser le logo durant un an. Les plus grandes marques paient 23.000 euros et les plus petites 7.500 euros", précise le président.

En ce qui concerne la désignation des lauréats, elle est composée de plusieurs phases auxquelles participent près de 20.000 consommateurs qui sont invités à donner leur avis via l'application Treetz.

"Le produit est soumis par le cabinet d'études indépendant NielsenIQ à un panel de 500 personnes représentatives par produit à condition qu'elles le consomment ou soient susceptibles de le consommer", apprend-on.

Un test en "situation réelle" est mené parallèlement auprès de 120 familles. "Ils achètent le produit, le testent et le notent sur l’application Treetz, avant de se faire rembourser pour le service qu'ils nous ont rendu". Les votes sont ensuite traités et les résultats établis par le cabinet d'études NielsenIQ.

Si les participations devaient jusqu'à fin 2022 être approuvées par un Comité d'Expert en amont du concours, ce dernier n'a désormais qu'un rôle purement consultatif en appui du comité de validation et de l'avis des partenaires étude. "On estime que le comité peut éventuellement être sollicité pour un point de vue en cas de doute si nécessaire", explique le président.

Un intérêt pour le consommateur remis en question

La fiabilité de ce label est souvent questionnée par les associations de consommateurs qui lui reprochent notamment son manque d'encadrement.

"Il n’y a aucune exigence de qualité particulière, comme c’est le cas pour d’autres labels comme le label AOP par exemple, qui repose sur un cahier des charges qualité. Le label 'Élu produit de l’année' n’est ni encadré par l’Etat, ni surveillé par un organisme officiel", regrette la CLCV.

Mais selon Philippe Gelder, l'intérêt de ce logo est principalement de guider le consommateur. "Face à la quantité de choix, le consommateur aime bien être guidé par ce qu’il considère être une recommandation valable. Selon nos chiffres, on considère qu’à peu près 75% de gens font confiance à ce logo", explique-t-il

Le président mentionne également une "influence psychologique". "Si un consommateur a un doute sur un produit, le logo l'efface", ajoute-t-il.

Un levier marketing pour les marques

"C'est évidemment un concours marketing", reconnaît Philippe Gelder. Pour cause, lorsqu'un produit est estampillé "Élu produit de l'année", ses ventes ont tendance à s'accroître d'environ 25%.

Par ailleurs, les marques les moins puissantes qui disposent généralement de moins de moyens, ne peuvent pas participer à ce concours en raison de la somme à payer pour y participer. Même si le président soutient que "de nombreuses petites marques participent car le retour sur investissement est positif".

"Les critères à mettre en avant pour obtenir ce logo sont plutôt de l’ordre du marketing et de l’innovation, ce qui n’est pas forcément la préoccupation première du consommateur", regrette de son côté l'UFC-Que choisir.

Pour les consommateurs, le mieux reste de comparer la composition des produits, leur origine et leur prix au kilo.

Sabrine Mimouni