Quelles poêles choisir pour une cuisson non toxique, sans PFAS, et qui n'accroche pas?

Une poêle - Illustration. - Unsplash
Véritable révolution lorsqu'elles sont arrivées sur le marché dans les années 1950, les poêles anti-adhérentes ont été lourdement désavouées il y a quelques années, lorsqu'a été révélée la présence d'une substance cancérogène dans leur composition.
Malgré l'interdiction de cette substance problématique, le PFOA, en 2020, l'inquiétude persiste étant donné les débats récurrents sur les PFAS, des substances chimiques utilisées pour fabriquer le revêtement qui, non seulement, persistent dans l'environnement pendant des dizaines d'années, mais, en plus, sont soupçonnées d'être nocives pour la santé.
Le problème, c'est que les PFAS, ou, dans le jargon technique, substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, ont de sacrés avantages industriels: elles ont des propriétés imperméabilisantes, sont résistantes à la chaleur et antiadhésives. D'où leur utilisation dans la fabrication de nombreuses poêles anti-adhésives.
Alors, les poêles anti-adhésives actuellement sur le marché sont-elles vraiment nocives? Et par quoi les remplacer sans se retrouver avec une poêle qui accroche? RMC Conso fait le point.
Certains PFAS nocifs pour la santé
Les poêles anti-adhésives sont aujourd'hui généralement fabriquées en aluminium, auquel on a ajouté un revêtement en Téflon ou PTFE, de son nom complet polytétrafluoroéthylène. Ce plastique, connu pour sa résistance chimique et sa stabilité thermique, permet de préserver l’utilisateur d’éventuelles migrations de métaux dans les aliments, mais aussi de mettre moins de matière grasse et faciliter le nettoyage.
Toutefois, s'il n'y a plus de PFOA dans le PTFE, il reste considéré comme un PFAS. Pas dangereux en tant que tel, il est susceptible d'être fabriqué avec d'autres substances de substitution potentiellement problématiques, par exemple le Gen-X. C'est également un polluant éternel, et il a été classé comme substance "extrêmement préoccupante" depuis 2019 par l'Agence européenne des produits chimiques. Sans que de solides preuves soient encore apportées, on le soupçonne aussi d'être cancérogène.
De manière générale, même si on manque de recul, la prudence est de mise concernant les PFAS: "si nos connaissances sur ces PFAS restent incomplètes, des études convergent toutefois pour leur attribuer des effets néfastes sur la santé. Ils sont ainsi soupçonnés d’être cancérogènes (foie, reins), perturbateurs endocriniens, de favoriser l’obésité et le diabète, d’affecter la fertilité ou le développement du fœtus…," indique l'UFC-Que choisir.
Des traces retrouvées dans les poêles
Les poêles anti-adhésives sont-elles alors dangereuses pour la santé? En réalité, "si les PFAS sont indispensables à la conception du revêtement PTFE, ils ne sont pas censés s'y trouver une fois le processus terminé," explique un article de 60 millions de consommateurs.
Le problème, c'est qu'il arrive parfois que ces PFAS restent à l'issue du processus de fabrication, en attestent les nombreuses analyses réalisées par les associations de consommateurs. La dernière en date, faite par 60 millions de consommateurs pour son numéro de septembre-octobre 2025, révèle des traces de PFAS dans quatre poêles analysées sur six, y compris dans une poêle déclarée par la marque "sans PFAS".
Même si les poêles anti-adhésives respectent la réglementation en vigueur sur les seuils à respecter, il vaut donc mieux prendre quelques précautions lorsqu'on les utilise. Tout d'abord, il est essentiel de cesser de les utiliser lorsqu'elles présentent des rayures: des universitaires australiens ont montré qu'une éraflure libère 9.100 particules de plastique (donc des PFAS), susceptibles de migrer dans les aliments que l'on consomme après la cuisson.
"Quand je vais chez des amis et que je vois leurs vieilles poêles qui ont au moins 10 ans... Il faut faire attention, même si le danger pour la santé n'est pas prouvé, si la poêle est rayée, on risque d'ingérer des particules. La durée de vie d'une poêle en Teflon est de deux ou trois ans maximum," explique Cédric Auray, Category Manager chez EK France (Culinarion), contacté par RMC Conso.
L'inox pour un choix plus sain et durable
Ce qui n'en fait pas un choix durable, d'autant qu'"à la fabrication, on risque de déverser des polluants éternels dans l'environnement," insiste l'expert, dont le groupe se dirige vers une suppression des revêtements qui contiennent des PFAS.
"Il y a une vraie demande des consommateurs en ce sens. On a encore quelques références en PTFE, mais aujourd'hui 70 à 75% de nos ventes sont des poêles en inox."
Pour un choix plus durable et plus sain, c'est le matériau à privilégier. Non seulement les poêles en inox ne contiennent aucune substance indésirable, mais en plus elles sont souvent garanties à vie, car extrêmement solides.
"On peut gratter avec le vert de l'éponge sans qu'il n'y ait aucun transfert de métaux vers les aliments," précise Cédric Auray.
À ceux qui se plaindraient qu'elles accrochent, il répond que si le geste est certes un peu plus technique, il reste à la portée de tous.
"Il faut faire monter la poêle en température, puis faire le test de la goutte d'eau. Si elle glisse sur la poêle, c'est prêt."
La céramique, bon compromis?
Mais il existe un autre matériau à la mode, qui a la faveur de ceux qui trouvent l'inox trop délicat à manier: la céramique. Ce revêtement est composé essentiellement de silice, et est considéré comme sûr et sans PFAS, même si 60 millions de consommateurs estime qu'il y a trop d'opacité sur la composition exacte de ces poêles.
"Il vaut mieux faire attention aux poêles de fabrication chinoise et rechercher une fabrication française," recommande Cédric Auray à ce sujet.
Les poêles en céramique ont l'avantage d'être moins adhérentes que l'inox... Mais plus que le Téflon. Elles semblent être un bon compromis entre les deux, surtout pour la cuisson de mets qui ont tendance à accrocher, comme les œufs au plat ou les crêpes. Pour les plats qui nécessitent une réaction de Maillard (le brunissement d'un aliment sur la surface de cuisson) pour révéler toutes leurs saveurs, on gardera l'inox.
Les poêles en céramique auront malgré tout une durée de vie plus faible que celles en inox, parce que les rayures abîment leurs capacités anti-adhérentes et que la prudence s'impose tout de même quant aux potentielles migrations de particules vers les aliments.
En termes de prix, les poêles en Téflon sont les moins chères. Suivent celles en céramique puis celles en inox, mais il est quand même possible de trouver des tarifs très abordables dans ce dernier matériau.
Outre ces trois matériaux, vous trouverez peut-être également des poêles en fonte, en cuivre ou en acier: les premières ont l'inconvénient d'être lourdes et chères, les deuxièmes sont plutôt réservées aux grands chefs, et les troisièmes sont difficiles à entretenir, à cause de la rouille.
Conseils d'usage et d'entretien
Quel que soit votre choix, quelques précautions d'usage et d'entretien vous permettront de garder vos poêles plus longtemps:
- Les chocs thermiques entre une poêle brûlante et de l'eau froide ne sont pas recommandés: attendez quelques minutes avant de passer votre ustensile sous l'eau.
- Ne pas chauffer une poêle en Téflon à vide, et ne pas la surchauffer
- Ne pas utiliser d'ustensiles métalliques pour éviter les rayures
- Évitez de laver vos poêles au lave-vaisselle
- Choisissez une éponge compatible avec le revêtement de votre poêle (pas d'éponge abrasive sur les poêles en Téflon)
- Laissez reposer vos poêles toute une nuit avec de l'eau et du savon avant de les frotter
- Sur une poêle en inox, une coloration ou un brunissement n'est pas grave, ne jetez pas votre poêle pour cette raison.