Cancérigènes, néfaste pour l'environnement: pourquoi les Écologistes veulent interdire les PFAS?

Les PFAS, les pollutants éternels, et leurs risques pour la santé sont de retour à l'Assemblée nationale. Une proposition de loi des Écologistes, qui souhaitent les interdire, y est examinée ce jeudi 20 février.
Ces polluants éternels sont de partout, dans les vêtements, dans les cosmétiques, les rouges à lèvres, dans les ustensiles de cuisine, dans les poêles en téflon, mais aussi dans les emballages alimentaires. Ils sont également retrouvés sur les écrans de téléphone, sur les canapés et bien d'autres objets ou surfaces. Il existe environ 10.000 polluants éternels dans la famille des PFAS.
De multiples propriétés, mais des risques pour la santé
S'ils sont autant utilisés, c'est à cause de leurs précieuses propriétés pour l'industrie. Les PFAS sont antiadhésifs, imperméables, antitâches, capables de résister à la graisse, à l’eau et à des températures très élevées. C'est notamment pour cela qu’ils sont aussi très présents dans les équipements de pompiers.
Mais une dizaine d'entre eux présentent des risques pour la santé. Il y a deux ans, le Centre international de recherche sur le cancer a classé un de ces PFAS comme "cancérigène certain pour l’humain". Plusieurs études font état de liens avérés entre ces polluants et l’apparition du cancer du rein, l’augmentation du cholestérol, de l’hyperthyroïdie, un impact sur la fertilité, une puberté précoce, ou encore des malformations du fœtus.
Les PFAS ont une autre propriété: ils sont extrêmement mobiles, dans l’air et dans l’eau. Aux alentours des usines où sont fabriqués des objets avec des PFAS, ces derniers se retrouvent en grande quantité dans la nature, et ils y restent. Ces molécules sont fabriquées pour résister et ne se dégradent pas, d'où leur nom de polluants éternels. Présents en grande quantité dans l'eau et la terre, les PFAS sont ensuite absorbés par les légumes, les fruits et les animaux que la population mange et peuvent également se retrouver dans l'eau du robinet. Résultat, certaines molécules, les plus petites, s’infiltrent dans les organes.
Certains consommateurs n'hésitent donc pas à prendre du temps pour déchiffrer les étiquettes des produits.
"On ne peut pas faire la chasse à tout non plus, mais on évite les formules qui n'ont pas l'air propre. Dès qu'il y a des éthylènes, il faut regarder. Quand on achète des choses qui ne sont pas propres, on se pollue et on pollue l'environnement", explique Sophie, qui fuit certains composants.
Les Écologistes veulent donc les bannir de nos objets du quotidien, d'ici à l'année prochaine. "Il faut arrêter cette substance, interdire à la source, arrêter la contamination avant la décontamination", plaide Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, invitée du Face-à-face, ce jeudi, sur RMC et BFMTV. Cette dernière se félicite que son parti, "moqué" par rapport à ses engagements sur le sujet, ait "réussi à sensibiliser l'opinon publique.
Ce texte concerne les vêtements, les cosmétiques, mais aussi le fart, le revêtement sous les skis. Le gouvernement a fait savoir par la voix de la ministre Agnès Pannier-Runacher qu’il soutiendrait cette proposition de loi. Ce texte exclut en revanche l’interdiction des PFAS dans les ustensiles de cuisine, notamment pour les poêles antiadhésives. Le risque pour la santé n’est pas totalement établi et pour l’instant, aucun de nos pays voisins ne l’a interdit pour cet usage.
Plusieurs actions en justice
L’Union européenne a commencé à prendre les devants. Depuis 2020, le PFAS le plus toxique est interdit en Europe. L’an dernier, la commission européenne a acté la restriction de l’usage de certains polluants éternels dans la fabrication de certains textiles, les contenants alimentaires comme les boites à pizza, des cosmétiques ou encore les mousses anti-incendie.
Certains industriels avaient tendance à remplacer les PFAS les plus toxiques par d’autres PFAS tout aussi nocifs, mais pas encore interdits. Des entreprises, comme L’Oréal, commencent à évacuer les polluants éternels de la fabrication de leurs produits. Certaines marques ont déjà modifié la composition de leurs produits.
"L'industrie en a mis partout alors qu'on peut faire sans", se désole Marine Tondelier.
"Un PFAS c'est une molécule comme une autre qui est imperméable et résistante, et il y a beaucoup d'autres composés chimiques synthétiques qui existent à l'heure d'aujourd'hui et qui ont aussi ces propriétés. Dans les cosmétiques, les meilleures alternatives, c'est les huiles végétales, le beurre de karité", détaille Zoé Kerlo, toxicologue pour Yuka, une application qui évalue les produits à partir de leurs ingrédients. Mais la toxicologue prévient, les alternatives sont plus coûteuses.
Des actions en justice sont en cours et se multiplient contre les PFAS. Il y a notamment des actions menées par des collectifs de victimes présumées. Par exemple, les riverains d’une usine de fabrication PFAS, la plateforme Arkema dans le Rhône, lieu hautement contaminé.
Une action collective vient aussi d’être lancée contre X au nom du préjudice d’anxiété. Elle vise à rassembler des catégories de victimes dans toute la France, des riverains de zones polluées, des personnes tombées malades mais aussi des consommateurs qui auraient utilisé depuis des années des produits contenant des polluants éternels.