RMC Conso
Conso

Habitat: 400 clients lésés envisagent une procédure contre le patron de l'enseigne

Photo d'une devanture de l'enseigne Habitat,  le 2 juillet 2013 à Paris.

Photo d'une devanture de l'enseigne Habitat, le 2 juillet 2013 à Paris. - Kenzo TRIBOUILLARD © 2019 AFP

Un collectif de clients d'Habitat qui n'ont jamais reçu leurs commandes a été créé sur Facebook. Pour le moment, environ 400 personnes prévoient d'engager la responsabilité civile du propriétaire de l'entreprise.

"Ils ont joué à la politique de l’autruche jusqu’au bout." Anne Muller et Martine Chevalier font partie des centaines, voire milliers, de clients de l’enseigne Habitat qui n’ont jamais reçu leur commande. Mais les deux femmes ne comptent pas en rester là et ont co-crée un groupe Facebook baptisé "Collectif de clients lésés par Habitat en liquidation judiciaire". 

"On l’a lancé il y a à peine trois semaines et on compte déjà plus de 400 plaignants", affirme Anne Muller. 

Elles espèrent centraliser suffisamment de plaignants pour lancer une procédure collective afin d’engager la responsabilité civile personnelle de Thierry Le Guénic, propriétaire de l’enseigne depuis 2020. Pour rappel, l'entreprise a été placée en redressement judiciaire le 6 décembre dernier par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis), avant d'être complétement liquidée dès le 28 décembre.

Des clients qui ont perdu jusqu’à 7.000 euros

"Le 26 octobre dernier, j’ai commandé un buffet qui m’a coûté plus de 1.000 euros et qui n’a jamais été livré", raconte Anne Muller, qui était cliente régulière de l’enseigne. Elle a eu affaire à plusieurs retards de livraison en 2021 et 2022, sans jamais être "affolée", car elle avait "l’habitude". Martine Chevalier a quant à elle perdu un peu plus de 1.300 euros.

"Nous ne sommes pas forcément les plus lésées, car on a des plaignants qui ont perdu jusqu’à 7.000 euros", expliquent les co-fondatrices, contactées par RMC Conso.

"La moyenne des commandes engagées est d’environ 2.000 à 2.500 euros", explique Martine Chevalier. Des sommes conséquentes pour lesquelles les clients ont parfois mis de côté durant plusieurs mois.

En tout, près de 9 millions d’euros de commandes ont été payés sans être livrés, selon les administrateurs judiciaires. Le problème étant que, dans les procédures de liquidation, les clients sont systématiquement les derniers à être remboursés. En effet, les salariés, l’URSSAF, les impôts et les fournisseurs passent en premier. Dans les faits, les clients d’Habitat n’ont quasiment aucune chance d’être remboursés, si ce n’est en engageant une procédure au pénal contre l’enseigne.

"Habitat a continué à prendre des commandes"

"L’enseigne a pris les commandes jusqu’au 28 décembre alors même qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas les honorer", reproche Martine Chevalier. Encore pire, les clients soupçonnent Habitat d’avoir "accepté de nouveaux achats sans passer commande auprès des fournisseurs", confie Anne Muller. 

"Notre objectif, c’est d’avoir accès aux comptes du groupe pour vérifier s’il y a eu une faute. Si c’est le cas, on espère mettre en cause la responsabilité civile personnelle de l’ancien patron Thierry Le Guénic pour régler les passifs", détaille Anne Muller.

"Nous estimons que Thierry Le Guénic n’a pas pris toutes les décisions qu’il aurait dû prendre", ajoute Martine Chevalier. Les deux initiatrices du groupe expliquent également que le chef d'entreprise aurait pu demander un mandat ad hoc pour étaler les dettes ou un redressement judiciaire plus tôt.

"L’union fait la force"

Bien décidées à obtenir justice, les deux femmes invitent tous les clients qui n’ont jamais reçu leur commande à les rejoindre. 

"L’union fait la force, donc on veut le plus de personnes possible. C’est aussi un moyen de diviser les frais d’avocat, qu’on espère limiter à 40 ou 50 euros par personne pour lancer une procédure pénale", avance Anne Muller.

Le collectif prévoit par ailleurs d’écrire au tribunal de commerce de Bobigny dans les prochains jours. "On va demander une enquête", prévient Martine Chevalier. "Il faut que le juge et les mandataires comprennent qu’on existe", ajoute-t-elle.

Tous les clients lésés ont jusqu’au 17 février pour se déclarer créancier après du tribunal. Ils doivent également envoyer les photocopies du bon de commande et du relevé bancaire prouvant l’achat.

Sabrine Mimouni