Faites-vous partie des personnes considérées comme "modestes" ou "pauvres" en Europe?

Des produits alimentaires et des achats sont placés sur le tapis roulant à la caisse du supermarché de Septemes-les-Vallons, près de Marseille, en novembre 2022. - Christophe SIMON / AFP
Saviez-vous que la Tchéquie, ou République tchèque, est le pays de l'Union européenne avec le moins de pauvres? Cela peut paraître surprenant mais de fait, d'après une étude parue le 24 septembre, seuls 8,6% des habitants de ce pays se situent en-dessous du seuil de pauvreté. En France, c'est le cas de 14,3% de la population et même plus de 17% en Allemagne, pays pourtant le plus riche de l'UE.
Comment l'expliquer? Pour comprendre, il faut avoir en tête ce qui est pris en compte pour déterminer à partir de quand une personne est considérée comme pauvre. Cette étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), s'appuyant sur des données issues d'une enquête de 2022 dans toute l'UE, prend d'abord en compte le revenu disponible médian de chaque pays.
Un revenu médian de 1.900 euros
Pour rappel, le revenu disponible est celui qui prend en compte le revenu initial (salaire), augmenté des prestations sociales reçues et diminué des impôts versés. Le revenu médian correspond au niveau en-dessous duquel se situe la moitié des revenus, et au-dessus duquel se situe l'autre moitié.
Ce revenu médian varie donc fortement d'un pays à l'autre. Il atteint 2.500 euros au Luxembourg, près de 1.900 euros net en France, Et à peine 900 euros en Bulgarie ou Roumanie.
À partir de ce revenu médian, il est possible de déterminer qui sont les personnes pauvres. Ce sont celles qui disposent de moins de 60% de ce revenu médian. Pour être plus précise, l'étude a également défini les personnes "modestes" comme celles dont le niveau de vie est compris entre 60 et 75% du revenu médian.
Ces seuils définissant une personne pauvre et une modeste fluctuent donc d'un pays à l'autre. En France, une personne est considérée comme pauvre si son revenu disponible mensuel est inférieur à 1.140 euros (60% de 1.900). Et elle sera considérée comme modeste si ce revenu est compris entre 1.140 et 1.420 euros.
26,8% de Français pauvres ou modestes
L'étude, qui a interrogé 31.000 Français, a permis de déterminer que 14,3% de la population française est "pauvre", et 12,6% est "modeste". La proportion totale de personnes pauvres et modestes est donc de 26,8%.
À l'échelle de toute l'Europe, ces chiffres sont respectivement de 16,9% (pauvres), 11,7% (modestes) et 28,7% (total). La France compte donc moins de pauvres, mais davantage de modestes que la moyenne.
Mais ces moyennes européennes cachent d'importantes disparités entre les différents pays. Et quelques surprises, comme le cas de la Tchéquie donc. Malgré un salaire médian relativement faible (1.350 euros) et de facto un seuil de pauvreté qui l'est aussi (810 euros), seuls 8,6% des habitants se situent en-dessous. Ce qui traduit une meilleure répartition des revenus dans ce pays d'Europe centrale.
En revanche, dans un pays comme l'Espagne où le salaire médian est dans la moyenne européenne (1.500 euros), la part d'individus se trouvant sous le seuil de pauvreté dépasse 20%. S'y ajoutent également près de 10% de personnes modestes.
Des caractéristiques sociales déterminent la pauvreté
Qui sont les personnes concernées par ces situations de précarité? L'étude constate qu'à l'échelle européenne, "certaines caractéristiques sociales ou démographiques sont très liées au risque d’être pauvre ou modeste".
On constate d'abord des disparités selon la composition du ménage. La part d’individus d’âge actif (25-64 ans) se situant sous le seuil de pauvreté est plus importante parmi les familles monoparentales (31 %) et les familles nombreuses (26 %) que chez les couples avec ou sans enfant (12 % et 10 % respectivement).
Le statut de l'activité est également déterminant. À l'échelle européenne, 47% des chômeurs et 35% des inactifs sont pauvres.
L'étude a enfin déterminé quel est le "profil type" du pauvre ou du modeste. Il est intéressant de voir qu'en France, le profil pauvre correspond généralement à un étudiant ou une famille monoparentale/nombreuse. Tandis que le modeste est plutôt un senior.