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Les machines à jus d'orange sont-elles des nids à microbes et à pesticides?

Machine à jus Sempa dans un magasin Intermarché en Charente.

Machine à jus Sempa dans un magasin Intermarché en Charente. - Sempa

Les machines à jus d’orange installées en magasin rencontrent un franc succès. Mais leur utilisation est-elle vraiment sans risque pour les consommateurs? RMC Conso fait le point.

Un concept populaire. Les machines à jus d’orange frais installées dans les grandes, moyennes, mais aussi les petites surfaces, sont de plus en plus sollicitées par les consommateurs. De nombreux magasins proposent ce service qui permet aux clients d’obtenir un jus frais pressé devant leurs yeux en à peine quelques minutes. Selon les estimations du panéliste Nielsen, près de 12% des ménages ont déjà acheté ce type de jus et près d’un point de vente sur deux est équipé d’une machine. 

Mais la propreté de ces installations peut être remise en question puisque les consommateurs n’ont aucune idée de la régularité de leur entretien. Alors, la consommation de jus en libre-service vendu dans les supermarchés est-elle sûre? RMC Conso a fait le point en interrogeant deux fournisseurs de machines et une nutritionniste. 

Des traces de bactéries retrouvées en 2011 

Une étude menée en 2011 par des chercheurs de l’université de Valencia s’est intéressée à près de 190 jus pressés vendus dans des bars. Les conclusions de l’étude publiées dans la revue Science Direct ont montré que 43% d’entre eux présentaient des bactéries, dont certaines sont pathogènes pour l’homme, comme la salmonelle ou le staphylocoque doré.

Les chercheurs précisent que les contaminations ont lieu lors de la manipulation des oranges par les serveurs, mais aussi à cause du fait que les jus, une fois pressés, ne sont pas systématiquement réfrigérés. Ils estiment également que la contamination est amplifiée lorsque les jus sont préparés à l’avance et stockés dans des carafes métalliques. Le mauvais nettoyage des machines est également pointé du doigt. 

Mais les résultats de cette enquête datent d'il y a près de 13 ans. Aucune étude plus récente n’a été menée depuis. S’ajoute à cela le fait que les jus frais vendus en supermarché ne sont pas stockés, car directement versés dans des bouteilles dédiées. Les machines à presser dont sont équipées les magasins et certains bars, ont elles aussi évoluées.

Des machines pensées pour être faciles à nettoyer

Les consommateurs les plus méfiants peuvent s'interroger concernant l'entretien et la propreté de ces machines. Sont-elles nettoyées régulièrement? Toutes les pièces sont-elles accessibles? Autant de questions qui peuvent dissuader plus d'un client. RMC Conso a interrogé Sempa et Biogalta, 2 fournisseurs de presse-agrumes implantés dans les grandes et moyennes surfaces françaises qui nous ont soutenu que leurs machines sont conçues pour être faciles à nettoyer.

Stéphanie Vangvirachith Kenmenoff, responsable marketing chez Sempa, explique que les presses-agrumes de sa marque sont dotés d'un "système de croix qui permet de démonter et de remonter facilement les presses et les rotors", qui coupent et pressent le fruit.

"Il suffit de dévisser la croix pour avoir accès à toutes les pièces qui passent d'ailleurs au lave-vaisselle. Puis, sur le fond de la machine, on a aussi une double façade qui permet de séparer le moteur de la zone de presse, pour éviter tout contact entre la peau et le jus", détaille-t-elle.

Ce fournisseur, qui dispose de près de "30.000 clients", dont des grandes et moyennes surfaces nationales, mais aussi des boulangeries et des hôtels, recommande à ses clients de nettoyer quotidiennement leurs machines. Même son de cloche du côté des machines à jus de Biogalta qu'il est possible de démonter "à l'aide d'une seule vis", nous explique Jérôme Maubourguet, co-fondateur et président.

"On estime que plus le système de montage et de démontage est simple et rapide, et plus la machine sera régulièrement nettoyée par les équipes", avance-t-il.

Mais même si les fournisseurs proposent des machines faciles et pratiques à nettoyer, rien ne permet de prouver que les grandes surfaces suivent leurs recommandations. RMC Conso a sollicité Franprix, une des premières surfaces à s’être équipée en presseur de jus frais, concernant la régularité de nettoyage des machines, mais nous n’avons pas obtenu de retour. 

"Je ne vois pas de contre-indication sanitaire"

La nutritionniste Vanessa Bedjaï-Haddad estime que ce concept est plutôt positif puisqu'il "se rapproche des jus faits maison, qu’on pourrait faire soi-même chez soi". En termes d’hygiène, la spécialiste de l'alimentation se veut plutôt rassurante puisqu’elle est convaincue que les grandes surfaces "ont tout intérêt à suivre les règles d’entretien”.

"Je ne vois aucune contre-indication sanitaire concernant ce service puisque ce sont des machines réglementées. Selon moi, la principale question à se poser concerne plutôt le contact entre la peau des oranges et le jus pressé", avance-t-elle. 

Les fournisseurs interrogés soutiennent qu’il n’ y a aucun contact entre la peau des oranges et le jus obtenu. Mais la spécialiste invite toutefois les consommateurs à faire preuve de "bon sens". "Si on se retrouve devant une machine pleine de pulpe qui n’a pas l’air nettoyée, on s’abstient", insiste-t-elle.

"Il faut aussi garder en tête que les fruits ne sont pas des produits à risque en termes de contamination, on n’est pas sur du lait ou un produit d’origine animale”, rassure-t-elle.

En ce qui concerne le risque d’exposition aux pesticides, il est le même que lorsqu’on achète des oranges pas bio. C’est pour cette raison que Vanessa Bedjaï-Haddad conseille aux consommateurs de se tourner vers des machines à jus qui pressent des oranges françaises issues de l'agriculture biologique.

Sabrine Mimouni