Café, cacao, jus d'orange: la hausse des prix va-t-elle changer votre petit-déjeuner?

Café, poudre chocolatée et jus d’orange sont trois produits essentiels du petit-déjeuner familial. Or, il y a quelques jours, le courtier Etoro, cité par BFM Bourse, annonçait un "index petit-déjeuner" en hausse de 55% sur un an, faisant craindre aux consommateurs une forte augmentation des prix en rayons.
Les conditions climatiques en cause
Plus précisément, ce sont les cours des grains de café Robusta, des fèves de cacao et des oranges qui explosent. Le cacao a même augmenté de 270% au cours de l’année, avant de connaître une baisse drastique début mai.
En cause, les conditions climatiques dans les principaux pays producteurs de ces trois matières premières. Des pluies abondantes en Afrique de l’Ouest ont atteint la production de cacao, la sécheresse a plombé la récolte de café au Vietnam, les ouragans de Floride ont fortement impacté la culture d’oranges, tout comme des maladies et parasites.
Résultat, la production de ces denrées a baissé, donc l’offre a diminué, ce qui a entraîné une hausse des prix, encore amplifiée par la spéculation sur les marchés.
En rayons, des hausses mais probablement limitées
Cela ne signifie toutefois pas que les prix en rayons seront touchés de la même manière. Déjà, parce qu’il s’écoule un délai de plusieurs mois entre hausse des cours et hausse des prix pour les consommateurs.
Ensuite, parce que les matières premières ne forment pas l’intégralité du produit fini, et que les industriels peuvent faire des économies sur d’autres aspects (emballage, remplacement de certains ingrédients par d’autres moins qualitatifs, etc).
Les fabricants de café, de chocolat et de jus d’orange pourront donc amortir en partie la hausse des prix. Mais même atténuées, il reste probable que des augmentations soient visibles en rayons.
Des habitudes ancrées
Cela ne veut pas pour autant dire que les comportements des consommateurs vont changer. Le café n’est pas vraiment un produit substituable, et les Français en raffolent. C’est la boisson chaude la plus consommée dans l’hexagone, 8 Français sur 10 en boivent. D’ailleurs, la hausse des prix du café a été amorcée dès 2022 et pourtant, la demande est toujours plus forte.
Dans le monde, la période 2023/2024 devrait représenter un record avec 169,5 millions de sacs de 60kg consommés, selon le département de l’agriculture des États-Unis. Il y a donc peu de risques que notre consommation baisse, à moins qu’on ne passe à la chicorée…
La chicorée à la mode?
Cette plante cultivée dans le Nord et qui offre une boisson au goût un peu caramélisé, proche du café et sans caféine, connaît un retour en grâce depuis quelques années. Le leader du secteur Leroux, interrogé par France 2, dit avoir observé une hausse de ses ventes de 20% sur deux ans.
La tendance reste toutefois encore limitée: selon Nestlé, cité par Le Figaro, Ricoré, qui fournirait 8 tasses de chicorée bues sur 10, ne couvre que 4% du marché du café vendu en grande surface.
Ce n’est en tout cas pas la chicorée qui remplacera le bol de lait chocolaté prisé des enfants. Même si la hausse des cours du cacao impacte déjà les prix (selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, les boissons cacaotées ont augmenté de 23,3% entre janvier 2022 et mi-février 2024), la consommation, elle, pourrait poursuivre son rythme soutenu.
Le chocolat, peu substituable
À Pâques, les chocolats avaient beau avoir augmenté de 6,5% en moyenne selon une étude du panéliste Nielsen IQ, les ventes sont restées stables et ont même un peu progressé, de 0,3%.
La poudre chocolatée, qui représente 13% du marché du chocolat, est, comme le café, peu substituable. Il y a donc fort à parier que les Français continueront d’en acheter dans les mois à venir.
Les consommateurs pourraient éventuellement se tourner vers des marques bon marché, à l’instar des marques de distributeurs ou de celles vendues dans les enseignes à bas prix. Moins chères d’environ 25% que leurs concurrentes, les marques de distributeur constituent aujourd’hui environ 34% des achats des Français.
Baisse de consommation de jus
Le jus d’orange, en revanche, pourrait voir sa consommation baisser. C’est en fait déjà le cas des jus de fruits en général depuis une dizaine d’années, selon le syndicat interprofessionnel Unijus.
Ils pâtissent d’une image négative véhiculée par les professionnels de santé qui les accusent d’être trop sucrés. Désormais rangé dans la catégorie des "aliments plaisir", c’est par ailleurs un produit dont on peut plus facilement se passer.
Une trop forte hausse des prix pourrait donc encourager les consommateurs à s’en détourner. C’est en tout cas ce qui se passe aux États-Unis, où la demande est en berne, selon Alexandre Baradez, chroniqueur pour Capital, cité par le magazine.