Canicule: les machines à glaces en plein boom, indispensable de l'été ou gadget inutile?

De la glace vanille (photo d'illustration). - DS STORIES / PEXELS
Alors que la canicule atteint son pic, les produits liés à la chaleur explosent en rayons: ventilateurs, climatiseurs, bières, et bien sûr glaces. Selon le cabinet Circana, par rapport à la même période en 2024, les ventes de glaces en supermarché ont augmenté de 56%.
En parallèle, un appareil de petit électroménager également fortement lié à la saisonnalité voit la demande bondir: les sorbetières, ou machines à glaces. Selon les données communiquées à RMC Conso par Cdiscount, les ventes de ce type de machines ont augmenté de 221% en mai 2025 par rapport à mai 2024.
"En un mois (mai 25), Cdiscount a vendu plus de machines à glaces/slushi qu'entre mai et juillet 2024... Une autre preuve du phénomène," nous précise un porte-parole.
Marché porté par l'innovation
Des chiffres confirmés par les analyses du marché à l'échelle mondiale. "La taille du marché des machines à crème glacée à la maison était évaluée à 600 millions de dollars en 2024 et devrait se développer à un taux de croissance annuel cumulé de 8,5% de 2026 à 2033, atteignant 1,2 milliard de dollars d'ici 2033," affirme le site Verified Market Reports.
Comment expliquer la tendance? Les températures du mois de juin ont évidemment un impact: "il faut avoir en tête que traditionnellement, les machines à glace sont des achats saisonniers, aussi tirés vers le haut par la météo, particulièrement propice ce printemps/été," décrypte le porte-parole de Cdiscount.
Deux autres facteurs permettent de comprendre le soudain engouement pour cet appareil, qui existe depuis de nombreuses années mais qui était jusqu'à récemment perçu comme plutôt ringard.
Le premier, ce sont les innovations des marques. Design travaillé, machines moins encombrantes et surtout options développées pour coller au mieux aux tendances de consommation: dorénavant, les sorbetières ne font plus que des glaces ou des sorbets mais aussi des milkshakes, des frappés, des granités ou des glaces à l'italienne. Le champion en la matière est la marque SharkNinja.
"Le top 3 des produits vendus en mai sont tous de cette marque," confirme Cdiscount.
"Plus qu'observer la tendance, on a créé la tendance, se targue le directeur marketing de la marque Emmanuel Benoît. C'était quelque chose qui vivotait depuis des années sans innovations. Il y a trois ans, on a créé Creami, qui a décollé en 2023 et qui continue de croître aujourd'hui."
La particularité de cette machine, que nous avons testée, outre les multiples options disponibles et son design léché, est la rapidité d'exécution: une fois la préparation prête, le processus de fabrication de la glace ne prend que deux minutes. Et le résultat est bluffant. Il faut dire que l'appareil a un coût non négligeable: environ 250 euros pour la Creami Deluxe.
La glace faite maison coûte toutefois deux fois moins cher que la glace industrielle, selon nos calculs. Il faudra tout de même une grosse centaine d'utilisations pour rentabiliser la machine.
Des appareils pour tous les budgets
Les plus petits budgets se tourneront donc vers un modèle plus simple, à partir de 30 euros. Mais attention, tous ne se valent pas: pour choisir, il peut être utile de consulter les comparatifs disponibles en ligne, comme celui réalisé par l'UFC Que Choisir, qui est indépendant. La principale différence entre les appareils sera sur le résultat en termes de texture.
L'association souligne, chez certaines marques, des résultats trop liquides ou au contraire trop durs. Certains modèles autour de 50 euros s'en sortent malgré tout très bien.
Ceux qui souhaitent un résultat plus professionnel ou bien qui veulent pouvoir répondre immédiatement à une envie soudaine de glace se tourneront vers une turbine à glace, capable de produire le froid au contraire des simples sorbetières. Mais pour ces appareils, il faut plutôt compter entre 300 et 600 euros. Et mieux vaut avoir de la place, car elles sont assez encombrantes.
La Creami Deluxe est entre les deux: plus rapide qu'une sorbetière classique, elle ne produit toutefois pas de froid. Il faut donc au préalable mettre la préparation au congélateur, et attendre une bonne douzaine d'heures pour pouvoir la mettre en machine puis la consommer. Ce qui demande un peu d'anticipation. Avec ses presque sept kilos, elle recquiert d'avoir un emplacement dédié dans la cuisine, la déplacer à chaque fois en rendant l'utilisation trop laborieuse.
Pour créer la texture particulière de glace, la sorbetière agit comme un mixeur amélioré, avec "un jeu de lames d'une forme particulière qui permet de passer sur le bloc glacé de manière fine pour créer une petite neige, et un moteur qui fait descendre les lames progressivement pour scalper le bloc petit à petit et avoir une texture crémeuse," détaille Emmanuel Benoît.
Résultat, une glace qui, de l'avis unanime de la rédaction, est meilleure qu'une préparation industrielle et se rapproche plus des glaces qu'on achète chez un artisan glacier. Face à ce constat, et dans un univers des réseaux sociaux où les vidéos de dégustations alimentaires cartonnent, de nombreux influenceurs se sont mis à déballer face caméra leur sorbetière et à en filmer l'utilisation.
Boom grâce aux réseaux sociaux
C'est là l'autre explication de ce boom soudain: les réseaux sociaux ont largement contribué à porter les sorbetières au rang de nouvelle star de l'électroménager.
"Au-delà des températures qui ont clairement influencé l’acte d’achat, il y a aussi une tendance que nous avons repérée sur les réseaux sociaux et notamment sur TikTok," acquiesce le porte-parole de Cdiscount.
"La tendance nous a totalement dépassés," reconnaît le directeur marketing de SharkNinja.
"Ce sont des internautes qui se sont appropriés notre produit, le succès est vraiment lié aux utilisateurs, une vraie communauté de fans née à la base via le airfryer."
L'engouement pour la sorbetière peut effectivement être rapprochée de celui pour la fameuse "friteuse sans huile", appareil de petit électroménager qui a connu la plus forte croissance l'année dernière.
C'est aussi la preuve que l'attrait pour le fait maison, qu'on pensait propre à la période Covid, se poursuit en 2025. Face aux reproches faits à l'industrie agroalimentaire concernant la présence d'additifs et l'excès de sucre dans la composition des aliments transformés, ou encore les stratégies marketing pour gonfler artificiellement les prix, de plus en plus de consommateurs souhaitent contrôler ce qu'ils mettent dans leur assiette.