"Une punition sociale très violente": les coupures d'électricité pour impayés vont-elles être interdites?

À l’occasion de la 3e journée de lutte contre la précarité énergétique ce jeudi, une proposition de loi transpartisane doit être déposée par une vingtaine de députés (Renaissance, Modem, PS, Liot) pour mettre fin aux coupures d'électricité en cas d'impayés.
Ces coupures d'électricité pour impayés, 157.000 foyers en ont subi l'année dernière. C’est presque 100.000 de moins qu'en 2021. Un chiffre en baisse, mais pas encore assez, selon Maïder Olivier, en charge du plaidoyer sur les questions de précarité énergétique à la Fondation Abbé Pierre.
“Être privé d’énergie, c’est la forme la plus grave de précarité énergétique. C’est vraiment une punition sociale très violente pour les personnes. Ça n’a vraiment plus lieu d’être. Les personnes qui sont en impayés d’énergie, elles ne le font pas par choix. Ce sont des personnes qui sont en difficulté face à l’ensemble des dépenses et qui sont obligées de faire un arbitrage face à la hausse des coûts”, indique-t-elle.
L'exemple de l'eau
Mais attention, si ça baisse, ce n'est pas parce qu'il y a moins d'impayés. L'explication vient d'EDF. Le fournisseur s'était engagé à ne plus couper le courant en cas de défaut de paiement non régularisé.
À la place, la puissance électrique que le foyer peut consommer est systématiquement réduite en attendant une régularisation. Une initiative isolée puisque les autres fournisseurs comme Total ou Engie, eux, peuvent couper l'électricité après une période minimale de 60 jours pour les foyers les plus précaires.
Une punition sociale dangereuse pour la santé, disent les associations. Elles poussent donc pour faire, avec l'électricité, ce qu'on a fait avec l'eau il y a quelques années. C’est-à-dire instaurer une loi pour interdire les coupures d'électricité et mettre en place une sorte de service minimum de l'électricité.
“L’accès à l’énergie, c’est un droit fondamental qu’on a gagné avec l’eau par exemple, puisque les coupures d’eau sont interdites. Nous pensons qu’il faut absolument assurer ce droit dans la loi pour l’ensemble des Françaises et des Français”, ajoute Maïder Olivier.