Pourquoi la consommation d'œufs des Français est-elle en hausse?

224 œufs par an et par habitant. Les Français n'ont jamais consommé autant d'œufs qu'en 2023, selon l’interprofession de l’œuf CNPO. "C'est 24 œufs par personne de plus qu'en 2013", relève Alice Richard, directrice de l'organisation aux Échos. La France est même devenue le premier pays producteur de l'Union européenne, avec 15 milliards d'œufs produits l'année dernière.
Une protéine animale abordable
Aucun doute. Les Français explosent leur consommation d'œufs en raison de l'inflation. Pour cause, le prix des viandes et des volailles a flambé de près de 30% en 2023, selon une étude du panéliste Nielsen. Les consommateurs se rabattent par conséquent sur les œufs pour avoir leurs sources de protéines.
"L’œuf reste à peu près deux fois moins cher que le poulet entier, trois fois moins cher que le porc et plus de quatre fois moins cher que la viande hachée, par exemple", détaille la chambre d'agriculture de Bretagne.
En effet, les œufs restent la protéine animale la moins chère, malgré une hausse des prix estimée entre 25 à 28% en 2023. Leur coût est toutefois en train de baisser, puisque des réductions de 0.3% pour l'ensemble des œufs et de 1.5% pour les œufs de plein air ont été enregistrées sur les derniers mois.
"Une nouvelle réduction des prix devrait arriver vite, car le coût de l'alimentation animale recule depuis juin 2023", explique aux Échos Yves-Marie Beaudet, éleveur dans les Côtes-d'Armor et président du CNPO.
Pour rappel, la loi Egalim oblige les éleveurs à ajuster leurs tarifs en fonction des coûts de production.
L'autosuffisance française menacée
Dans le détail, ce sont les œufs de poules élevées au sol et en plein air qui ont le plus de succès auprès des consommateurs. Ils représentent à eux seuls 78.6% des ventes en 2023, contre 74.3% en 2022. Près de 73% des poules évoluent en dehors des cages en 2024, contre 36.7% en 2017.
Mais cette consommation en large hausse inquiète les producteurs qui peinent à répondre à la demande croissante. En effet, la grippe aviaire a décimé plusieurs élevages courant 2023. Environ 10.3 millions de poules pondeuses étaient en cage en janvier dernier, contre plus de 15 millions un an plus tôt. Les producteurs craignent particulièrement l'augmentation des importations en provenance d'Ukraine.
Cette crainte a poussé le CNPO a lancé un grand plan à l'horizon 2030. Ce dernier prévoit notamment la construction de 300 nouveaux poulaillers qui permettront d'assurer l'autosuffisance du pays. Ce projet nécessite un investissement de 300 millions d'euros.