Projet de taxe sur les cigarettes électroniques: quel impact financier pour les vapoteurs?

Un jeune couple fume sa cigarette électronique le 13 septembre 2019. - SERGEI SUPINSKY / AFP
Entre 150 et 200 millions d’euros. C’est la somme que le gouvernement Barnier espère engranger en mettant en place une nouvelle taxation sur les cigarettes électroniques. "Dix-neuf pays européens ont déjà fiscalisé ce produit pour des montants allant de 10 centimes par millilitre en Tchéquie à 1,04 euro par millilitre pour certains liquides en Suisse", a déclaré le député Charles de Courson, député Les Centristes - Le Nouveau Centre, à l’origine de la proposition d’amendement au projet de budget 2025.
Ce dernier espère mettre fin à "l’exception française", dans un contexte où le gouvernement est en quête d’économies pour redresser les finances publiques et ramener le déficit à 5% du PIB en 2025. Si cette proposition est adoptée, les fumeurs de cigarettes électroniques pourraient voir le prix du e-liquide de leur appareil augmenter dès le début de l’année 2025.
Un budget qui passerait de 90 à 180 euros
Une taxation de 15 centimes par millilitre pourrait être appliquée, comme le prévoit l’amendement. Un flacon de 10 ml de e-liquide nicotiné ou non nicotiné coûterait ainsi environ 1,5 euro plus cher.
"Cet amendement, s’il est adopté, risque de compromettre les efforts de réduction du tabagisme en France, en particulier pour les fumeurs aux revenus modestes", déplore auprès de RMC Conso l’association de vapoteurs La Vape du Cœur.
En effet, le budget annuel des consommateurs dédié au liquide de vapotage pourrait passer de 90 à 180 euros, sur la base de cinq à dix flacons par mois. Une hausse qui pourrait décourager les fumeurs les plus modestes. "Taxer ces produits reviendrait à accroître les obstacles financiers pour ceux qui souhaitent quitter le tabagisme, notamment les personnes aux revenus modestes qui, selon les statistiques, fument davantage que la moyenne", ajoute l’association.
Préserver l’accès aux alternatives
La Vape du Cœur craint également une compromission des "progrès réalisés dans la lutte contre le tabagisme". Pour rappel, le tabac reste toujours la première cause de mortalité évitable en France, avec 75.000 décès par an.
"Le vapotage, en tant qu’outil de réduction des risques, devrait être encouragé, et non pénalisé par des mesures fiscales qui le rendent moins accessible", affirme l’association.
De son côté, la Filière française de la vape dénonce une taxation sur "l’outil d’aide le plus efficace et donc le plus populaire chez les fumeurs pour arrêter". Cet avis est partagé par une partie des tabacologues, comme Marion Adler, médecin à l’Hôpital Antoine Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), invitée au micro de France Inter, le 22 octobre dernier. "Taxer ce qui aide les fumeurs à sortir du tabagisme va les faire revenir vers le tabagisme", a-t-elle prévenu.