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Pourquoi les prix des billets d'avion augmentent d'environ 5 euros dès le 1er mars

L'intérieur d'un avion. (Illustration)

L'intérieur d'un avion. (Illustration) - Pixabay

Le budget 2025 comporte une hausse d'une taxe de solidarité sur les billets d'avion. Pour les vols intra-européens en classe économique, elle passe de 2,63 à 7,4 euros. Une hausse d'environ 5 euros donc, mais toutes les compagnies ne vont pas forcément la répercuter de la même façon.

Décoller depuis la France coûtera bientôt plus cher. Le budget 2025 adopté par 49.3 comporte une mesure qui devrait mécaniquement augmenter le prix des billets d'avion au départ de l'hexagone (et de l'outre-mer) à partir du 1er mars. Le barème de la taxe dite "de solidarité" sur les billets d'avion (TSBA) a été revu à la hausse.

De quoi s'agit-il? Aussi appelée "taxe Chirac", du nom du président qui l'a créée en 2006, son but initial était de financer l'aide au développement de pays défavorisés. L'objectif était d'ailleurs qu'elle se généralise dans d'autres pays, mais aujourd'hui seule une petite dizaine l'applique.

Une hausse de 4,77 euros

Et en France, cet impôt est majoré depuis 2020 d'une éco-contribution. Une évolution qui avait fait passer son montant de 1,13 à 2,63 euros par vol intra-européen en classe économique. Avec le budget 2025, cette taxe passera à 7,40 euros pour un même vol, soit une hausse de 4,77 euros. Une augmentation notable, même si elle est inférieure au projet initial du gouvernement qui avait annoncé une TSBA à 9,50 euros.

Pour les vols en dehors de l'Europe, cette taxe était de 7,51 euros en classe économique. Elle passe à 15 euros pour une destination intermédiaire et même à 40 euros pour un long courrier.

Comment ces hausses de taxes vont-elles se matérialiser pour les consommateurs? Toutes les compagnies vont-elles les répercuter directement sur les prix de leurs billets? Ou alors certaines pourraient rogner sur leurs marges afin d'éviter un surcoût trop important pour les passagers? Pour Bertrand Vilmer, expert aéronautique auprès de la cour de cassation, il faut globalement s'attendre à des hausses de prix.

"Mécaniquement, les tarifs de ces vols vont augmenter. Mais tout dépend de la politique des compagnies. Celles qui font beaucoup de marge, avec les reins solides, pourraient se permettre d'amortir cette hausse. En revanche, les low cost qui dégagent beaucoup moins de bénéfices vont sûrement répercuter entièrement cette hausse", explique-t-il à RMC Conso.

La fin des billets à moins de 20 euros?

Ainsi, trouver des vols à moins de 20 euros comme cela est encore possible avec des compagnies comme Wizz Air ou parfois Ryanair devrait être de plus en plus compliqué. Cette dernière proposait même encore il y a trois ans encore certains billets à 9,99 euros (sans bagage). Son patron avait finalement annoncé la fin de tels tarifs, en raison de la hausse du coût du kérosène.

Hausse du carburant et hausse des taxes: revenir à de tels tarifs, même lors de ventes flash organisées par ces compagnies, paraît donc inconcevable. Il faut dire que ces postes de dépenses représentent une part considérable du prix d'un billet d'avion.

"Un avion consomme en général 2,5 tonnes de carburant à l'heure, ce qui peut représenter un coût allant de 6.000 à 8.000 euros par heure pour un moyen courrier. Les taxes, elles, peuvent représenter jusque 20% du prix d'un billet. Même si là aussi, ce pourcentage varie beaucoup selon le type de vol", relève Bertrand Vilmer.

Outre la TSBA qui va donc augmenter, on compte trois autres taxes. La taxe d'aviation civile, qui finance la surveillance du secteur aérien. La redevance sûreté-sécurité qui compense les coûts de dispositifs de sûreté comme les portiques de détection avant les halls d'embarquement.

Et enfin la taxe d'aéroport, payée pour l'utilisation des infrastructures aéroporturaires et dont le montant dépend de plusieurs paramètres. Masse de l'avion, temps passé sur le tarmac... "C'est pour minimiser son montant que les avions low cost restent peu de temps sur le terminal après avoir atterri. Et redécollent au plus vite", précise Bertrand Vilmer.

Ryanair menace de réduire son offre en France

Les compagnies low cost trouvent donc toujours des moyens de réduire leurs coûts. Et l'une des solutions évoquées par Ryanair pour éviter cette hausse en France de la taxe de solidarité sur les billets d'avion est pour le moins radicale. La compagnie a menacé de réduire de 50% son offre en France, en arrêtant de desservir dix aéroports régionaux. Un scénario plutôt irréaliste pour Bertrand Vilmer.

"C'est un peu la mode des déclarations choc depuis l'élection de Donald Trump... Tout le monde bluffe. Je ne pense pas que Ryanair puisse mettre en application une telle menace. S'ils le font, ils perdront tout de même un gros marché", commente l'expert du secteur aérien.

Voyager depuis de plus petits aéroports exploités par Ryanair (Clermont-Ferrand, Carcassonne, Biarritz...) devrait donc rester possible malgré cette taxe. Même si le mieux pour limiter son empreinte carbone reste d'utiliser un mode de transport moins polluant comme le train.

Arthur Quentin