Trenitalia, Renfe... Les compagnies étrangères sont-elles avantageuses pour vos voyages en TGV?
Un TGV de la Renfe. - OLIVIER CHASSIGNOLE
La SNCF vient d'ouvrir ce mercredi 22 janvier la vente de ses billets pour les vacances de printemps. Dans le même temps, Trenitalia a annoncé le lancement d'une nouvelle ligne entre Paris et Marseille. Ses TGV circuleront jusqu'à la cité phocéenne à partir du 15 juin, a précisé la compagnie italienne.
Cette dernière est arrivée en France en décembre 2021, en se lançant sur la ligne Paris-Lyon, axe le plus rentable du réseau ferroviaire français. Une autre compagnie a commencé à faire rouler ses trains dans l'hexagone: l'espagnol Renfe, avec des liaisons Barcelone-Lyon et Madrid-Marseille. Pour chacune de ces entreprises étrangères, une promesse est associée à leur arrivée: celle de rendre le TGV moins cher.
Trenitalia environ 40% moins cher
Est-ce vraiment le cas? Est-ce que pour un même trajet, le même jour et à peu près à la même heure, un train Trenitalia ou Renfe est moins cher que celui de la SNCF? Faisons l'essai, pour un adulte qui n'aurait aucune carte de réduction.
Pour un Paris-Lyon, départ le vendredi 11 avril le matin, l'écart de prix est notable. Celui de Trenitalia, qui part à 7h30, était vendu à partir de 35 euros au 22 janvier. Pour un départ similaire, la SNCF propose des prix allant de 46 euros (7h00) à 73 euros (7h52).
Le constat est le même avec la Renfe: pour un Lyon-Montpellier le 11 avril, la compagnie espagnole propose des billets à partir de 37 euros pour son unique départ, à 14h35. Avec la SNCF, comptez 76 euros pour un départ à 14h10.
A priori donc, les concurrents sont beaucoup moins chers. Patricia Pérennes, économiste des transports pour le cabinet Trans-Missions, confirme cette impression.
"Trenitalia est actuellement environ 40% moins chère que la SNCF, sachant que cette dernière a un peu baissé ses prix avec l'arrivée de ce concurrent", explique cette spécialiste.
Des trains remplis plus vite avec la SNCF
Cette observation peut toutefois être relativisée à quelques égards. D'abord, il s'agit là de prix sans aucune réduction. Or, la SNCF propose un certain nombre de cartes et d'abonnements qui permettent parfois de payer le TGV moins cher. Cartes Avantage, Liberté, Famille nombreuse, Max Actif, Mac Jeune et Senior... Avec elles, le prix peut être inférieur à celui des concurrents.
Aussi, la SNCF applique un système de tarification particulier sur ses TGV: le yield management. Plus un train se remplit, plus les prix des billets augmentent. Concrètement, cela signifie que les voyageurs qui réservent leur train en avance et/ou sur des heures creuses paieront moins cher que ceux qui s'y prennent à la dernière minute.
Les concurrents de la SNCF pratiquent également le yield management. Mais sur un train similaire, ils sont tout de même moins chers. L'explication est claire, pour Patricia Pérennes.
"Sur un train très demandé comme le Paris-Lyon un vendredi soir ou un samedi matin, la SNCF pratique au départ des prix similaires. Simplement, comme cette compagnie reste l'opérateur historique, les gens songent en premier lieu à réserver avec. Ce train se remplit donc plus vite, et à un instant T, les prix sont plus chers", analyse l'économiste.
Réserver sur une plateforme indépendante pour avoir le meilleur prix
Effectivement, lors de chaque mise en vente de billets par la SNCF, sa plateforme de réservation SNCF Connect est prise d'assaut. Les meilleurs billets partent très vite. Si vous n'avez pas été à l'affût pour réserver vos vacances, aller voir sur le site d'un concurrent peut donc être intéressant.
Ou alors vous pouvez passer par une plateforme de réservation indépendante. Trainline, Kombo ou Omio proposent les trains de toutes les compagnies et vous permettent de trouver immédiatement le meilleur prix pour votre trajet.
L'écart de prix devrait être réduit
Une autre question est de savoir si cette différence de prix entre la SNCF et ses concurrents va durer. Trenitalia et Renfe sont arrivés récemment en France, et sont encore dans une phase d'acquisition de clients. Ce qui justifie des tarifs bas: il faut parvenir à se faire connaître, et le prix est pour cela un bon moyen.
Trenitalia, qui fait pourtant rouler ses trains sur la ligne la plus rentable du réseau (le Paris-Lyon), est toujours déficitaire plus de trois ans après son lancement.
"Ce n'est pas choquant pour une entreprise qui arrive. En l'occurrence, les TGV de Trenitalia se remplissent de plus en plus et ils devraient être rentables sur cette ligne d'ici quelques temps", estime Patricia Pérennes.
Est-ce que cette rentabilité future passera par une augmentation du prix? Pour la spécialiste, il est vraisemblable que cette différence de 40% par rapport aux prix de la SNCF soit amenée à être réduite.
"Une fois qu'ils auront conquis une bonne base de clients, ils réaugmenteront. Car 40% de différence, c'est beaucoup. Je ne pense pas que ce soit tenable avec tous les frais que comporte l'activité ferroviaire", considère-t-elle.
Bientôt encore plus de dessertes par la concurrence?
Le fait que cette compagnie s'aventure sur une nouvelle ligne, en l'occurrence l'axe Paris-Marseille, peut également jouer. Car si Trenitalia arrive à être moins chère que la SNCF, c'est aussi parce que la compagnie ne s'est engagée que sur cette ligne ultra rentable. Et sans même s'arrêter aux gares intermédiaires (Le Creusot, Mâcon).
Dans cette logique, l'ancien ministre des Transports François Durovray a appelé ces concurrents à s'engager sur d'autres lignes, moins rentables. Avec le lancement du Paris-Marseille s'arrêtant à Avignon et Aix-en-Provence, Trenitalia fait un pas dans ce sens. Même si cette ligne est également plutôt rentable. Ce n'est peut-être pas demain, en revanche, qu'on la verra lancer une liaison Paris-Meuse TGV.