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Prix alimentaires: Auchan veut privilégier les produits frais et s’attend à 10% d’inflation en mars

Invitée d’"Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, Pascale Cartier, directrice de l'offre alimentaire chez Auchan, explique la stratégie de son groupe face au panier anti-inflation souhaité par le gouvernement. Et elle prévient que les hausses de prix seront encore très fortes en mars.

Quelle stratégie pour les supermarchés face à l’inflation? Alors que le gouvernement continue de pousser pour la mise en place d’un panier anti-inflation, et que certaines enseignes de grande distribution se lancent, Auchan veut accentuer ses efforts sur les produits frais. "Le gouvernement a le mérite de nous pousser à aller encore plus que ce qu’on fait d’habitude, explique Pascale Cartier, directrice de l'offre alimentaire d’Auchan, dans ‘Apolline Matin’ ce mercredi sur RMC et RMC Story. On fait déjà beaucoup de choses, mais là, le fait de pousser comme le fait Olivia Grégoire, ça a le mérite de nous donner envie de nous dépasser. Après, comment le faire, c’est un autre sujet. Je n’ai pas envie d’offrir seulement aux gens ce qu’ils peuvent s’acheter, mais ce qu’ils veulent s’acheter. Et pas de les mettre sous contrainte."

"On a des volumes qui baissent beaucoup plus fortement sur tous les produits frais que sur les produits industriels transformés, poursuit Pascale Cartier. Moi, je suis persuadée que les mères de famille ont envie de mettre du poisson et des fruits et légumes dans l’assiette de leurs enfants, et pas seulement des chips. Elles sont trop contraintes et elles arbitrent beaucoup plus sur les produits frais. Du coup, ce qu’on a choisi de faire chez Auchan, c’est de lancer pour tous les jours, d’accélérer pour tous les jours, des produits frais super accessibles. Ce n’est pas une question de panier, ce sont des références renouvelées pour leur permettre de bien manger." Du poisson et des carottes sont par exemple proposés à des prix "raisonnables" dans les rayons. "Vous pouvez faire un repas équilibré à un prix super performant", assure la responsable d’Auchan.

"Des hausses colossales contre lesquelles on essaye de trouver des solutions"

Mais les clients des supermarchés doivent s’attendre à de nouvelles hausses, surtout en mars après les négociations avec les industriels. "Les prix sur lesquels on discute en ce moment, ce sont des hausses demandées par les fournisseurs de 15 à 25%, souligne Pascale Cartier. Il y a des hausses colossales contre lesquelles on essaye de trouver des solutions. Mais on aura quand même des hausses résiduelles. Nos estimations sont sur une hausse d’environ 10%, en plus de l’inflation actuelle. On joue notre rôle pour acheter à un prix correct, parce qu’on ne peut pas oublier les agriculteurs, et en même temps le prix le plus serré possible pour aider nos consommateurs."

Et Auchan assure faire le maximum en tant qu’intermédiaire entre les vendeurs et les acheteurs. "On n’a pas supprimé la marge, on l’a considérablement réduite, explique Pascale Cartier. Et on évite de travailler en péréquation parce que sinon, ce serait une grande hypocrisie. L’hypocrisie, elle est sur le fait de dire qu’on essaye de protéger les revenus des agriculteurs, ce qui est totalement normal parce qu’ils doivent travailler décemment. Il faut permettre à l’industrie agroalimentaire de gagner sa vie pour payer ses usines et ses ouvriers, et c’est normal. Il faut que le consommateur puisse accéder à des produits à des prix qu’il peut payer, parce que c’est normal. Et l’hypocrisie, c’est de faire croire que la grande distribution est un grand régulateur qui, lui, peut se permettre de travailler sans marge. On demande beaucoup à la distribution. On a serré nos marges."

LP