Lutte contre la vie chère en Martinique: qui est Rodrigue Petitot, jugé pour menaces et violences?

"Symbole de la lutte contre la vie chère": à Fort de France (Martinique), Rodrigue Petitot est jugé depuis mardi pour violation de domicile à l’aide de manœuvres et menaces, de violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique, d’actes d’intimidation, d’outrage. Le 11 novembre, il s’était introduit dans la résidence du préfet sans invitation et la situation s’était tendue. Rodrigue Petitot était accompagné de militants du RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéennes).
Le RPRAC est le mouvement qui mobilise des Martiniquais, dont beaucoup de jeunes, hors de la sphère syndicale et militante traditionnelle et qui ont comme signe d'appartenance des vêtements rouges.
Il est "puni pour son audace, pas pour ses infractions pénales"
Ils exigeaient un rendez-vous avec le ministre des Outre-Mer d’alors, François-Noël Buffet, en visite express sur l’Île. Les soutiens et avocats de Rodrigue Petitot ont depuis affirmé que les policiers avaient laissé entrer les militants et que les grilles du parc de la résidence étaient ouvertes. Le visionnage durant l'audience d'images de la caméra de surveillance et de plusieurs vidéos de l’incident a permis de confirmer ce point. Au RPPRAC on affirme que Rodrigue Petitot est "puni pour son audace, pas pour ses infractions pénales".
"Depuis le début on veut incarcérer le symbole de la lutte contre la vie chère", a dénoncé le prévenu à la barre, mardi soir. Est-ce le militant ou le délinquant qui est jugé? La tâche n’est pas aisée pour les magistrats. Rodrigue Petitot est l'un des cofondateurs du RPPRAC. À 45 ans, Rodrigue Petitot est devenu une figure du mouvement contre la vie chère, étant agitateur lors des manifestations de l’automne.
Intimidation contre les maires
Alors qu'il compte des dizaines de milliers d’abonnés TikTok, il est également accusé d'avoir menacé des élus locaux martiniquais, des maires notamment, s’ils ne soutenaient pas le mouvement en fermant les mairies : "Démontrez-nous que l'on peut compter sur vous. On va vous attaquer. On va opérer un grand nettoyage", disait-il. Rodrigue Petitot a été reconnu coupable début décembre d'intimidation et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.
Il a également été condamné en 2016 pour trafic de stupéfiants et a fait cinq de prison, après un aménagement de peine. C’est en prison qu’on lui a donné son surnom, "le R". Il risque désormais 20 ans de réclusion pour les faits qui lui sont reprochés.
Sauf que le procès prend une tournure extrêmement politique. Depuis ce week-end, des rassemblements sont organisés en soutien à Rodrigue Petitot. De nombreux soutiens, toujours vêtus de rouge, se sont rassemblés devant le tribunal. Les dockers du port de Fort-de-France sont en grève pour deux jours. Le procès reprend aujourd’hui.