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Droit du sol: Darmanin demande, à sa propre initiative, l'ouverture d'un débat à l'échelle nationale

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L'Assemblée nationale s'est penchée jeudi sur le durcissement des règles du droit du sol à Mayotte. Un texte, porté par les Républicains, et qui prévoit de conditionner l'obtention de la nationalité aux enfants nés sur l'archipel. Celui-ci a été adopté par les députés. Et Gérald Darmanin veut aller un peu plus loin. De sa propre initiative, sans concertation avec Matignon, le ministre de la Justice a appelé à ouvrir le débat à la métropole.

Le droit du sol va-t-il être remis en cause en France? C'est le débat que souhaite ouvrir le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Jeudi soir, l'Assemblée a durci les restrictions au droit du sol à Mayotte. Une proposition de loi du groupe LR a été adoptée par les députés, à l'issue d'une journée de débat particulièrement animée.

Aujourd'hui, à Mayotte, le droit est déjà différent du reste du territoire. Un enfant né sur le sol français de deux parents étrangers ne devient Français que si un de ses parents est sur le territoire depuis au moins trois mois. La proposition de loi prévoit que ce soit trois ans pour les deux parents. Le texte doit encore être examiné par le Sénat.

Mais après l'adoption à l’Assemblée nationale de cette proposition de loi, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est déclaré favorable à l’ouverture d’un débat national sur la question.

“Le droit du sol ne me paraît pas être désormais quelque chose de suffisant pour s’assurer que l’ensemble des personnes qui viennent sur notre sol et que demande la nationalité le font pour des bonnes raisons qui consistent en effet à épouser notre culture, notre nation, notre histoire et notre avenir. En effet, je crois que le droit de la nationalité doit être profondément revu donc oui moi, je suis favorable au débat national sur le droit du sol, mais je pense que ça doit être réformé dans la constitution et ce doit être au peuple français de le trancher”, a indiqué le ministre.

Une déclaration spontanée?

Une déclaration qui a largement surpris, car Gérald Darmanin n'avait prévenu ni Matignon ni le ministère de l'Intérieur.

Chaque année, environ 34.000 jeunes nés sur le sol français de parents étrangers acquièrent la nationalité. Remettre en cause le droit du sol partout en France est un vieux combat de la droite. Et le LR Philippe Gosselin applaudit. “C’est un grand choix de société. On a d’autres pays en Europe qui n’ont pas le droit du sol, mais qui ne sont pas moins démocratiques que nous”, estime-t-il.

Une proposition qui suscite l’inquiétude à gauche. “Quand vous avez le droit du sol, dans une cours de récréation, vous avez tous les gamins qui savent qu’ils sont à égalité et qu’en grandissant, ils seront tous français”, appuie l'insoumis Hadrien Clouet.

“C’est ce qui permet à tout le monde de s’investir dans notre pays, de s’installer, d’y faire sa vie. Et moi je ne trouve pas normal que des gens qui ont accompli les mêmes choses, aient à la fin des droits différents”, ajoute-t-il.

Sans fermer la porte au débat, le Premier ministre François Bayrou s'est récemment dit opposé à toute restriction en métropole.

Cyprien Pézeril avec Guillaume Descours