"Le plus grand suicide de l’histoire": l’industrie automobile française pourrait disparaître alerte le Sénat

Des salariés travaillent sur la chaîne de production des nouvelles voitures électriques Peugeot e-3008 et e-5008 à l'usine Stellantis de Sochaux, en Franche-Comté, le 3 octobre 2024 (photo d'illustration). - FREDERICK FLORIN / AFP
Les chiffres sont implacables. Selon ce rapport sénatorial, les ventes de voitures neuves restent inférieures de 20% à leur niveau d’avant-Covid, et la production nationale s’effondre depuis des années. Au début des années 2000, une voiture sur deux vendue en France était fabriquée dans le pays. En 2020, ce n’est plus qu’une sur cinq.
En trente ans, le nombre d’usines a été divisé par deux, et les fermetures pour chômage technique se multiplient. Pourtant, la filière pèse encore lourd: 800.000 emplois en France, dont 350.000 chez les constructeurs et 450.000 chez les équipementiers et sous-traitants.
“Une désindustrialisation progressive"
Le rapport pointe une désindustrialisation progressive, menée dans “l’indifférence générale”. Après la sidérurgie, le textile ou les mines dans les années 1970-80, d’autres fleurons ont disparu ou été vendus: Pechiney (aluminium) aux Canadiens, Usinor (acier) aux Indiens, Rhodia (chimie) aux Belges, Lafarge (ciment) aux Suisses, Alstom (turbines) aux Américains.
“Et maintenant, c’est l’automobile qu’on est en train d’offrir aux constructeurs chinois”, prévient le rapport, qui parle du “plus grand suicide industriel de l’histoire française”.
18 mesures d’urgence proposées
Pour enrayer cette spirale, le Sénat avance 18 mesures d’urgence. Parmi elles:
- Hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois,
- Report de l’interdiction de vente des voitures thermiques neuves prévue pour 2035 dans l’Union européenne,
- Imposition d’un contenu local de 80 % sur les véhicules vendus en Europe — une mesure jugée difficilement réalisable,
- Création d’un “Airbus du logiciel embarqué” pour mutualiser les technologies européennes,
- Et le développement de petits véhicules électriques bon marché, sur le modèle des kei cars japonaises.