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Suicide d'une ado après une photo intime: "Il faudrait interdire les réseaux sociaux avant 18 ans"

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TEMOIGNAGE - Juliette, 15 ans, s'est donnée la mort après la publication de selfies dénudés sur les réseaux sociaux qu'elle avait envoyés à un ex-petit ami. Alexandre Ray, oncle et parrain de l'adolescente, fait part, ce vendredi sur RMC, "de sa tristesse": "On ne souhaite ça à personne".

Jeudi dernier, Juliette, 15 ans, a mis fin à ses jours en se jetant sous un train à Lisieux (Normandie). La jeune fille a été victime d'un harcèlement en ligne communément appelé "revenge porn". Des photos privées, dont certaines intimes, circulaient, à son insu, depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Juliette n'a pas supporté l'humiliation et s'est donc suicidée. Ce vendredi sur RMC, Alexandre Ray, oncle et parrain de la jeune fille, témoigne.

"Aujourd'hui, on est dans un état de douleur, de tristesse et de fatigue, confie-t-il. Je ne sais pas comment réussir à se reconstruire. Mais si ma lettre pouvait arriver à faire en sorte que tout cela ne se reproduise plus, que cela sauve des vies, que les jeunes décident de ne pas passer à l'acte mais de parler, ce serait déjà énorme pour nous. On ne souhaite cela à personne, c'est une tristesse énorme".

"Une tristesse énorme"

Dès lors, il demande à ce que "le harcèlement moral sur le web soit mieux pris en compte" et a envoyé, en ce sens, une lettre à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale. "Je connais votre engagement et le combat que vous menez contre toutes formes de harcèlement à l’école ainsi que les convictions qui sont les vôtres en matière de protection de notre jeunesse. (…) Je vous demande de vous saisir de cette affaire, je vous supplie de vous saisir de cette affaire", peut-on notamment lire dans cette lettre.

"Cependant, il ne faut pas que cela soit le simple fait de l'Education nationale, souligne-t-il dans Bourdin Direct. C'est collectivement qu'on doit faire attention à nos enfants". "Dans cette affaire, il y a plusieurs aspects, estime-t-il. Déjà, les parents de l'enfant qui a fait ça devraient se prendre en mains et ne pas attendre que l'Education nationale élève leurs enfants à leur place. Mais, plus important, il y a les réseaux sociaux qui laissent passer des photos à caractère pornographique de mineurs, qui laissent passer des commentaires de mineurs qui ne devraient jamais passer".

"Protéger les jeunes des réseaux sociaux"

"Il y a l'Education nationale aussi, qui en fait déjà beaucoup en ce moment, qui doit accélérer le mouvement, ajoute encore Alexandre Ray. On est beaucoup trop en retard par rapport à ces phénomènes". Si l'enquête ne permet pas encore de savoir exactement qui a diffusé les photos sur les réseaux sociaux mais qui l'a prise et d'où vient le harcèlement, l'oncle de Juliette assure "ne pas être là pour pointer du doigt qui que ce soit. Je pense que ces jeunes, quand ils sont derrière leurs ordinateurs, ne se rendent pas compte de ce qu'ils font, de la douleur qu'ils peuvent provoquer pour les familles, de la détresse que cela peut être pour des jeunes qui n'ont pas de filtre et dans l'incapacité de recevoir certains propos".

"Mais je pense qu'il y a des solutions, ne désespère pas Alexandre Ray. Je pense qu'il faut mieux protéger nos mineurs. Je pense qu'il faudrait interdire les réseaux sociaux aux moins de 18 ans et que l'on pourrait aussi mettre des systèmes de prévention. On arrive à mettre des pictogrammes pour les programmes TV qui sont dangereux pour nos enfants, on arrive à interdire la vente de tabac aux mineurs, on devrait réussir à les protéger des réseaux sociaux".