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Alimentation, produits d'entretien, énergie... Pourquoi la baisse des prix reste peu perceptible

Les marques de distributeurs ne baissent plus en grande distribution.

Les marques de distributeurs ne baissent plus en grande distribution. - Denis Charlet

L'inflation est au plus bas, certains prix baissent, pourtant les Français ont une perception toujours plus négative du niveau de leur pouvoir d'achat. Pourquoi cette impression? Peut-on espérer de vraies baisses de prix et sur quels produits? RMC Conso fait le point.

Un paradoxe. Malgré certaines baisses de prix, les Français ont l'impression que la vie coûte toujours plus cher. C'est la conclusion d'une enquête réalisée par OpinionWay pour Bonial.

Selon l'étude, les Français estiment que les prix ont augmenté de 17% en un an. Pourtant, les chiffres disent le contraire. L'inflation baisse fortement et s'établit à 1,8% sur un an au moins d'août 2024, selon l'INSEE.

Prix en baisse dans la grande distribution

L'institut Circana relève même une baisse de prix dans la grande distribution, de l'ordre de 0,9% sur un an.

Certains produits d'entretien ont connu une baisse de prix assez significative: -5,7%, par exemple, en ce qui concerne la lessive, selon Circana.

Les prix de la viande, du lait, du fromage et des œufs diminuent également, mais beaucoup plus lentement (-0,5% selon l'INSEE).

En rayons, ces baisses ont donc beau être à peine perceptibles, elles existent. Pourtant, pour 72% des Français, l'inflation est ressentie comme étant toujours plus forte dans le secteur de l'alimentation. L'impression est globalement la même en ce qui concerne le secteur de l'énergie, alors que les prix du carburant et de l'électricité baissent aussi.

Le prix du carburant au plus bas

Pour la semaine du 9 au 15 septembre, le prix moyen du litre de gazole est à 1,59 euros selon le ministère de la Transition écologique. Il y a un an, son prix était à 1,88 euros en moyenne. Soit une économie de 17 euros sur un plein de 60 litres.

Quant à l'électricité, les prix sur les marchés de gros diminuent depuis plusieurs mois. Résultat, de nombreux opérateurs proposent des offres de marché environ 20% moins chères que le tarif réglementé. Ce dernier devrait d'ailleurs baisser de 10% à compter du mois de février 2025.

Ainsi, sur un mois, un foyer qui dépensait l'année dernière 500 euros de courses alimentaires, qui parcourt 2000km et qui a des factures d'électricité de 150 euros, ferait désormais environ 50 euros d'économies, toutes ces baisses de prix cumulées.

On est donc loin des 17% d'augmentation ressentis. Plusieurs raisons expliquent cette perception erronée des Français, selon Laurent Landel, président de Bonial, une application qui compare les offres des différentes enseignes, contacté par RMC Conso. La première raison est psychologique:

"Le cerveau humain retient plus facilement les mauvaises nouvelles que les bonnes," explique-t-il.

Pessimisme face à l'instabilité politique

"Mais il faut voir aussi comment le pouvoir d'achat a été heurté ces dernières années, avec des dépenses contraintes qui ont augmenté et des salaires réels qui baissent."

Sur deux ans, les prix ont effectivement connu une hausse d'environ 20% dans la grande distribution et les prix de l'énergie ne sont pas revenus à leur niveau d'avant crise. Les baisses ne sont donc pas suffisamment fortes pour être considérées comme une véritable bonne nouvelle dans l'esprit des Français.

Par ailleurs, la baisse générale des prix dans l'alimentation cache des disparités selon les produits. Certains continuent d'augmenter, à l'instar du prix des jus de fruits, du chocolat ou encore de l'huile, qui a bondi de près de 10% en un an.

Dernière explication, selon Laurent Landel: la situation ambiante, qui cristallise un sentiment négatif à l'égard du pouvoir d'achat. À ce sujet, le dernier baromètre pouvoir d'achat réalisé par LSA et Appinio, paru lundi 16 septembre, nous révèle que 80% des Français sont inquiets quant au maintien de leur pouvoir d’achat compte tenu de l’instabilité politique actuelle.

Comparer les enseignes pour trouver la moins chère

Il est difficile, pour l'expert de la grande distribution, de faire des prédictions pour l'avenir: les prix de l'électricité et du pétrole sont très volatils et le coût des matières premières peut fluctuer en fonction des aléas géopolitiques.

Malgré tout "l'objectif de la grande distribution est d'être capable de vendre le moins cher possible, parce que les Français choisissent l'enseigne la moins chère," affirme-t-il.

86% des Français disent en effet être prêts à changer d'enseigne pour réduire leurs dépenses, selon l'enquête LSA/Appinio. Les enseignes devraient donc, dans les mois à venir, continuer de multiplier les offres promotionnelles et les annonces de baisses de prix.

Avec le rachat des magasins Casino par Carrefour, Auchan et Intermarché, des baisses de prix d'environ 15% ont par exemple été annoncées. Cette dernière enseigne vient par ailleurs de lancer une offre spéciale pour les étudiants, avec une réduction de 10% sur des produits de marque distributeur.

Les Français pourraient cependant aussi continuer de cibler les discounters, toujours très compétitifs malgré des baisses de prix encore moins importantes (leur modèle reposant déjà sur des prix cassés, leur marge de manœuvre est donc plus faible). Lidl et Aldi restent, avec Leclerc, sur le podium des enseignes alimentaires préférées des Français.

Pour cibler les enseignes les moins chères, sachez que vous pouvez utiliser un comparateur, comme celui de l'UFC-Que Choisir, qui confronte les prix des différents magasins autour de chez vous.

Charlotte Méritan