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"30% moins cher et avec le même goût": du chocolat sans chocolat, qu'est-ce que ça vaut?

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Connaissez-vous le chocolat sans chocolat? Une chocolaterie a fait le pari, pour Pâques, de proposer une alternative au cacao. Moins chère, elle est aussi plus écologique. Mais constitue-t-elle un ersatz parfait?

Cela ressemble au chocolat, sent le chocolat, a le goût de chocolat... Mais ce n'est pas du chocolat.

Pour faire face à la crise mondiale qui touche le cacao et à l'explosion des prix, une chocolaterie a décidé de tester, pour Pâques, un tout nouveau genre de confiserie: des œufs sans cacao mais qui y ressemblent à s'y méprendre, grâce à une innovation alimentaire d'une start-up allemande. Explications.

"On a commencé à travailler sur ce produit il y a un an, quand le cours du cacao a explosé: la fève a augmenté de 150% et le beurre de cacao de 300%, alors on a cherché une alternative," explique Anne-Catherine Wagner Abtey, présidente de la chocolaterie Abtey.

L'entreprise alsacienne rencontre alors, par hasard, Planet A Foods, une start-up située à Planegg, en Allemagne. Son innovation, le ChoViva, une alternative au cacao, est déjà utilisée par plusieurs fabricants de produits de boulangerie et confiserie allemands, mais est encore inconnue du marché français.

Arôme proche mais interdiction de s'appeler chocolat

Abtey décide donc de l'intégrer à son offre, en créant des moulages, pour Pâques, à base de cette alternative. Cette dernière est composée de graines de tournesol et de pépins de raisin... Rien à voir avec les fèves de cacao, nouvel or noir d'Amérique latine.

Pourtant, au goût, les confiseries à base de ChoViva peuvent être confondues avec du chocolat au lait. Comment est-ce possible? La raison est simple.

"80% de l'arôme du chocolat est lié au processus de torréfaction. C'est le fait de fermenter et torréfier la fève qui révèle les arômes du chocolat. La start-up à l'origine de ChoViva a donc essayé de reproduire le processus avec plusieurs ingrédients, et a trouvé un arôme proche avec la graine de tournesol," détaille Anne-Catherine Wagner Abtey.

Et les pépins de raisin? Ils servent à donner la couleur marron, chocolat, au produit. En termes de texture, le résultat est aussi fondant qu'un vrai chocolat, bien qu'un peu moins croquant.

En revanche, ces douceurs sucrées n'ont pas le droit à la dénomination "chocolat", réservée aux produits ayant une teneure minimale en cacao. D'où ce nom d'"alternative au chocolat".

20 à 30% moins cher que le cacao

Son intérêt réside évidemment dans son prix: la chocolaterie Abtey la propose autour de 28 euros le kilo, contre 48 euros le kilo pour son vrai chocolat au lait.

"Si les distributeurs suivent nos recommandations, on doit être 20 à 30% moins chers que le cacao," affirme la présidente d'Abtey.

Car, vous l'avez sans doute remarqué, cette année les chocolats de Pâques sont particulièrement onéreux. Selon l'UFC Que choisir, ils sont en moyenne 14% plus chers que l'année dernière.

Les œufs et moulages au ChoViva sont vendus dans la plupart des enseignes à l'occasion des fêtes de Pâques, mais restent un produit saisonnier: ils n'ont pas vocation à y être vendus toute l'année.

Et cela fonctionne selon Anne-Catherine Wagner Abtey, qui déclare que ces alternatives sont leurs meilleures ventes pour Pâques, bien qu'elles ne représentent que 25% de leur offre.

Plus écologique?

"Toutes les personnes qui ont goûté en rachètent," assure-t-elle.

Ils sont séduits par le prix attractif mais aussi, peut-être, par l'aspect écologique de ChoViva, qui a permis à Abtey de réduire son empreinte carbone de 80%.

Les graines de tournesol sont effectivement moins gourmandes en eau que les fèves de cacao: il faut 24.000 litres d'eau pour produire 1 kilo de chocolat, contre 1.400 pour 1 kilo de ChoViva. Par ailleurs, les matières premières utilisées viennent essentiellement d'Europe, alors que les fèves de cacao viennent majoritairement d'Amérique centrale et du sud.

Ne comptez en revanche pas sur ce produit pour pouvoir manger du (faux) chocolat à volonté: les confiseries à base de ChoViva sont à peu près aussi caloriques, sucrées et grasses que le chocolat au lait classique.

Elles sont par ailleurs évidemment privées des vertus santé du cacao, dont on bénéficie lorsqu'on mange du chocolat noir. Il n'existe, pour le moment, pas de ChoViva noir, mais Abtey travaille sur une version pour l'intégrer à son offre de Noël.

Les œufs en ChoViva contiennent d'autre part des huiles végétales dont de l'huile de palme, pour pallier l'absence de graisse de cacao. Or, on sait que l'huile de palme a un impact néfaste sur la santé, et sur l'environnement.

Un ingrédient controversé donc, mais qui pourrait pourquoi pas être, lui aussi, à terme, remplacé. Selon un article de Slate, la start-up allemande à l'origine de ChoViva travaille justement à la création d'une alternative à... l'huile de palme, qu'elle devrait commercialiser l'année prochaine.

Charlotte Méritan