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Alimentation

Au restaurant, les seniors dépensent deux fois plus que les jeunes, selon une étude

Restaurant étoilé d'Alain Llorca à La Colle-sur-Loup le lundi 16 juin 2025

Restaurant étoilé d'Alain Llorca à La Colle-sur-Loup le lundi 16 juin 2025 - BFMTV

D'après une étude ayant analysé les paiements de 20 millions de cartes bancaires, les jeunes de moins de 35 ans ont considérablement réduit leurs dépenses alimentaires. Leur panier alimentaire moyen est passé de 28 à 22 euros en quatre ans. Les plus de 55 ans, eux, dépensent près du double.

La frugalité à laquelle sont contraints les jeunes contraste avec la prospérité de leurs ainés. C'est ce qui ressort d'un baromètre réalisé par le Groupe BPCE et diffusé ce lundi 22 septembre.

Ce groupe bancaire (dont dépendent notamment la Caisse d'Épargne et la Banque Populaire) a analysé les paiements effectués par pas moins de 20 millions de cartes. Une base de donnée particulièrement riche donc, qui permet d'établir de nombreux constats sur les manières de consommer de chaque tranche d'âge. Et de mettre en lumière de profondes disparités.

Les plus manifestes sont celles concernant l'alimentation. C'est bel et bien ce poste de dépenses qui est l'objet du plus grand nombre d'arbitrages. Et c'est chez les plus jeunes, ceux de moins de 35 ans, que ces arbitrages sont les plus millimétrés.

Les jeunes vont plus souvent au supermarché mais dépensent moins

Un premier chiffre permet de le montrer: le montant du panier moyen lors de courses alimentaires. Entre 2021 (dernière édition de ce baromètre) et aujourd'hui, il est passé de 28 à 22 euros. À titre comparatif il est de 41 euros, soit près du double, chez les personnes âgées de plus de 55 ans. Un chiffre qui est resté le même par rapport à 2021, en dépit de l'inflation.

Pour BPCE, les moins de 35 ans sont "la génération la plus exposée aux effets durables du pic inflationniste". Mais attention, le fait que ce panier moyen ait diminué ne signifie pas nécessairement qu'ils ont drastiquement réduit leur consommation.

En parallèle de cette baisse du panier moyen, la fréquence d'achat a augmenté de 8%. Cela signifie qu'ils se rendent de plus en plus régulièrement en magasin. Une manière pour eux d'éviter le gaspillage alimentaire et/ou de repérer davantage de produits en promotions. Pour BPCE donc, la génération des -35 ans "ajuste ses habitudes avec rigueur".

Même si elle n'a pas tout sacrifié pour autant: en dépit de ces arbitrages, les jeunes continuent de se restaurer hors domicile. Au premier semestre 2025, leurs dépenses dans ce segment sont légèrement reparties à la hausse (+1 %).

Les seniors dépensent plus au restaurant comme au supermarché

Une augmentation toutefois sans commune mesure avec celle des +55 ans. Aussi bien en grandes surfaces qu'en restauration, leur consommation augmente, au total de +3,3%. Leur panier moyen au supermarché atteint donc 41 euros, et celui au restaurant 40 euros.

Pour ne pas limiter leur consommation, les jeunes l'optimisent, constate l'étude. Cela vaut pour l'alimentation, mais également pour l'habillement. Le baromètre de BPCE montre qu'en dépit de leur budget en tension, les achats de vêtements restent dynamiques.

Ce qui change en revanche, c'est l'origine de ces vêtements. Le prêt-à-porter traditionnel est en net recul: -14 % en montant total dépensé et -21 % en fréquence d’achats. Cela s'explique par le fait que ce segment, davantage touché par l'inflation, ne correspond plus à la réalité budgétaire des jeunes.

Ceux-ci préfèrent donc se tourner vers d'autres marchés. Celui de la fast-fashion d'abord, dans lequel les dépenses sont stables mais la fréquence d'achat en légère hausse. Mais surtout le marché de la seconde main.

Son essor n'est pas nouveau, cela fait déjà plusieurs années qu'il explose sous l'impulsion de plateformes comme Vinted. Mais il progresse toujours plus: le montant dépensé en carte bancaire par les jeunes a augmenté de 6% dans ce secteur. Un montant sans doute sousestimé nous dit l'étude. Car une part des transactions sur ces plateformes passe par des cagnottes issues de reventes précédentes.

Les jeunes préfigurent les tendances conso

Ce que note aussi le groupe BPCE dans son étude, c'est que les jeunes sont prescripteurs à l'égard des générations plus âgées. Entre 2021 et 2024, la fast-fashion a bondi de +12,6% chez les seniors, tout comme la seconde main (+25,6%).

Ce mode de consommation, qui s'est initialement développé car il était une alternative moins chère aux achats traditionnels, s'est progressivement érigé comme une norme. Ces stratégies et bons plans d'achats ont été diffusés par les jeunes dans leurs entourages. Qui les ont massivement adoptés également.

En témoigne le fait qu'entre 2021 et aujourd'hui, la part des plus de 55 ans dans les dépenses de fast-fashion a doublé. Alors, certes, les jeunes représentent toujours le gros de ces dépenses: 46% à eux seuls. Mais cette part a diminué (elle était de 52% en 2021), sous l'impulsion donc de l'adoption de ce type de mode par les seniors.

Arthur Quentin