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Économie

"La vraie inquiétude, c’est sur le non-alimentaire": pourquoi la consommation est en berne en France

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CHIFFRE RMC. Les Français semblent se serrer davantage la ceinture que lors de la dernière rentrée. En témoigne ce chiffre Circana qu'RMC révèle en avant-première ce jeudi matin, le nombre de produits vendus par la grande distribution a reculé de 0,9% la semaine dernière par rapport à 2024. Un recul qui pourrait bien s'expliquer par le retour de l'instabilité politique.

La consommation marque le pas en France et c'est toute l'économie qui risque de subir un coup de frein. Il y a eu moins 0,9% de produits qui ont été vendus au global en grande distribution la semaine dernière par rapport à 2024, selon une étude publiée par le panéliste Circana, que RMC révèle ce jeudi 4 septembre.

Une des hypothèses lancée mercredi par le patron des Mousquetaires, Thierry Cotillard, c’est que cette baisse de la consommation serait due au climat d’instabilité politique: "Depuis quinze jours, depuis ce climat politique anxiogène, on sent une consommation qui va être à l’arrêt", observe le chef d’entreprise, qui dit observer "une baisse de la consommation plaisir".

Selon le panéliste Circana, ce ressenti se vérifie effectivement dans les rayons. Avec 0,9% de produits vendus en moins au global la semaine dernière, et un repli qui se vérifie en particulier dans les hypers et supermarchés, cette tendance morose a débuté mi-août selon Circana. Le cabinet la met sur le compte de la météo maussade. Les boissons, les glaces et les insecticides sont boudés.

Le moral des ménages au plus bas

Mais d'autres indicateurs peuvent faire le lien avec le contexte politique comme par exemple le moral des ménages, nettement plus bas que d'habitude, ou encore le taux d'épargne qui atteint des sommets, signe probable que les Français mettent de côté par crainte de hausses d'impôts. Or, si les Français épargnent plus, ils consomment moins, et la consommation des ménages est le principal moteur de l'économie puisqu'elle représente plus de la moitié du PIB, c'est-à-dire la richesse produite en France.

Cette baisse de la consommation, Yves Puget, directeur de la rédaction du magazine LSA, la constate également. "Le premier semestre a été bon, mais oui depuis quelques jours ou quelques semaines, il y a des incertitudes. Et on l’a vu en 2024, lors de la dissolution, ça a créé un petit trou d’air en consommation", note-t-il sur RMC.

"La consommation, c’est d’avoir de la confiance. S’il n’y a pas de confiance, ça ne va pas aller. L’alimentaire, c’est résilient parce qu’il faut bien manger. Mais la vraie inquiétude, c’est sur le non-alimentaire qui au premier semestre était à moins 2%", explique-t-il.
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"On compte nos sous", "c'est morose"...

Face à l'actualité politique, Guillaume se sent en effet angoissé. Par précaution, ce retraité préfère moins consommer. "On regarde les impôts… Ça craint quand même. La politique n’est pas stable et c’est stressant finalement parce qu’on doit compter nos sous", indique-t-il.

Il l'avoue, s'il fait attention, c'est par peur du futur. Et il n'est pas le seul, avec le climat politique actuel, Carole craint pour l'avenir de ses filles. "C’est un peu morose tout ça. Je fais ma vie, mais elles, elles arrivent après. Et on ne sait pas dans quelle société elles vont évoluer", souligne-t-elle. Alors elle arrête d'acheter certains produits.

“On se limite beaucoup. Il faut choisir, on compare tout le temps. La viande, c’est plus cher donc on est obligé de trier aussi ce qu’on mange. Ce n’est pas évident”, appuie-t-elle.

Cette prudence est de rigueur depuis plusieurs mois chez beaucoup de ménages, qui face à l'incertitude politique et l'inflation préfèrent mettre de côté.

Clara Gabillet et Lou Garnier avec Guillaume Descours