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Franui: depuis le buzz sur les réseaux sociaux, ces framboises au chocolat cartonnent en rayons

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Connaissez-vous les franui? Ce sont de petites billes de framboises enrobées de chocolat et elles cartonnent depuis qu'elles ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. RMC Conso vous dévoile l'origine de cette friandise et les raisons du phénomène.

Franui: si ce drôle de nom vous est inconnu, c'est que vous avez probablement dépassé la trentaine. Cette marque qui commercialise des framboises surgelées enrobées de chocolat a fait un véritable buzz sur les réseaux sociaux au mois de septembre.

Six mois après, force est de constater que le phénomène n'est pas éphémère: le produit est dans toutes les enseignes de supermarché et continue d'accuser de régulières ruptures de stock.

Il sera aussi, dès ce vendredi 7 mars, distribué dans tous les Starbucks de France. Alors d'où vient Franui et comment comprendre son ascension? RMC Conso vous explique.

Une friandise venue d'Argentine

Les Franui ont beau être commercialisées depuis déjà plusieurs mois, il reste difficile d'en trouver. Nous nous cassons le nez dans plusieurs supermarchés. "En général, nos stocks se vident en quelques heures seulement après les livraisons...," nous confie un employé de l'un d'eux.

"J'ai tous les jours des gens qui m'appellent pour savoir où est-ce qu'ils peuvent en acheter," s'amuse Fabrice Jaubert, fondateur d'Alfagel, distributeur de glaces marseillais et importateur des Franui en France, contacté par RMC Conso.

À l'origine des Franui, on trouve une petite chocolaterie familiale argentine mise au défi, en 2013, de trouver un nouveau produit pour conquérir le marché.

"Un consultant est venu voir la famille et lui a donné sept jours pour sortir une innovation. Le père est revenu deux jours après, a fait goûter ces framboises enrobées de chocolat à ses enfants... Les Franui étaient nés," raconte Fabrice Jaubert.

Mais c'est seulement des années plus tard que lui-même découvre ce snack, à l'occasion d'un salon en Espagne.

"C'était il y a 3 ans. Ils venaient de construire une usine à Valence. Ils m'ont dit qu'ils avaient déjà un distributeur en France. L'été dernier, j'y suis retourné, je leur ai expliqué que personne ne connaissait les Franui chez nous. Ils m'ont confié la distribution, on a commencé en juin... Trois mois plus tard, c'était un carton," explique-t-il.

Un buzz inattendu

Le buzz, Fabrice Jaubert ne l'avait néanmoins pas vu venir. Ce glacier cherchait avant tout à diversifier son offre et à trouver des produits qui se vendraient même l'hiver, son activité étant habituellement très saisonnière.

"En trente ans de métier je n'avais jamais vu ça, admet-il. On n'a même pas eu besoin de dépenser un seul euro en publicité."

Difficile de trouver une explication rationnelle au phénomène, déclenché par le mystère des algorithmes. Un pot de Franui serait apparu sur une vidéo TikTok... Puis sur une deuxième, une troisième... Jusqu'à voir des influenceuses goûter en direct les framboises et générer ainsi des millions de partages.

Les Franui possèdent néanmoins quelques atouts qui ont pu contribuer à son succès: un packaging bien pensé, en forme de pot de glace tout rose. Un format de billes qui colle parfaitement à la tendance du snacking, très en vogue chez les jeunes. Un accord fruit/chocolat qui mêle à la fois gourmandise et impression de manger quelque chose de sain.

Mais le succès des Franui tient peut-être aussi à leur rareté. Sur les réseaux sociaux, leur recherche se joue en véritable chasse aux trésors.

"En novembre, avec les inondations à Valence, l'usine a dû interrompre sa production et on a eu de gros problèmes d'approvisionnement. Il n'est pas impossible que ce manque sur le marché ait contribué à susciter l'envie," confirme Fabrice Jaubert.

Même si, aujourd'hui, la production a repris, les approvisionnements ont encore du mal à suivre l'incroyable demande. La marque a triplé ses capacités de production, espérant pouvoir alimenter un marché particulièrement gourmand depuis que la grande distribution s'en est emparé.

Partout en supermarché

Car alors que les Franui étaient d'abord cantonnés aux épiceries fines, le buzz a rapidement attisé la curiosité des principales enseignes. Aujourd'hui, on en trouve chez Carrefour, Auchan ou Leclerc, et chacune participe au phénomène en postant à son tour des vidéos sur TikTok, Facebook ou Instagram pour informer les clients des nouveaux arrivages.

"Tout ce qu'on reçoit, on le vend immédiatement. Cela représente au total 700.000 pots écoulés chaque mois," indique Fabrice Jaubert. C'est plus que si l'on prend le chiffre cumulé du deuxième semestre de 2024, pendant lequel il s'était vendu 684.000 pots, selon un chiffre révélé par le journal Le Monde.

Ce n'est pas la première fois que la notoriété d'un produit naît sur les réseaux sociaux. Juste avant les Franui, au mois d'août, c'était la pâte à tartiner algérienne El Mordjene qui avait affolé la Toile. Elle avait toutefois été interdite peu de temps après, faute de respecter les normes européennes.

Fabrice Jaubert a son interprétation: "La situation sur le marché est désormais inversée: c'est le consommateur qui va en magasin pour réclamer un produit, ce qui remet en cause la toute puissance de la distribution, qui, jusqu'à maintenant, décidait seule de l'assortiment."

Une analyse corroborée par une étude de l'Institut Nielsen, citée par Le Monde, qui dit qu'en 2025 43% des consommateurs s'informent sur les produits alimentaires par le biais des réseaux sociaux.

À l'ère du numérique, la logique économique s'en trouve bouleversée: ce sont les réseaux sociaux qui créent la demande, et la demande qui crée l'offre.

Charlotte Méritan