"Illogique et aberrant": des producteurs français s'attaquent aux tomates cerises du Maroc

Des tomates cerises à moins d’1 euro en tête de gondole dans les supermarchés. C’est ce qui provoque la colère des producteurs français, car il s’agit de produits importés du Maroc. Ils dénoncent ce vendredi, devant les grandes surfaces et dans les rayons, ces tomates cerises venues de loin, cultivées dans des conditions bien différentes, et bien moins chères. Selon ces agriculteurs tricolores, la mention "Origine Maroc" n'est pas assez visible. Les manifestants collent donc de nouvelles étiquettes sur ces petites barquettes à 99 centimes qui remplissent les étals.
"On a des normes de plus en plus élevées et des coûts salariaux 17 fois plus élevés que le Maroc, explique Jean-Pierre Perez, producteur dans les Bouches-du-Rhône. On peut comprendre qu’on rentre de la marchandise hors saison. Mais quand on est en plein dans la production française, il est illogique et aberrant de faire faire 2.000 km à un kilo de tomates alors qu’on en a chez nous et qu’on en jette même. J’en ai jeté la semaine dernière, sept palettes de tomates grappes. Ce n’est pas concevable quand on parle de souveraineté alimentaire."
Un drapeau sur la barquette?
"Ce qu’on reproche, c’est qu’on a des tomates cerises marocaines qui sont présentes dans les rayons français 12 mois sur 12, alors que là on est en pleine saison de production française. Il y a des tomates cerises à 99 centimes (marocaines), alors qu’on a une offre française qui existe. Pour nous, c’est un dumping social et environnemental. Donc on demande aux enseignes qui mettent en avant ces produits de mettre plutôt en avant des produits d’origine France", ajoute Bruno Vila, secrétaire général de la fédération de producteurs Légumes de France, dans "Charles Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story.
Et ce dernier demande qu’un drapeau et une inscription plus grande du pays d’origine soient apposés sur les emballages. "Aujourd’hui, dans l’information pour le consommateur, qui plébiscite plutôt les produits français, on a un problème d’identification de l’origine sur les barquettes. La réglementation européenne oblige à avoir un caractère qui est de 2 mm pour l’information sur l’origine, sur la barquette. Il faut un drapeau, pour bien identifier l’origine du produit, et un caractère de minimum 15 mm. On a fait un sondage, 94% des consommateurs jugent non-identifiable l’origine de ces barquettes de tomates cerises."
"L’écart est énorme" entre les salaires au Maroc et en France
Quant au prix marocain, il est imbattable. Les producteurs Légumes de France avaient déjà alerté sur les marges abusives appliquées par la grande distribution sur les tomates. En mars, elles atteignaient 84% pour les productions françaises. "Au niveau social, il est clair que les salaires au Maroc sont complètement différents des nôtres, souligne Bruno Vila. On est sur 75 centimes de l’heure alors qu’en France, c’est 13,50 euros. L’écart est énorme. Et sur un produit comme la tomate cerise, qui est un petit fruit, il y a beaucoup de main d’œuvre pour la récolte. Cela crée un dumping social. Et au niveau des règles environnementales, vous imaginez bien qu’au Maroc, on ne produit pas dans les mêmes conditions qu’en France aujourd’hui. Donc on achète des produits qui ne sont pas produits de la façon dont on voudrait qu’ils le soient, avec ce qu’on s’impose nous-même en France."