"Le goût du sucre sans le sucre": que vaut Süvy, le nouvel édulcorant qui sortira en septembre 2025?

Des sachets de Süvy, un nouveau substitut naturel au sucre, lancé ce jeudi 19 juin 2025. - Emma Forton
"Le goût du sucre sans le sucre": c'est le pari que s'est lancé le groupe français Anjac, qui commercialise des produits de santé et de beauté, avec les Laboratoires Innovi.
Après plus de sept ans de recherche et développement, Alexandra Frégonèse, présidente des Laboratoires Innovi, a présenté ce jeudi 19 juin, "Süvy", un substitut naturel qui reproduit le goût et la texture du sucre, sans aucune des conséquences métaboliques du sucre raffiné.
Et pour cause, "le sucre est un accélérateur silencieux de déséquilibres majeurs", pointe-t-elle. Un adulte sur cinq dépasse la dose de 25 grammes de sucres libres par jour recommandée par l'OMS et deux enfants sur trois sont en surconsommation dès l'enfance.
Caries, inflammation des gencives, vieillissement de la peau, obésité, affaiblissement du système immunitaire, maladies chroniques... Chaque année, le sucre est responsable de la mort de 3 millions de personnes.
D'autant que les autres substituts du sucre, comme la stévia, l'aspartame ou le sucralose, sont également pointés du doigt pour leurs effets néfastes sur la santé: dégradation de la flore bactérienne intestinale et augmentation du risque de maladies cardiovascualaires et de diabètes.
Bien que 93% des Français considèrent le sucre comme une source de plaisir, 74% d'entre eux déclarent néanmoins surveiller leur consommation pour des raisons de santé.
"Révolution sucrée", "nouvel alphabet du plaisir", que vaut cette nouvelle alternative au sucre? RMC Conso vous éclaire.
L'association de deux ingrédients
Süvy, c'est "l'association maîtrisée de deux ingrédients, reconnus sûrs par les hautes autorités sanitaires mondiales (FDA, EFSA, JEFCA) avec plus de 60 ans de recul scientifique combiné", affirme la présidente des laboratoires Innovi.
Ce substitut est d'abord composé de fibres alimentaires fonctionnelles et solubles. "C'est une fibre fermentescible qui échappe à la digestion dans l'intestin grêle pour nourrir directement les bactéries du côlon. Peu de substances agissent à cet endroit. C'est ce qu'on appelle un prébiotique d'exception", détaille-t-elle.
À cela s'ajoutent des sucres simples d'origine végétale, issus des fruits ou du maïs sans OGM. Ceux-ci sont fermentés par un micro-organisme (Moniliella pollinis), naturellement présent sur les fleurs. Il transforme les sucres sans produire de sous-produits indésirables comme l'alcool.
Contrairement au sucre qui subit huit étapes dans son processus de fabrication, Süvy en a seulement quatre, mais celles-ci demeurent secrètes. Les fibres, comme les fruits, proviennent d'approvisionnements européens. Le tout fabriqué en France, à Layrac (Lot-et-Garonne).
"Tout le monde connaissait ces deux ingrédients mais personne n'avait imaginé les associer", se félicite Alexandra Frégonèse. Un process industriel unique, donc, protégé par un brevet, soit le 27ème pour les laboratoires Innovi.
Sans sucre, peu calorique...
Süvy présente de nombreux avantages. Déjà, il contient zéro gramme de sucre pour 100 grammes.
Ce substitut est aussi huit fois moins calorique que le sucre: 100 grammes de Süvy représentent 47,95 calories contre 400 calories pour le sucre. Il a également un index glycémique 36 fois plus bas que le sucre: 1,9 contre 70 pour le sucre.
À titre de comparaison, juste derrière, il y a le sirop de yacon qui a un indice glycémique de 1, le sirop d'agave (17), le sucre de palme (35), le sirop de dattes et le miel (50) et le sirop d'érable (54).

Ensuite, ses fibres "stimulent la croissance de bifidobactéries bénéfiques, améliorent la santé digestive et contribuent à la production d'acides gras à chaîne courte. Ces molécules sont reconnues pour réguler la glycémie, renforcer la barrière intestinale et moduler l'inflammation", développe-t-elle.
Ainsi, Süvy enrichit l'alimentation en fibres et les industriels peuvent mettre l'allégation EFSA "riche en fibres" sur leurs produits.
Le substitut au sucre est non cariogène et procure un effet de satiété supérieur au sucre. Il est également compatible aux régimes diabétiques. "Nous leur avons fait tester plusieurs recettes sucrées avec du Süvy et leur glycémie n'a pas bougé", souligne la présidente des laboratoires.
Un goût identique
Süvy s'utilise dans les mêmes conditions et dans les mêmes proportions que le sucre. Il s'intègre dans toutes les recettes sucrées, comme salées.
De nombreux chefs et pâtissiers comme Michel Dussau, Freddy Monier, Aurélie Doumenc ou encore Louise Proux l'ont déjà adopté, tout comme des professionnels comme la Maison Carletti avec des compotées de fruits sans sucre ajouté et Oh My Pop, qui est le premier acteur à avoir sorti un pop corn caramélisé sans sucre.
Côté consommateurs, Alexandra Frégonèse se targue d'une "unanimité pleine et entière", la première de sa carrière selon elle.
La promesse principale de Süvy est de reproduire le goût sucré. Nous avons donc pu tester de nombreuses recettes: thé glacé, confitures, chantilly, mousse au chocolat, pop corn, financiers, madeleines, truffes etc.
Effectivement, le résultat est impressionnant. Il n'y a pas de différence avec le sucre classique. La sensation en bouche est gourmande et nous n'avons pas ressenti un quelconque manque de sucre. Sur certaines recettes, le goût est même plus léger et moins écœurant. De quoi "se faire plaisir sans culpabilité", comme l'a répété la présidente des laboratoires à plusieurs reprises.
Des zones d'ombre
Ainsi, sur de multiples aspects, le produit est prometteur. Pour autant, quelques limites sont à souligner.
Déjà, "il n'y a pas la dénomination précise des ingrédients", pointe à RMC Conso Anthony Fardet, chercheur spécialiste de l'alimentation préventive et durable. "Y aurait-il quelque chose à cacher?"
D'après lui, ce substitut soulève deux problèmes liés aux deux ingrédients. D'abord, les fibres dérivées du glucose.
"Ces fibres solubles de glucose (terminologie plus poétique) pourraient cacher ce que l'on appelle la dextrine résistante de maïs. Dans ce cas, ce serait un marqueur d'ultra-transformation et les liaisons entre les molécules de glucose et l'amidon seraient réorganisées via un traitement thermique en milieu acide", explique-t-il.
De plus, il y a également une zone d'ombre du côté de l'autre ingrédient, les sucres issus des fruits et du maïs fermentés. "On ne sait pas quels sont les produits créés par cette fermentation", s'interroge le spécialiste. Sur le site de Süvy, il est seulement indiqué qu'il s'agit d'une "molécule cristalline, stable, au goût sucré intense".
Anthony Fardet se montre également vigilant quant à la reconnaissance de ces deux ingrédients par des organismes de santé. "Il faudrait avoir les études scientifiques derrière et leurs sources de financement. Par exemple, sur tous les additifs autorisés par l’EFSA, on constate pour certains aujourd’hui des risques pour la santé", nuance-t-il.
L'unique solution reste, selon lui, de respecter la dose journalière recommandée par l'OMS en limitant les apports caloriques en sucres libres à 5% (à savoir les sucres des jus de fruits et ajoutés), et en privilégiant les sucres naturels des fruits.
Plus de 6 euros les 250 grammes
Le produit est, dès à présent, accessible en pré-commande sur le site de Süvy. Il sera commercialisé au grand public à partir du 18 septembre prochain.
Le sachet de 250 grammes est affiché au prix de 6,10 euros, celui de 500 grammes à 10,50 euros et celui d'un kilo à 19,90 euros.
Un prix tout de même conséquent pour les consommateurs. Dans le commerce, le sucre en poudre est vendu en moyenne entre 1,50 et 3 euros les 650 ou 750 grammes. La stévia, quant à elle, peut aller de 3 euros à plus d'une dizaine d'euros.
Ce coût élevé de départ se justifie par la recherche et développement, mais aussi par des quantités encore réduites.
"Nos capacités industrielles sont en cours de déploiement. D'ici décembre, nous allons produire 4.000 tonnes et près de 100.000 tonnes dans les 12 prochains mois. Ainsi, quand les quantités vont augmenter, les prix vont mécaniquement baisser", conclut la présidente des laboratoires Innovi.