Les baguettes bientôt à 2 euros dans les boulangeries?

Depuis le début de l’année, 907 boulangeries ont mis la clé sous la porte. Et le seuil de 1.000 boulangeries, sur les 30.000 que compte la France, devrait être franchi d'ici la fin de l'année. Un chiffre en augmentation de 37% par rapport à l'année passée.
En cause, notamment, l’explosion des coûts de l’énergie. Depuis janvier, le gouvernement a bien mis en place un bouclier tarifaire pour les boulangers, en plus de report de charges et de cotisations, mais ces mesures prennent fin au 31 décembre. Le nombre de défaillances pourrait donc encore s’accroître.
L'énergie pèse plus que le blé et la main d'œuvre
Face à cette situation, beaucoup vont se voir contraints d’augmenter les prix et notamment celui du produit phare, la baguette de pain. Le prix de revient de la baguette est passé de 70 centimes à 1,40 euro en dix mois. L’énergie pèse désormais plus que le blé et la main d’œuvre. Les boulangers s’apprêtent donc à augmenter son prix d’au moins 30%. La baguette pourrait alors bientôt frôler les 2 euros.
Mais c'est une question de survie pour beaucoup d'artisans: "Je vends ma baguette tradition 1,20 euro, je l’ai baissée à 1 euro mais j’ai perdu beaucoup d’argent, je l’ai donc remontée", raconte sur RMC et RMC Story Merouan Bounekraf, ancien candidat de Top Chef et boulanger à Paris.
"Mes clients vont aller voir ailleurs"
La tradition, c’est le produit qu’il vend le plus. Cette baguette lui coûte 25 centimes à faire, avec des fournisseurs locaux. Mais c'est sans compter les salaires et les factures d’électricité qui se sont élevées à 11.000 euros l’année passée. "Si je passe ma baguette à 2 euros, je pense que mes clients vont aller voir ailleurs", craint-il, assurant être actuellement l'un des moins chers de son quartier.
Pour savoir jusqu'où les consommateurs sont prêts à aller, Maxime Lefebvre, boulanger à Amiens, a choisi laisser ses clients décider du prix de la baguette, avec un minimum de 60 centimes: "Il y a des clients qui continuent de payer le prix d'avant, 1 euro, une grosse moitié qui paie entre 60 et 80 centimes et quelques clients qui paient plus cher, certains ayant déjà déboursé 3 euros", raconte-t-il sur le plateau d'"Estelle Midi".
Malgré les aides, beaucoup d'artisans boulanger ont vu leur facture d'énergie multipliée parfois par trois. Pour survivre, certains ont été même été obligés de licencier leurs employés.