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"J'ai licencié pour payer les factures": depuis janvier, 907 boulangeries en défaillance

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INFO RMC. Depuis janvier dernier, 907 boulangeries ont été placées en liquidation ou en redressement. Une situation qui est notamment due aux prix de l'électricité, qui étranglent les boulangers.

Le tarif réglementé de l'électricité sera étendu en 2026 à toutes les TPE, a annoncé Bruno Le Maire mardi. Jusqu'à présent, les TPE grosses consommatrices, comme les boulangeries, en étaient exclues. Une bonne nouvelle pour ces artisans, mais l'attente de deux ans risque d'être longue pour certains.

En effet, selon un chiffre RMC, 907 boulangeries sont tombées en défaillance (liquidation ou redressement) depuis janvier, indique le cabinet Altarès. Un chiffre au plus haut depuis quatre ans. Et le seuil de 1.000 devrait être franchi d'ici la fin de l'année. À titre de comparaison, c'étaient 662 en 2022, soit une augmentation de 37%.

La colère des boulangers avait éclaté en janvier avec une manifestation inédite des artisans étranglés par des factures multipliées par deux, trois ou quatre. Pascal Hubert, boulanger de Seine-et-Marne, y était. Mais depuis, même si des aides permettent d'amortir la flambée, il paye toujours trop.

“J’ai été obligé de licencier deux personnes pour pouvoir payer ces factures d’électricité. Il y a des jours où je suis en difficulté pour les payer. Je suis toujours en retard. Je fais à peu près 80 heures, ma femme en fait 60 et on gagne 2.000 euros par mois à nous deux. J’ai 55 ans et je suis fatigué de ça”, confie-t-il.

Des factures multipliées par trois malgré les aides

Les dernières aides, qui ont permis de maintenir certaines boutiques à flot, s'arrêteront le 31 décembre. Pascal se demande ensuite comment tenir d'ici 2026. “Je fermerai peut-être”, envisage-t-il.

Le problème n’est pas réglé depuis l’hiver dernier, clame Frédéric Roy, un boulanger de Nice qui avait lancé la contestation avec son collectif pour la survie de l’artisanat.

“J’ai un collègue à 100 mètres de chez moi qui a fermé au mois d’août. Avec les aides, on s’est retrouvé avec des factures multipliées par trois au lieu de quatre. Mais ce qu’il faut voir, c’est que c’est quand même passé de 800 euros par mois à 2.400 euros”, pointe-t-il.

Et la promesse, face à ces difficultés, d'un tarif réglementé en 2026 dont il ne connaît pas le montant, ne suffit pas à le rassurer. Ni lui, ni la profession.

Nicolas Traino avec Guillaume Descours