Moulu, en grains, capsule ou soluble: quel café est le moins cher?

C'est le nouvel "or noir". Le café, boisson chaude préférée des Français, devient un produit de luxe. C'est, avec le chocolat, l'un des produits dont le prix a le plus augmenté en 2024. La hausse se poursuit en 2025.
Mais il en existe différents types, sous différentes formes, et à tous les prix. Moulu, en grains, capsule ou soluble, les tarifs vont parfois du simple au double. Alors, pourquoi de telles augmentations et de tels écarts de prix, et quel est le café le moins cher? RMC Conso a passé au crible les principales marques présentes en rayon.
Toutes marques confondues, c'est le café soluble qui revient le moins cher. Si son prix au kilo, qui peut dépasser 50 euros, semble particulièrement élevé, son coût à la tasse est bas pour une raison simple: il suffit de deux grammes de café pour remplir une tasse.
Soluble, le moins cher, capsule, le plus cher
Résultat, la tasse de café soluble coûte en moyenne 10 centimes. Le café soluble a beau nécessiter plus d'emballage (lorsqu'il est vendu à l'unité) et plus d'étapes de transformation (il s'agit de café moulu trempé dans l'eau, puis déshydraté, puis congelé et broyé), il représente la solution la plus économique pour boire du café.
Mais il est souvent de moins bonne qualité: les grains utilisés ne sont pas triés, il est la plupart du temps impossible d'en connaître l'origine... De plus, la variété arabica, plus consommée mais plus chère, peut être mélangée avec la robusta, moins chère, ce qui permet à l'industriel de réduire les coûts.
À l'inverse, le café le plus cher est celui vendu dans des capsules pour machine à expresso. Selon les marques, le prix moyen par tasse est de 25 à 30 centimes. C'est donc deux à trois fois plus cher que le café soluble.
Pour une qualité pas forcément meilleure qu'un simple café moulu: tout dépend de la sélection et l'origine des grains, pas toujours spécifiée sur l'emballage. La mouture du café utilisée pour ces capsules est par ailleurs plus fine, pour être plus appropriée au processus d'extraction des machines à expresso, qui donnent une boisson plus concentrée. Mais cela n'a rien à voir avec la qualité du café en tant que tel. Le prix s'explique surtout par l'emballage individuel, ainsi qu'une bonne dose de marketing.
Il est vrai que l'engouement pour ce mode de préparation du café, depuis la sortie des premières capsules Nespresso en 1994, faiblit peu, même si la tendance s'oriente désormais plutôt vers le café en grains et les machines qui intègrent un broyeur.
En grains ou moulu, 12 à 14 centimes la tasse
Cette mode a d'ailleurs un effet sur le prix du café en grains, légèrement plus onéreux que le café moulu: 14 centimes la tasse en moyenne pour le premier, 12 centimes pour le deuxième. Un constat contre-intuitif: le café en grains implique d'avoir du matériel pour le moudre soi-même, on pourrait donc le croire plus économique.
Autre explication de son prix, le café en grains est, cette fois, réputé de meilleure qualité: les grains sont sélectionnés, doivent être entiers, leur couleur indique le niveau de torréfaction... Tandis que lorsqu'il est déjà moulu, il devient bien plus compliqué de savoir si un café est de qualité.
Moulu, en grains, en capsule ou soluble, le prix du café augmente fortement depuis plusieurs années, en attestent les prix relevés par l'expert de la consommation Olivier Dauvers: un parquet de café moulu vendu aujourd'hui 5 euros coûtait seulement 3 euros en 2022. Cela revient à quasiment 70% d'augmentation en trois ans.
Offre en baisse, demande en hausse
Pourquoi? Parce que le cours du grain de café a fortement augmenté lui aussi: pour l'arabica, variété la plus consommée, cette hausse est de 110% sur un an. Et si les prix ne grimpent pas aussi vite en rayons, c'est parce que les industriels parviennent à amortir ces augmentations en baissant les coûts sur l'emballage, le marketing, etc.
La hausse du cours s'explique par une baisse de l'offre, en raison d'aléas climatiques, notamment des épisodes de sécheresse au Brésil, premier producteur mondial, mais aussi par une forte spéculation qui participe à faire monter les prix.
À l'inverse, la demande, elle, ne baisse pas. En France, c'est la boisson chaude la plus consommée: on en boit deux à trois tasses par jour et par personne.
Elle conquiert même des pays où elle était jusqu'alors moins populaire: la Chine, grosse consommatrice de thé, se met aussi au café. Sa consommation a augmenté de 40% en 5 ans, ce qui a un impact sur la demande mondiale de café.
Moins d'offre, plus de demande: à mesure que le café devient un produit plus rare et plus convoité, son prix augmente. Avec des conditions météorologiques de plus en plus compliquées en raison du dérèglement climatique, il est probable que son prix ne baisse pas de sitôt.