Prix alimentaires: "On refuse de retomber dans la guerre des prix" prévient la FNSEA

Pas question de revenir trop en arrière. Alors que les industriels ont été poussés à rouvrir des négociations avec la grande distribution pour mettre un coup de frein à l’inflation alimentaire, sous la pression du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, les agriculteurs ne veulent surtout pas être les victimes d’une baisse des prix dans les rayons. "On refuse très clairement de retomber dans la guerre des prix que nous avons subie pendant dix ans, qui a conduit à de la perte de valeur, de la déflation, explique le président de la FNSEA Arnaud Rousseau dans ‘Apolline Matin’ ce jeudi sur RMC et RMC Story. Il n’y a pas une entreprise, quelle qu’elle soit, qui peut voir ses prix baisser pendant dix ans. Ça a conduit, entre autres, car ce n’est pas la seule raison, à perdre près de 100.000 agriculteurs, 25% d’éleveurs. Ce que nous avons obtenu avec les lois Egalim nous a conforté dans la création de valeur au niveau de l’exploitation, avec la non-négociabilité de la matière première agricole."
Arnaud Rousseau a néanmoins conscience que des efforts doivent être faits pour soulager les Français. "D’un côté, on a des consommateurs qui nous disent qu’ils ont de plus en plus de mal à se nourrir et qu’ils sont obligés de faire des coupes, et ça nous pose un problème en tant que producteurs agricoles, reconnait-il. De l’autre côté, on a des agriculteurs qui ont un certain nombre de difficultés à faire vivre leurs entreprises. II y a un jeu classique entre la grande distribution et l’industrie agroalimentaire, ‘les marges ne sont pas chez moi’, ‘nous c’est le contraire’… Nous, ce qu’on dit, c’est qu’on a intérêt à remettre un peu de responsabilité pour faire en sorte qu’on conserve notre souveraineté française agricole et qu’on ne détruise pas de valeur pour ne pas voir des fermes disparaitre."
"Je voudrais appeler à la responsabilité des acteurs"
Alors que certains cours de matières premières, comme le blé, ont diminué ces dernières semaines, les étiquettes dans les rayons n’ont pas vraiment changé. "Le prix des pâtes n’est pas redescendu pour plusieurs raisons, indique Arnaud Rousseau, également président du groupe Avril, géant des huiles. On récolte du blé une fois par an. Les pâtes que vous avez en rayon en ce moment, ce sont souvent des pâtes qui ont été fabriquées il y a quelques années. Et puis, disons-le, il y a aussi parfois un peu de report de marge, de la part du distributeur. Je comprends qu’il puisse y avoir un peu de délais, mais il y a un petit jeu. Je voudrais appeler à la responsabilité des acteurs. On a besoin de continuer à fournir une alimentation de qualité au consommateur français. Et on a besoin de le faire à un prix abordable."
"Jusqu’à maintenant, les dix dernières années, quand un Français disposait de 100 euros, il mettait 13% dans l’alimentation, ajoute le président de la FNSEA. Ça ne permet pas à l’agriculture française de vivre. On est monté à près de 18%, et peut-être un peu plus dans les familles les plus modestes, et ça n’est pas supportable pour un certain nombre de nos compatriotes. On a besoin de se mettre autour de la table pour voir, entre ce 13% pas supportable pour l’agriculture et ce 18% pas supportable pour le consommateur, comment trouver une voie médiane."