Les arnaques au faux RIB vont-elles définitivement disparaître à partir du 9 octobre?

La fraude au virement est un fléau qui frappe de nombreux Français, et dont les montants détournés ne diminuent pas d'année en année. Au contraire. Dans la dernière édition de son Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, la Banque de France a évalué à 351 millions d'euros le coût total de ces escroqueries en 2024.
Cela représente une augmentation de 12% par rapport à 2023, où ces arnaques avaient représenté 312 millions d'euros. Malgré toute la prévention et les incitations à la vigilance faites autour de ces escroqueries, elles continuent de progresser. Il faut dire que leurs méthodes sont toujours plus sophistiquées.
La Banque de France distingue justement deux types de fraudes au virement. Celles "au détournement de virement", dans lesquelles le fraudeur va modifier une facture ou un ordre de paiement légitime pour récupérer les fonds et qui pèsent 52%, soit 182,5 millions d'euros.
Ainsi que celles "au faux virement" ou "par manipulation", où l'escroc entre directement en relation avec sa victime, en se faisant par exemple passer pour son conseiller bancaire. Et va la conduire à valider de faux ordres de virement. Celles-ci pèsent 39%, soit 136,9 millions d'euros.
Une vérification de l'IBAN à partir du 9 octobre
Heureusement, ces deux types d'arnaque pourraient prochainement connaître un important coup de frein. En effet à partir de ce jeudi 9 octobre, une nouvelle étape de sécurité va être mise en place au moment d'effectuer un virement. Les banques vont être obligées de mettre en place un système de vérification des bénéficiaires de virement.
Qu'est-ce que cela signifie? Concrètement, lorsqu'un des clients de cette banque (qu'il soit particulier ou professionnel) effectuera un virement, celle-ci devra vérifier la correspondance entre l'IBAN et le nom du titulaire du compte renseignés.
Si ces deux données ne correspondent pas, votre banque vous enverra une alerte avant de valider le virement. Cela peut être le cas si vous avez fait une faute de frappe dans l'un des 27 caractères de l'IBAN. Ou alors, si vous n'avez rentré que le prénom ou le surnom du bénéciaire au moment de l'ajouter plutôt que son nom complet.
À cet effet, la Fédération bancaire française conseille donc d'éviter d'indiquer un libellé personnalisé au moment d'ajouter un nouveau bénéficiaire. Les "Maman" ou "Électricien", c'est fini: les banques vont même demander de compléter ou corriger le noms et prénoms des bénéficiaires déjà enregistrés.
Un rempart contre les arnaques au faux RIB
Mais la bonne nouvelle donc, c'est que cette nouvelle méthode de vérification va être un solide rempart contre les arnaques au faux IBAN ou au faux RIB.
Souvent dans ce type d'arnaque que cybermalveillance.gouv.fr décrit dans une fiche, l'escroc parvient à usurper l'identité d'un créancier avec qui vous êtes en relation. Par exemple, un artisan qui vient d'effectuer des travaux chez vous et qui doit vous les facturer. Dans la plupart des cas, l'escroc a piraté l'adresse e-mail de votre artisan, et a identifié la transaction que vous devez effectuer.
Il vous enverra alors une facture avant même le commerçant légitime. Et celle-ci sera crédible car elle comportera vos informations personnelles. Ainsi qu'un RIB falsifié, contenant les coordonnées d’un compte bancaire qu’il détient, mais au nom usurpé de l'artisan.
Jusqu'à aujourd'hui, cette technique d'arnaque était particulièrement redoutable. La victime faisait le virement, et ne se rendait compte de la supercherie qu'une fois que le vrai commerçant lui réclamait la somme due. Mais désormais, elle pourra être facilement évitée.
Rester tout de même vigilant
En effet avec la nouvelle sécurité mise en place ce jeudi, le nom sur le RIB devra correspondre aux coordonnées du RIB (numéro de compte, code guichet etc). Donc, à moins que l'escroc ait ouvert un compte au même nom que l'artisan, ce qui paraît quand même plus compliqué, le virement frauduleux devrait être intercepté par votre banque avant que l'argent n'arrive sur le compte de l'escroc.
Si vous tentez d'effectuer un virement vers un compte frauduleux alors que vous avez rentré le nom de votre artisan, une alerte de votre banque s'affichera pour vous indiquer que ce nom et l'IBAN ne concordent pas. Il ne vous révélera cependant pas le nom du titulaire de ce faux compte. Vous aurez alors le choix entre renoncer au virement ou le poursuivre malgré tout.
Si ce message de votre banque s'affiche alors que vous êtes persuadé d'avoir bien rempli le nom du destinataire, vous devrez donc rester vigilant. D'abord, ne surtout pas valider l'opération. Si vous poursuivez, votre responsabilité sera engagée et votre banque refusera de vous rembourser en cas de fraude. Ensuite, prévenez le commerçant qui devrait normalement recevoir votre virement pour l'avertir de cette éventuelle tentative de fraude.