Avec la flambée des prix, faut-il indexer les salaires sur l'inflation? La question refait débat

Faut-il indexer les salaires sur l’inflation? Avec la flambée des prix, la question a fait son grand retour dans le débat public. Débat vigoureux, voire passionné. Les partisans d’une telle indexation assurent que faire évoluer les salaires au rythme de l’inflation, c’est d’abord préserver le pouvoir d’achat, qui, historiquement, ne progresse jamais grâce à la baisse des prix mais bien grâce à la hausse des salaires. Ce serait donc favorable à la croissance et ce serait entretenir un climat social plus serein dans les entreprises, et lutter contre la "smicardisation".
Indexer les salaires sur l'inflation signifierait garantir des cotisations et des impôts pour financer la protection sociale et les finances publiques. Et ça n’empêche pas de lutter contre l’inflation: dans les années 1980, les pays qui indexaient les salaires sur les prix ont aussi bien réussi à la juguler que les autres.
Une expérience pas concluante dans les années 1970
Que leurs répondent ceux qui ne veulent pas en entendre parler ? Qu’on a déjà essayé dans les années 1970, que le résultat a été catastrophique puisque s’est enclenchée alors la fameuse spirale prix salaire, les revalorisations salariales augmentant les coûts de production, poussant les entreprises à relever leurs prix, donc plus d’inflation et plus de salaires. Avec à la clé, un effondrement de notre compétittivité, de notre commerce extérieur et de notre industrie. Les détracteurs de la mesure rappellent également que le Smic est déjà indexé sur l’inflation et qu'il serait inutile d’aller plus loin.
Que nous apprend l’exemple belge?
Les employeurs belges l'utilisent très largement mais ce n’est pas une obligation légale. Si on regarde l’évolution des salaires depuis 20 ans, comme l'étudie le cabinet Asteres, il n'y a pas photo: l'augmentation du pouvoir d'achat des Belges a été d'environ 7% entre 2000 et 2022 contre près de 15% pour les Allemands et plus de 20% pour les Britanniques et les Français.
Parce qu’ils sont moins augmentés dans les périodes de faible inflation, qui sont majoritaires. Néanmoins, les hausses de salaires ont été plus importantes en Belgique qu'en France depuis deux ans, atteignant même 10% au premier trimestre 2023 contre 4,5% environ en France. Quand il y a un peu d’inflation, la Belgique s'en sort donc pas mal.