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Fraude bancaire: le "spoofing" en baisse, mais attention aux nouvelles stratégies des escrocs

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Au premier semestre 2024, les fraudes bancaires par manipulation sont en baisse, selon le bilan de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. Mais attention, en volume, les escroqueries restent nombreuses.

Le "spoofing", c'est fini? Cette arnaque qui consiste à faire apparaître le numéro de la banque sur le téléphone de la victime, alors que c'est en fait un "faux conseiller bancaire", escroc, au bout du fil, provoque beaucoup d'émoi depuis quelques années.

Or, avec le développement du Mécanisme d'Authentification des Numéros (MAN), déployé par les opérateurs téléphonique depuis le 1er octobre 2024, "le spoofing a quasiment disparu, les banques nous le confirment", affirme Julien Lasalle, secrétaire de l'observatoire de sécurité des moyens de paiement, lors de la conférence de presse présentant le bilan de la fraude au premier semestre 2024, ce mardi 21 janvier.

Ce système, qui consiste, pour les opérateurs, à bloquer l'appel lorsque le numéro de l'appelant ne correspond pas au numéro affiché sur le téléphone de l'appelé, semble donc porter ses fruits. Pour le moment efficace uniquement sur les numéros de fixe, il devrait être étendu aux numéros de mobile d'ici la fin du mois.

Baisse des fraudes par manipulation

Un résultat dont se félicite l'Observatoire, qui constate, plus globalement, une baisse des fraudes aux moyens de paiements scripturaux en valeur (-1%, à 585 millions d'euros, contre 590 au premier semestre 2023), et, pour la première fois, un repli des fraudes par manipulation.

Après avoir explosé entre 2021 et 2023, elles passent de 197 millions d'euros escroqués au deuxième semestre 2023, à 179 millions d'euros au premier semestre 2024.

"Le repli que nous observons pour la première fois sur la fraude par manipulation est un signe très encourageant que les actions promues par l’Observatoire commencent à porter leurs fruits," déclare Denis Beau, Sous-gouverneur de la Banque de France et Président de l'Observatoire, dans un communiqué.

Parmi ces actions, outre le MAN, l'Observatoire insiste sur l'efficacité des campagnes de sensibilisation des utilisateurs ainsi que celle de l'authentification forte, en place depuis 2021, qui oblige les usagers à utiliser la reconnaissance faciale, biométrique ou la validation à l'aide d'un code reçu par SMS pour autoriser un paiement.

La fraude au chèque baisse également de 20%, en raison, d'une part, de la baisse significative de l'utilisation du chèque comme moyen de paiement, mais aussi d'une meilleure détection par les banques des encaissements frauduleux (déjoués aujourd'hui dans 40% des cas).

Fraudes moins grandes, mais plus nombreuses

Les mesures de protection des consommateurs doivent néanmoins se poursuivre et se renforcer, étant donné la hausse, en volume, du nombre de transactions frauduleuses (+12%), signe que, bien que moins impressionnantes en termes de montants dérobés, les escroqueries sont de plus en plus nombreuses.

95% des fraudes sont réalisées sur des opérations par carte bancaire, et c'est notamment à distance et sur Internet que les paiements sont les plus risqués. Par ailleurs, malgré la baisse, les escroqueries par manipulation représentent toujours 30% des fraudes.

L'Observatoire met donc en garde contre les stratégies des escrocs pour contourner les mesures de protection, notamment l'utilisation de numéros de téléphone portable pour piéger leurs victimes (en attendant que le MAN soit étendu aux 06 et 07).

Autre fraude encore très répandue (elle représente 55% des fraudes au chèque): la fraude à la mule, qui consiste à faire encaisser un chèque volé par une victime qui se retrouve complice, cette dernière ne sachant pas que le chèque est volé, puis à lui faire reverser les fonds par virement sur un compte frauduleux. Là aussi, les techniques de manipulation sont utilisées pour mettre la victime en confiance et lui faire croire que le chèque est authentique.

Pour lutter contre ce phénomène, l'Observatoire entend travailler sur "la sécurisation de l'acheminement des chéquiers, aujourd'hui trop souvent dérobés dans les boîtes aux lettres" et "l'accessibilité des processus de mise en opposition".

Les deepfakes inquiètent

Enfin, les deepfakes représentent une menace particulièrement inquiétante en termes de fraude bancaire. Il s'agit de l'utilisation de la voix ou de l'image d'un proche ou d'une célébrité dans le but de soutirer de l'argent.

Ces techniques utilisant l'intelligence artificielle "explosent en Asie", explique Julien Lasalle, et pourraient se répandre en France. L'histoire d'Anne, arnaquée par un faux Brad Pitt et qui a perdu 830.000 euros, a particulièrement choqué ces jours-ci.

"Nous comptons néanmoins sur la mise à contribution de ces nouvelles technologies d'intelligence artificielle pour renforcer par ailleurs les capacités d'indentification et de blocage des attaques frauduleuses," assure Julien Lasalle.

L'Observatoire rappelle par ailleurs les réflexes à avoir pour se prémunir des arnaques bancaires:

  • Gardez en tête qu'aucune administration n'envoie de message via un 06 ou un 07.
  • Vous n'avez jamais besoin de faire une quelconque manipulation sur votre téléphone pour bloquer une fraude (si une personne au téléphone prétend le contraire, c'est qu'il s'agit d'un escroc).
  • Ne cliquez jamais sur des liens envoyés par SMS, e-mail ou dans des publicités, allez sur les sites internet par vos propres moyens.
Charlotte Méritan