Livret A, assurance-vie, actions: votre épargne est-elle menacée par le contexte économique?

Des billets et des pièces (Photo d'illustration). - AdobeStock
Un lundi noir pour les marchés financiers. Ce lundi 7 avril, la plupart des bourses du monde entier ont connu de très mauvaises séances. Le CAC 40 a chuté de 4,78% ; le Dax allemand de 4% ; le Nikkei japonais de 7,8% et la bourse de Hong Kong s'est même effondrée à -13%.
Ces dégringolades sont une conséquence directe de l'annonce ce mercredi 2 avril de nouveaux tarifs douaniers par Donald Trump. Un coup dur porté à l'économie mondiale donc... mais aussi aux épargnants français. Ces derniers, surtout s'ils ont des placements constitués d'actions, peuvent avoir eu des sueurs froides.
Pourtant d'après l'économiste Philippe Crevel interrogé par RMC Conso, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Le point par type de produit.
Livret A, LEP, LDDS: aucun risque
Les conditions de fonctionnement ainsi que les rémunérations des livrets d'épargne réglementée sont fixées par les pouvoirs publics. "Leurs taux ne sont pas en relation avec le marché ou le CAC 40, ils ne sont donc absolument pas sujets aux variations du cours des actions", clarifie Philippe Crevel.
Si vous aviez un doute, rassurez-vous donc: l'épargne que vous avez sur votre Livret A est, de fait, épargnée. La Bourse pourrait encore chuter que toujours votre bas de laine sera rémunéré à 2,4% (le taux actuellement en vigueur du Livret A).
Il en va de même pour les trois autres livrets d'épargne réglementée. Le Livret de développement durable (LDDS) et son taux également à 2,4%; le Livret d'épargne populaire (LEP) rémunéré 3,5%; le Livret jeune, à 2,4%. Autre produit d'épargne réglementée, le PEL (Plan d'épargne logement) n'est pas du tout affecté par cette crise.
Assurance-vie: cela dépend
L'assurance-vie est un placement très plébiscité par les Français. Près de la moitié d'entre eux en ont une. C'est moins que le Livret A, détenu par 81% d'entre eux, pourtant l'assurance-vie pèse beaucoup plus lourd. "L'assurance-vie représente un encours total de 2.038 milliards d'euros, contre environ 400 milliards pour le Livret A", informe Philippe Crevel.
L'économiste, directeur du Cercle de l'épargne, rappelle que ce placement comporte deux supports différents. Les fonds en euro, et les unités de compte (UC).
"Les fonds en euro, qui pèsent 72% de l'encours total, sont majoritairement investis en obligations et garantissent donc le capital. En revanche les unités de compte, qui représentent donc 28% de cet encours, sont souvent des actions. Auquel cas elles seront exposées. Mais certaines unités de compte sont obligataires, ou en fonds immobiliers et donc non concernées", explique-t-il.
Ainsi une assurance-vie constituée uniquement de fonds euros ne sera absolument pas affectée. Tandis qu'une composée seulement d'unités de compte pourrait avoir subi une perte de performance si ces UC sont des actions.
Philippe Crevel remarque qu'en France, les trois quarts des contrats d'assurance-vie sont multisupports. "Souvent il y a 60% en fonds euros et le reste en UC, mais cela varie beaucoup d'un contrat à l'autre", note-t-il. En conclusion donc, pour ce type de placement, la menace est fluctuante selon la composition de notre assurance-vie.
Les détenteurs d'actions affectés, mais pas d'inquiétude
Les plus concernés par la chute des marchés boursiers sont de fait les investisseurs individuels. Ceux qui, par l'intermédiaire d'un PEA (Plan d'épargne en actions), un compte-titres, ou comme susmentionné une assurance-vie en unités de compte, détiennent des actions.
Ces derniers jours les quelque 7 millions de Français détenant un PEA (chiffres de la Banque de France à fin 2023) ont dû enrager de voir leurs valeurs s'effondrer. Il y a de quoi: cela représente bel et bien de l'argent perdu à cet instant T. Malgré tout, Philippe Crevel rassure:
"C'est une perte d'argent virtuelle. Elle serait effective si le détenteur de ce PEA sortait maintenant. Mais il n'aurait aucun intérêt à le faire: les fluctuations sur le marché action sont légion et tout porte à croire que cela va remonter durablement. Les pertes du Covid en 2020 avaient par exemple été effacées en quelques mois", rappelle l'économiste.
L'actualité lui donne raison. Dès ce mardi, les marchés sont repartis à la hausse. Le CAC 40 a ouvert à +1,6% ; le NASDAQ américain à +3%.
Le moment d'investir?
Pour Philippe Crevel, malgré la torpeur actuelle, c'est le moment idéal pour ouvrir un PEA et acquérir quelques valeurs. "Il vaut mieux acheter quand il y a eu une baisse que quand c'est au plus haut", conseille-t-il.
Si vous envisagez donc de vous lancer en Bourse, ayez tout de même certaines choses à l'esprit. Tout d'abord, la règle d'or: ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ne mettez surtout pas toutes vos économies sur ce placement qui, il faut toujours le rappeler, est risqué.
Avant de vous lancer, constituez-vous une épargne de précaution, liquide et donc prête à être mobilisée. "Il est souvent dit qu'on doit toujours avoir l'équivalent de deux ou trois mois de salaire à disposition, pour face à toute dépense imprévue", insiste Philippe Crevel. Veillez à avoir cette somme sur un livret d'épargne réglementée par exemple.
Si vous avez bien cette somme de côté, le directeur du Cercle l'épargne vous encourage à passer le cap de l'ouverture d'un PEA (ou d'une assurance-vie) le plus vite possible.
En effet, les régimes fiscaux de ces deux produits ont la particularité d'évoluer au bout de 5 ans pour le PEA, 8 ans pour l'assurance-vie. "Même en versant très peu dessus, vous avez tout intérêt à verser au plus tôt pour enclencher ce délai. Et d'ici 5 ou 8 ans, vous mettrez éventuellement plus", suggère Philippe Crevel.