Dans ces villes, l'eau coûte plus cher l'été: voici pourquoi

De l'eau du robinet (illustration). - JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Depuis le 1er juin, les habitants de Toulouse et ses environs payent leur consommation d'eau 42% plus cher que d'habitude. Et ils payeront ce prix correspondant à 4,40 euros le mètre cube, jusqu'au 31 octobre 2025.
La métropole de Toulouse a effectivement décidé de mettre en place une tarification de l'eau pour le deuxième été consécutif. À partir du 1er novembre pour sept mois, les quelque 800.000 habitants de cette collectivité payeront de nouveau un prix bas, 30% moins cher que d'habitude.
Cette mesure a été prise afin de préserver la ressource en eau du territoire. Ce dernier est fort dépendant de sa principale source d'eau potable, la Garonne, laquelle peut subir des étiages lors de périodes de sécheresses. Et elles sont plutôt récurrentes en été.
320 piscines olympiques économisées à Toulouse
En 2024, la première expérimentation de cette tarification saisonnière a été concluante. D'après le maire de la Ville rose Jean-Luc Moudenc, elle a permis d'économiser 800.000 mètres cube d'eau potable, sur une consommation de 52,5 millions en 2024. Soit l'équivalent de 320 piscines olympiques.
Devant une telle économie d'eau, d'autres communes et collectivités pourraient être tentées de mettre en place une tarification similaire. C'est d'ailleurs déjà le cas d'après Régis Taisne, Chef du département Cycle de l’eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).
"Nos adhérents nous manifestent un intérêt de plus en plus important", confirme-t-il. La FNCCR étant une association nationale rassemblant les syndicats en charge de l'assainissement et la distribution de l'eau.
Ce spécialiste relève d'ailleurs que l'initiative de Toulouse Métropole a beau être un événement dans la mesure où c'est l'intercommunalité de la quatrième ville de France, elle n'est pas pour autant précurseure. Dès les années 1990 certaines collectivités comme celle du Sud Pays Basque (Hendaye et Saint-Jean-de-Luz) ont mis en place une tarification saisonnière de l'eau.
Des collectivités déjà à la tarification saisonnière
Derrière, bien d'autres ont suivi, notamment à partir de 2006. Cette année-là, la loi sur l'eau et les milieux aquatiques et son article 57 ont prévu explicitement la possibilité pour des collectivités de facturer de cette manière.
"Dans les communes où l'équilibre entre la ressource et la consommation d'eau est menacé de façon saisonnière, le conseil municipal ou l'assemblée délibérante du groupement de collectivités territoriales peut définir des tarifs différents selon les périodes de l'année", écrit ce texte de loi.
Avec ce blanc-seing, beaucoup de communes s'y sont mises. Guingamp-Paimpol Agglomération dans les Côtes-d'Armor, la Communauté de communes du Pays fouesnantais dans le Finistère, Grasse et Bandol sur la Côte d'Azur, les communes du littoral des Landes... Régis Taisne en compte "quelques dizaines" en tout. Mais sur plus de 8.000 entreprises de service public de l'eau à travers le pays. Pas encore un raz-de-marée donc, "mais les choses sont en train d'évoluer".
L'ensemble des villes listées et ayant mis en place cette tarification saisonnière ont la particularité d'être balnéaires. Le responsable Eau de la FNCCR constate que si elles ont fait ce choix à l'époque, c'était davantage dans un souci d'équité entre les usagers permanents et saisonniers.
En effet dans ces communes, de nombreux touristes viennent l'été, ce qui crée une hausse de la demande en eau. Proposer un tarif plus bas le reste de l'année aux résidents permanents permet de ne pas faire peser sur eux le poids de cette hausse temporaire.
Préservation de la ressource: un enjeu plus prégnant
L'autre enjeu pouvant justifier une tarification saisonnière est celui de la préservation de la ressource. Il était certes déjà dans les esprits au moment où ces communes l'ont mise en place, mais moins prégnant.
Aujourd'hui la tendance s'inverse. Si les collectivités veulent instaurer une tarification saisonnière, c'est de plus en plus pour réduire la pression sur leurs ressources d'eau lors des sécheresses. L'exemple de Toulouse, ville dont la population ne varie pas autant entre l'été et l'hiver, en est l'illustration.
Il faut donc s'attendre à ce que dans les années à venir d'autres l'imitent. Cela prendra toutefois un peu de temps. D'après Régis Taisne, une condition pour pouvoir instaurer de manière efficace une tarification saisonnière est que la ville soit équipée de compteurs à eau connectés et communicants.
La norme d'ici quelques années?
Toutes les communes qui manifestent leur intérêt pour la tarification saisonnière n'en sont pas équipées. Il faut donc qu'elles prévoient au préalable un programme de mise en place de ces compteurs.
"Entre le moment où une collectivité se dit qu'une tarification saisonnière répondrait bien à ses usages et besoins, et celui où elle la met en place, cela peut prendre plusieurs années", remarque le Chef du département Cycle de l’eau de la FNCCR.
En résumé, la tarification saisonnière de l'eau pourrait bien devenir la norme naturellement sous l'effet de l'engouement des collectivités. Mais ce n'est pas pour tout de suite.
En outre, il est très peu probable que cela soit généralisé par le biais d'une législation. Les collectivités disposent d'une liberté sur la tarification de leur service public de l'eau, et si elles mettent en place la tarification saisonnière, cela restera sur la base du volontariat.