Shrinkflation dans les rayons: quelques clés pour identifier les produits concernés

Le prix d'un produit reste le même mais sa quantité diminue. - Christophe SIMON / AFP
Largement dénoncée par les associations de consommateurs, dont Foodwatch et l’UFC-que choisir, la "shrinkflation" est pourtant complètement légale. Son nom est le résultat de la contraction de “shrink” qui signifie “rétrécir” en anglais, et inflation.
"Une réduction de taille de 10 à 20% permet, l’air de rien, de réaliser de jolies économies à l’insu des consommateurs lorsque les prix grimpent jusqu’à +37% au litre ou au kilo tandis que les prix à l’unité augmentent bien moins”, déclare Camille Dorioz, directeur des campagnes de foodwatch.
Dans une étude publiée le 12 décembre dernier, Ipsos révèle que 67% des Français jugent cette pratique comme étant inacceptable. RMC Conso vous livre alors quelques clés pour vous repérer dans les rayons de supermarchés.
Des exemples de shrinkflation
• Le fromage Kiri
Les petites portions de fromage de la marque Kiri sont passées de 20 à 18 grammes il y a un an et demi. "Chez Auchan, le prix à l’unité ne semble pas avoir changé, mais le prix au kilo a augmenté de 11%”, a déclaré Foodwatch.
Dans la foulée, le groupe Bel, propriétaire de la marque, a justifié cette baisse de grammage en expliquant avoir changé la recette de son fromage phare. Cela aurait nécessité des investissements "conséquents pour mettre au point cette recette". L'entreprise a affirmé avoir voulu "trouver le meilleur équilibre entre format, prix et valeur ajoutée pour le consommateur".
• Les boîtes de chocolat Pyrénéens Lindt
Les boîtes de chocolats au lait Pyrénéens de Lindt ont été amputées d’environ six bouchées. Ils sont passés de 30 à 24 grammes l’unité, ce qui réduit de 20% le poids global de la boîte. Alors que le prix au kilo, relevé par Foodwatch chez Carrefour, a bondi de 30 % depuis 2020.
Pour expliquer cette hausse, Lindt France a expliqué que “le prix au kilogramme a augmenté, reflétant la volatilité et la hausse des coûts de [ses, N.D.L.R] opérations”, selon un courrier envoyé à l'association.
• Le sirop de grenadine Teissere
La marque a réduit de 20% le volume de son sirop de grenadine. Ce dernier est passé de 75cl à 60cl. “Son prix de vente au litre chez Carrefour a, lui, bondi de plus de 37% tandis qu’à l’achat le prix d’une bouteille n’a augmenté que de 12%”, détaille Foodwatch. Le groupe justifie ce changement en invoquant la forte augmentation du prix du sucre.
Observer le poids et le prix au kilo
Bien que légale, cette méthode marketing est complétement déloyale envers les consommateurs. Pour cause, elle fausse complètement les critères d’achat des clients. Pour ne pas tomber dans le piège, il est essentiel d’être assez vigilant sur le poids des produits achetés. Si vous constatez une baisse de grammage et un prix maintenu ou revu à la hausse, il est très probable que l’article soit concerné par ce phénomène.
Le prix au kilo est également à surveiller. Il doit même vous servir de référence au moment de vos achats. N’hésitez pas à analyser le paquet d'emballage en vous focalisant sur le poids réel du produit souvent indiqué au dos du produit. Appliquer ce réflexe permet de faire ses courses en connaissance de cause.
Repérer les étiquettes
Dans l’attente d’une avancée du projet de loi porté pour lutter contre la shrinkflation, Carrefour a décidé d’apposer des affiches pour pointer du doigt les denrées concernées par le phénomène. “Ce produit a vu son grammage baisser et le tarif pratiqué par notre fournisseur augmenter. Nous nous engageons à négocier ce tarif ”, dénoncent-elles.
Si l’initiative a été saluée par son concurrent Michel Édouard-Leclerc, président du groupe du même nom, elle a surtout été épinglée par 60 Millions de consommateurs. L’association a dénoncé une vaste opération de communication: "Ils sont gonflés de faire tout ce tambourinage autour de l’inflation masquée, alors qu’eux-mêmes ont démarré au mois de mai."
Préférer les produits en vrac
Pour éviter de tomber dans le piège de l’emballage à moitié vide ou de l’étiquetage trompeur, la meilleure des solutions reste sans doute l’achat en vrac. En effet, le consommateur peut doser son produit à sa convenance.
Cela permet non seulement d’éviter le gaspillage, mais aussi de limiter l’usage du plastique. Mais cette pratique a ses limites, puisque tous les produits ne sont pas vendus au vrac.