Crédit renouvelable, prêt personnel, microcrédit: quel emprunt privilégier en cas de difficultés financières?

Plus on est pauvre, plus on paye cher. C'est la conclusion d'une étude de l'association Action Tank Entreprise et Pauvreté, publiée fin janvier. L'association a démontré que certains services étaient beaucoup plus onéreux pour les personnes dans des situations de précarité, à l'instar du logement: si l'on considère le prix au mètre carré, il est plus élevé pour les petites surfaces.
Mais cela vaut aussi pour le budget mobilité: les personnes en difficultés financières vont plus souvent se tourner vers des véhicules d'occasion anciens, avec beaucoup de kilomètres au compteur, car ils sont plus abordables à l'achat. Le problème étant que les réparations nécessaires pour ce type de véhicule sont plus fréquentes et plus chères.
L'étude évalue à 745 euros le surcoût annuel à services équivalents pour les personnes dans la précarité.
Côté bancaire, être dans le rouge, entre les agios et les commissions d'intervention, peut coûter plusieurs dizaines d'euros par mois. De plus, le risque que représentent les personnes qui ont des difficultés financières pousse les banques à refuser leurs demandes de prêt ou à leur imposer des taux élevés.
Emprunter pour combler ses dettes
Pour s'en sortir, de nombreuses personnes tentent tout de même de recourir au crédit, à l'instar d'Adama. Après la perte de son emploi, cette maman célibataire de 42 ans s'est retrouvée avec un impayé de loyers de trois mois. Seule solution pour régler sa dette: emprunter de l'argent. Mais face à sa situation financière, la plupart des banques rejettent sa demande.
"Tous les organismes me demandaient mes fiches de paie, et quand je leur disais que j'étais sans emploi, c'était un refus. J'ai essuyé je ne sais combien de refus. Jusqu'à ce qu'un organisme accepte enfin de me faire un crédit, mais c'était un crédit renouvelable, avec un fort taux d'intérêt. Je n'avais pas d'autre choix alors j'ai accepté" explique-t-elle à RMC Conso.
Crédit renouvelable
Le crédit renouvelable, anciennement crédit revolving, constitue une réserve d'argent pour ceux qui y souscrivent: il est possible de débloquer l'argent petit à petit, et chaque échéance de remboursement vient renflouer le crédit de départ, ce qui permet de piocher à nouveau dans la réserve... à l'infini? Plus depuis qu'il a été réformé, en 2010. Désormais, sa durée maximum est de 5 ans pour les crédits de plus de 3000 euros.
Son fonctionnement simple, qui donne l'impression à ses utilisateurs d'avoir toujours un peu de trésorerie de côté et la facilité avec laquelle il est octroyé (plus grande que pour d'autres types de crédits à la consommation) en fait un crédit souvent utilisé par les personnes qui rencontrent des difficultés financières.
Un taux d'intérêt de 20%
Le problème, c'est qu'il est très désavantageux lorsqu'on s'en sert sur une longue période: son taux d'intérêt est particulièrement élevé, autour de 20%. Plus le temps de remboursement est long, plus, évidemment, il coûte cher. Résultat, on le retrouve dans 47% des dossiers de surendettement, selon les chiffres de la Banque de France.
Par exemple, si l'on débloque 3000 euros sur une réserve de 6000 euros, remboursés en 5 ans environ, on rétrocédera au total environ 4600 euros (hors assurance).
Coût variable
Mais il est en réalité quasiment impossible de connaître son coût au moment de la signature du contrat: son taux est variable et peut baisser comme augmenter tous les mois en fonction d'un taux de référence.
Par ailleurs, il dépend du montant débloqué, de la réserve d'argent restante, du montant des échéances qui peuvent parfois être modulables... son caractère opaque en fait un outil dangereux à long terme.
C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que le législateur a décidé de mieux l'encadrer il y a 14 ans. Il était à l'époque surnommé le "subprime à la française".
Préférer un prêt personnel
Désormais, l'organisme financier est censé toujours proposer une alternative au crédit renouvelable. Pourtant, Adama nous certifie qu'on ne lui a pas laissé le choix entre deux offres. Un prêt personnel, dont le taux fluctue entre 5 et 10% (en fonction de l'organisme, du montant emprunté et de la durée de remboursement), lui aurait coûté au moins deux fois moins cher.
Un crédit existe toutefois pour les personnes précaires. Il s'agit du microcrédit personnel ou microcrédit social (à ne pas confondre avec les mini-crédits): un crédit qui s'adresse aux personnes exclues du système bancaire.
Il peut aller jusqu'à 8000 euros et sert à financer un projet personnel (cela peut être l'achat d'une voiture comme d'électroménager, en revanche il ne peut pas contribuer à combler des dettes). Il est moins cher que les crédits à la consommation classiques avec un taux d'intérêt autour de 4%.
Pour y recourir, il faut nécessairement passer par un service d'accompagnement social ou une association spécialisée, qui servira d'intermédiaire. Vous pouvez retrouver l'annuaire des structures sur le site de la Banque de France.