Netflix, Spotify, YouTube Premium... Partager ses abonnements avec d'autres usagers, vrai bon plan?
780 euros. C'est la somme que l'on dépense en moyenne par an pour divers abonnements, que ce soit aux plateformes de SVOD comme Netflix ou Disney+, aux fournisseurs de streaming audio comme Deezer et Spotify ou à des logiciels de nettoyage d'ordinateur, etc.
Or, ce montant pourrait être largement réduit si l'on mutualisait ses abonnements et que l'on partageait les frais afférents. L'idée, presque aussi vieille que les plateformes elles-mêmes, d'échanger les mots de passe de ses comptes avec ses copains, est passée de stratagème peu moral à véritable activité professionnelle à part entière.
Aujourd'hui, plusieurs plateformes jouent en effet les intermédiaires entre détenteurs de services en tous genres, qui souhaitent partager le coût de leurs abonnements, et curieux qui souhaitent s'abonner à ces services sans en payer le prix fort.
Concurrence déloyale?
Évidemment, l'idée a d'abord fortement déplu aux fournisseurs de services, qui y ont vu une manière de détourner leurs systèmes et une concurrence déloyale.
"Quand on est arrivé sur ce marché, en 2019, on était les premiers et on a payé les pots cassés: on a été attaqué en justice par Netflix, Disney et Apple," raconte à RMC Conso Jonathan Lalinec, fondateur de Spliiit, une des principales plateformes de partage d'abonnements.
"Désormais, les plateformes se sont adaptées à ce nouveau modèle en proposant des offres multi-utilisateurs qui permettent le partage de compte. Et elles sont gagnantes, car les abonnés aux offres groupées résilient moins leurs abonnements que les autres," affirme de son côté Jean-Brice de Cazenove, fondateur de Sharesub, joint par RMC Conso.
Exit le temps où l'on partageait simplement adresse e-mail et mot de passe de connexion, la plupart des plateformes ont mis en place des systèmes de sécurité pour empêcher que l'utilisation d'un seul compte ne soit possible par plusieurs personnes.
Offres multi-utilisateurs
Netflix a été la première à le faire: sur l'offre premium, on peut ajouter un utilisateur pour quelques euros mensuels supplémentaires. Sans ce surcoût, impossible de partager son compte. Au mieux, la formule revient à 12 euros par personne, contre 13,49 euros l'abonnement classique et 19,99 euros l'abonnement premium.
Les plateformes ont donc créé des offres duo, trio, famille, un peu plus onéreuses mais qui restent avantageuses lorsqu'elles sont partagées. De quoi, finalement, trouver un juste milieu, même si la notion de "famille" ou de "foyer" induite par ces offres semble un peu... galvaudée. À moins de considérer que trois personnes réunies grâce à un site de partage d'abonnements forme un genre de famille.
Ce sont uniquement ces offres "multi" qui sont proposées en partage sur Spliiit et Sharesub. Parmi les abonnements les plus partagés, les mastodontes Netflix et Disney, bien sûr, mais aussi d'autres services plus surprenants, comme les plateformes d'apprentissage de langues étrangères en ligne, les services de nettoyage de PC, ou encore le logiciel de conception graphique Canva.
50% d'économies
Et les plateformes de partage assurent que le consommateur est gagnant à tous les coups:
"Une personne qui paye 733 euros d'abonnements par an peut faire 368 euros d'économies avec Sharesub," assure Jean-Brice de Cazenove. Chez Spliiit, le chiffre avancé est proche: "entre 250 et 300 euros d'économies par an".
Diviser par deux le coût de ses abonnements, tandis qu'avec la généralisation de ce modèle économique et l'explosion des plateformes de streaming, les prix ne cessent d'augmenter (+87% pour Netflix entre 2020 et 2024, +100% pour Disney), séduit de plus en plus de consommateurs.
Spliiit et Sharesub règnent aujourd'hui sur le marché français et se targuent d'un nombre d'utilisateurs total de près de deux millions à travers l'Europe (500.000 pour Sharesub et 1,5 million pour Spliiit).
Pour s'inscrire, il suffit de créer un compte et d'aller rechercher dans les petites annonces de ceux qui proposent des abonnements à partager, ou bien de créer une annonce soi-même pour partager un abonnement déjà en cours.
Les deux plateformes se rémunèrent en prélevant une commission sur les abonnements: 90 centimes par co-abonnné pour la première, 99 centimes +5% sur le montant de l'abonnement ou bien un forfait annuel de 29 euros pour la deuxième.
Un système "100% sécurisé" selon les acteurs
De quoi faire grandir ces entreprises florissantes (un chiffre d'affaires de deux millions d'euros pour Spliiit, et l'entrée de la start-up Superprof à son capital) et permettre un fonctionnement que Jonathan Lalinec et Jean-Brice de Cazenove assurent ultra-sécurisé.
Dans les deux cas, les fonds des abonnés transitent par les plateformes pour être ensuite versés sur les comptes du détenteur de l'abonnement.
"On s'assure que l'abonnement existe bien, que tout se passe bien, avant de débloquer l'argent, et on arbitre en cas de litige," indique le fondateur de Sharesub.
Des contrôles sont par ailleurs réalisés pour s'assurer que les personnes qui proposent leurs abonnements à partager les ont bien souscrits depuis la France et ne s'enrichissent pas via ces partages.
"C'est le même prinicpe que le covoiturage, il n'y a pas de commercialisation possible," explique Jonathan Lalinec.
Quant à la crainte de laisser des inconnus épier les contenus que l'on regarde, elle est obsolète, promet Jean-Brice de Cazenove.
"Sur 90 à 95% des plateformes, on ne peut désormais rejoindre un compte que via un lien d'invitation, qui donne un accès privé à la plateforme: on est le seul à pouvoir savoir ce qu'on a visionné et on ne peut pas voir ce que visionnent les autres. La seule chose que l'on partage, finalement, ce sont les frais d'abonnement."
Évidemment, comme pour toute transaction en ligne, quelques règles d'or restent à suivre pour éviter d'éventuelles tentatives d'arnaques: ne s'inscrire que sur des plateformes de partage d'abonnement reconnues et dont le siège social est en France, et ne jamais accepter de sortir de la plateforme pour réaliser un paiement.