Les soldes d'été se terminent avec un bilan mitigé: pourquoi êtes-vous moins allés en magasin?

Les soldes d'été finissent ce mardi. (Illustration) - Damien MEYER / AFP
Les soldes sont-ils encore vraiment le grand rendez-vous attendu par les consommateurs pour faire de bonnes affaires? Alors que ceux d'été sont sur le point de finir ce mardi 22 juillet, la question peut se poser. Et les chiffres des ventes sur cette période de promotions donnent un aperçu de la réponse.
Étienne Deloge, vice-président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), évoque une nouvelle perte de vitesse par rapport à l'année dernière. 2024 qui était elle-même une année médiocre pour les soldes d'été...
"On subit un ralentissement général de la consommation qui affecte également d'autres secteurs comme la restauration. Mais pour nous, l'habillement, cela se traduit à l'échelle nationale par une perte de vitesse de l'ordre de -5% en juin-juillet 2025, par rapport à juin-juillet 2024", affirme celui qui est également gérant d'une boutique en Normandie.
Ce chiffre, il le tire d'un panel effectué chaque mois par l'Institut français de la mode et à destination des professionnels du secteur, l'IFM Panel. Mais malgré ce chiffre qui peut sembler décourageant, il ne perd pas la face.
Les ventes sur Internet encore bien derrière
L'IFM Panel donne également des chiffres concernant les ventes d'habits sur Internet en comparaison avec celles en boutique. Certes, la part des sites de e-shopping augmente: elle atteint une part de 30%, portée essentiellement par trois plateformes, Amazon, Shein et Temu.
Mais tout de même 70%, c'est-à-dire la majorité de la consommation, se fait encore en magasin physique. "Il y a encore du monde dans nos boutiques", se réjouit le vice-président de la FNH, qui représente les commerçants indépendants ayant une activité dans le prêt-à-porter.
Il se dit même d'autant plus optimiste que le secteur qu'il représente est soutenu par les autorités face aux mastodontes venus d'Asie. La Commission européenne souhaite effectivement imposer des frais de 2 euros sur chaque petit colis qui entre en Europe. Une taxe qui viserait directement Shein et Temu, principaux exportateurs de paquets de ce type.
Mais est-ce que cela suffira à endiguer la croissance de l'e-shopping et ses périodes de promotions encore plus régulières, qui accentue la baisse de fréquentation des magasins? Cela est loin d'être sûr.
Les soldes dépendent de la météo, et de la voiture
Étienne Deloge remarque que le nombre de clients en boutique est de plus en plus corrélé à la météo. L'an dernier, les premières semaines de soldes avaient été plombées par le temps particulièrement maussade. Lorsqu'il pleut, on préfère ainsi faire du shopping sur son ordinateur au chaud depuis chez soi.
Et si l'on souhaite malgré tout s'aventurer dehors, il faut pour beaucoup sortir avec sa voiture. Or, le vice-président de la FNH constate que dans de plus en plus de centres-villes où se trouvent les commerçants qu'il représente, celle-ci est persona non grata.
De nombreuses villes et collectivités de toutes tailles s'engagent dans la réduction de la place de la voiture en réduisant le nombre de voies dans une rue, ou piétonnisant certaines. Des mesures salutaires car elles permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la qualité de l'air ainsi que la santé des habitants. Mais lorsqu'elles sont mal pensées, Étienne Deloge les juge pénalisantes pour les commerçants et excluantes pour ceux qui vivent en périphérie.
"On ne peut pas dire à des gens du jour au lendemain qu'ils ne peuvent plus prendre la voiture pour venir en centre-ville. C'est le meilleur moyen de les envoyer sur Internet pour faire leurs courses d'habits", estime-t-il.
Décaler les soldes d'été?
C'est paradoxal, mais cette année le beau temps a pénalisé la période de soldes. Non pas la météo ensoleillée de ce mois de juillet, mais celle du printemps. "Avril, mai et juin ont été des mois plutôt positifs, et cela est sûrement lié à cette bonne météo", juge Étienne Deloge.
Les consommateurs se sont pressés dans les magasins au printemps, sans même attendre les soldes. Et ont renouvelé leur garde-robe d'été à ce moment-là. Ils n'ont donc plus grand intérêt à acheter de nouvelles pièces au mois de juillet...
Cet état de fait alimente une revendication que porte la FNH depuis plusieurs années: que l'on repousse les soldes d'été en août. En effet, en les plaçant si tôt (cette année ils ont commencé le 25 juin), les commerçants sont incités à brader leurs collections d'été alors que celui-ci a à peine commencé. Pour Étienne Deloge, cela est "hors-sol".