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Qu'est-ce que l'éco-score, qui arrive sur les étiquettes des vêtements à partir de cet été?

Des vêtements présentés dans une boutique d'habillement (photo d'illustration).

Des vêtements présentés dans une boutique d'habillement (photo d'illustration). - Pixabay

L'éco-score, le "nutri-score des vêtements", va être mis en place à partir de juillet. Il donne une note sur l'impact environnemental des vêtements, à partir de plusieurs critères. Explications.

Une nouvelle information sur les étiquettes... de vos vêtements. L'éco-score, qui nous renseigne sur l'impact environnemental de notre garde-robe, doit être déployé en France dès cet été.

C'est ce qu'a annoncé le ministère de la Transition écologique dans un communiqué vendredi 16 mai. Le texte réglementaire a été validé par la Commission européenne, plus rien n'empêche donc désormais son application.

Mais que prévoit cet éco-score? Sera-t-il vraiment présent en magasin? Peut-on s'y fier? RMC Conso fait le point.

Toxicité, durabilité...

L'éco-score est un logo noir et blanc mentionnant une note allant de 0 à l'infini, affiché sur l'étiquette du vêtement ou bien accessible en ligne via un QR code. Plus la note est élevée, plus le vêtement a un impact environnemental négatif.

Une vingtaine de critères sont utilisés pour fixer la note: 16 définis par la Commission européenne dans sa méthode PEF (Product Environmental Footprint), parmi lesquels les émissions de CO2, la consommation d'eau, la toxicité... Mais également trois critères spécifiques à la France, que sont les émissions de microfibres, les exports de vêtements hors Europe, la durabilité des vêtements.

Ce dernier critère vise spécifiquement la fast fashion, puisqu'il prend en compte le renouvellement des collections: les entreprises qui commercialisent plusieurs milliers de nouveaux modèles par jour (environ 7.000 pour Shein par exemple) seront pénalisées.

Le site internet mis en place pour effectuer le calcul, ecobalyse.beta.gouv.fr, donne quelques exemples de notations en fonction du vêtement: ainsi, un t-shirt en coton fabriqué en Chine par une entreprise considérée comme relevant de la fast fashion obtient 1.005 points. Un t-shirt en coton bio fabriqué en France par une marque relevant de la mode éthique obtient 367 points.

3.605 points pour un pull d'ultra fast fashion

Autre exemple, un pull en polyester (une matière synthétique particulièrement mauvaise pour l'environnement car elle rejette des microplastiques) fabriqué en Asie par une entreprise d'ultra fast fashion récolte la très mauvaise note de 3.605 points. Un pull en coton bio fabriqué en France par une marque de mode "traditionnelle" obtient 1.102 points.

La raison pour laquelle la note du pull made in France est presque aussi mauvaise que le t-shirt de fast-fashion réside dans le poids du vêtement: plus un vêtement est lourd, plus sa fabrication et son transport utilisent de l'énergie, ce qui augmente son impact environnemental. Or un pull est forcément plus lourd qu'un t-shirt.

L'idée étant qu'un vêtement issu de la fast fashion ou ultra fast fashion, c'est-à-dire une marque qui produit un très grand nombre de vêtements tous les jours, fabriqués à l'autre bout de la planète, obtiendra toujours une note supérieure (donc plus mauvaise), à vêtement équivalent, qu'un article fabriqué en France.

Cela s'inscrit dans une volonté de favoriser le "made in France", mais répond aussi à une réalité écologique: une entreprise chinoise comme Shein, qui propose 900 fois plus de produits qu'une enseigne française traditionnelle, c'est-à-dire au moins un million de vêtements produits chaque jour, selon l'association les Amis de la Terre, émet entre 15.000 et 20.000 tonnes de CO2 tous les jours.

Quelques limites

La principale limite de cet éco-score est néanmoins sa lisibilité difficile: tandis que le nutri-score, qui note les valeurs nutritionnelles des aliments, ou encore le planet-score, qui note leur impact environnemental, consiste en une note de A à E et du vert foncé au ronge foncé, très simple à comprendre pour les consommateurs, l'éco-score a un fonctionnement plus compliqué.

Il faudra donc que ces derniers soient informés et éduqués à l'éco-score, pour comprendre ce que signifie une note de 500 ou de 1000 sur un vêtement. Avec l'idée, évidemment, que la production d'un vêtement n'est jamais vertueuse, et que tout vêtement neuf a un impact environnemental (d'où la difficulté de mettre en place une note de A à E qui pourrait faire croire à l'acheteur qu'un "A" est "bon pour la planète" et le pousser à acheter plus).

Deuxième limite, l'aspect facultatif de l'éco-score, qui ne sera dans un premier temps pas imposé aux marques. Même si, comme avec le nutri-score, on peut estimer qu'une marque qui décide de ne pas l'afficher a des choses à cacher.

Les associations auront d'ailleurs la possibilité de calculer elles-mêmes les notes des marques qui refusent de le faire (encore faut-il que toutes les informations nécessaires au calcul soient transparentes).

35 nouveaux vêtements par an

L'avantage de l'éco-score est qu'il permettra de lutter contre le greenwashing, c'est-à-dire les allégations des marques pour faire croire qu'elles sont dans une démarche écologique, parfois nettement exagérées. Elles auront dorénavant l'obligation de passer par la méthodologie de l'éco-score si elles souhaitent afficher un score environnemental.

Le textile est l'une des industries les plus polluantes du monde, responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre. L'intérêt de cet affichage pour les consommateurs est donc de prendre conscience de l'impact de leurs choix en matière de vêtements. Sachant qu'on achète en moyenne 35 nouvelles pièces par an... Alors qu'on ne porte que 30% de notre garde-robe.

L'éco-score aura-t-il un impact? La priorité première des acheteurs reste malgré tout, à l'heure actuelle, le prix. En atteste l'explosion des plateformes chinoises. Shein est l'enseigne où les Français ont le plus dépensé en 2024.

Charlotte Méritan