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Ces régions françaises où l'eau courante est contaminée aux polluants éternels

Le pont de la Feuillée, à Lyon, ville concernée par la contamination aux polluants éternels.

Le pont de la Feuillée, à Lyon, ville concernée par la contamination aux polluants éternels. - BFM Lyon

Les polluants éternels (PFAS), substances chimiques toxiques et quasi-indestructibles utilisés dans l'industrie, sont des composants classés comme toxiques, bioaccumulables et persistants. Bien que dangereuse pour l'Homme, leur présence a été détectée dans l'eau courante de plusieurs régions du pays et documentée.

Des polluants omniprésents, notamment dans les cours d'eau et l'eau du robinet. Les PFAS, acronymes anglais de “per- and polyfluoroalkyl substances”, sont des molécules chimiques très difficilement destructibles et capables de survivre pendant des siècles. Leur présence dans l’environnement a une origine uniquement anthropique, c’est-à-dire causée par l'activité industrielle humaine. Et alors qu'une proposition de loi visant à réglementer leur usage a été adoptée ce jeudi à l'Assemblée nationale, leur présence dans les eaux de plusieurs régions française a été dénoncée et documentée. RMC Conso fait le point sur ces révélations.

• L'Auvergne-Rhône-Alpes

D'après les résultats d'une analyse menée par l’Agence régionale de santé (ARS), dont les résultats ont été publiés en janvier dernier, 166.000 habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes consomment une eau contaminée aux PFAS. La plupart des communes concernées sont situées dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon.

Mais cette contamination pourrait en réalité être plus conséquente puisque dans le Rhône, trois stations de pompage publiques ont été déclarées "non conformes" à l'issue des analyses menées par l'ARS. Il s'agit des deux captages de Ternay et de Vourles, exploités par Suez et qui alimentent plus de 136.000 habitants.

Les collectivités concernées par les contaminations ont présenté des "mesures de leur choix pour revenir sous le seuil de pollution aux PFAS de 100 nanogrammes par litre. Elles auront trois ans pour les mettre en place", a expliqué Aymeric Bogey, directeur de la santé publique de l'ARS.

Par ailleurs, comme le rapporte le Parisien, des lanceurs d'alerte ont récemment relevé la présence importante de polluants éternels en Haute-Savoie, dans les eaux du robinet de plusieurs collectivités situées autour d'une usine Tefal, marque appartenant au groupe Seb.

• L'Occitanie

Une étude citoyenne menée à l'initiative du parti Les Écologistes a analysé les eaux potables du robinet de 26 villes réparties sur le territoire national. Les échantillons prélevés dans des fontaines publiques ont été transmis au laboratoire Eurofins chargé d'y chercher la trace de 7 polluants éternels limités par la directive européenne de 2020.

À Fabrègues, commune d'Occitanie, 5 PFAS sur 7 ont été retrouvés dans les eaux potables du robinet analysées. Mais les taux de concentration mesurés dans les échantillons sont "bien inférieurs à la norme européenne", et ne représentent donc pas un "risque sanitaire", selon Pauline Cervan, toxicologue au sein de l'ONG Générations futures interrogée par Mediapart.

D'autres analyses menées par l'ARS d'Occitanie sont en cours, notamment autour de l'usine Solvay de Salindres (Gard). En effet, l'association Générations futures s'était inquiétée des niveaux de contamination des eaux des rivières situées autour de l'usine en février dernier, mais aussi des eaux potables du robinet. Les résultats devraient être rendus au cours du mois d'avril.

• L'Île-de-France

Une étude menée par Le Monde et 17 autres médias sur l'étendue des contaminations de l'Europe aux PFAS montre que certains départements d'Île-de-France ne sont pas épargnés. C'est notamment le cas dans le département du Val-de-Marne, où plus d’une dizaine de sites situés à Fresnes, à Choisy-le-Roi, à Saint-Maur-des-Fossés ou encore Joinville-le-Pont, sont contaminés. La contamination des eaux du robinet de ces communes n'a pas été déterminée.

En revanche, à Paris, une contamination de l'eau potable du 12e arrondissement a été détectée en 2022. Celle du quartier latin, situé dans 5e arrondissement, avait quant à elle présenté une contamination documentée en 2015.

• Les Pays de la Loire

À partir de données publiques, Ouest France a établi une cartographie des contaminations détectées en Vendée, dont les conclusions ont été partagées ce mercredi. D'après les enquêtes du Monde et du quotidien régional, 8 analyses présentaient une concentration totale de PFAS supérieure à 100 nanogrammes par litre (ng/l). Sur les 8 analyses, 5 proviennent uniquement de la commune de Luçon, qui compte près de 10.000 habitants.

Ouest France précise toutefois que cette contamination n'a pas d'incidence sur la qualité de l'eau courante puisqu'elle se limite aux nappes phréatiques. Mais cela n'empêche pas Sébastien Sauvé, professeur en chimie de l’environnement à l’université de Montréal et spécialiste des PFAS d'affirmer la phrase suivante auprès du quotidien: "Je n’aimerais pas boire cette eau, ni que mes proches en boivent."

"Des investigations devront être menées afin de déterminer l’origine de cette contamination et des analyses effectuées par des laboratoires agréés", affirme la préfecture de la Vendée.

• 108 "hot spots" en France

La réalité est que les contaminations aux polluants éternels sont omniprésentes sur le territoire. "Plusieurs centaines de sites pollués et cinq des 20 usines européennes de production de PFAS ont été recensés dans l’Hexagone", indique l'enquête du Monde, qui ne précise pas le taux de contamination des eaux.

En tout, plus de 900 sites français sont contaminés par les PFAS. Par ailleurs, une partie importante de ces derniers, soit 108, sont considérés comme étant des "hot spots". Cela veut dire que les échantillons qui y ont été relevés présentaient une concentration de plus de 100 nanogrammes par litre.

Pour avoir une idée plus précise de la contamination de l'eau du robinet dans votre commune, l'UFC-Que choisir propose une carte interactive.

Sabrine Mimouni