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Police-Justice

Lyon: le groupe chimique Arkema attaqué en justice pour ses rejets de polluants éternels

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En février dernier, des polluants éternels (PFAS) avaient été retrouvés aux abords d'une école proche de la vallée de la chimie, à Lyon. Des riverains inquiets ont décidé d'attaquer la société Arkema, spécialisée dans la production de produits chimiques.

Des polluants qui se retrouvent partout, dans les sols, dans le Rhône, dans l’air… Ce sont les PFAS, des composés chimiques fabriqués dans le but d'être ultra-résistants, et donc de ne jamais disparaître. Depuis les années 1950, ces polluants sont rejetés dans la nature par certaines usines de la vallée de la chimie, située au sud de la métropole lyonnaise.

Alors que la métropole de Lyon avait annoncé le lancement prochain d'une vaste analyse de sang de la population vivant dans le secteur, afin de déterminer l’ampleur de cette pollution, une nouvelle étape s’ouvre dans ce combat contre les PFAS.

En effet, 37 riverains accompagnés de dix associations et syndicats attaquent en justice Arkema, l'une de ces usines suspectées de rejeter des polluants éternels dans la nature. A l'origine de la procédure, on retrouve Emma Feyeux, présidente de Notre Affaire à Tous à Lyon. Elle explique à RMC que l'objectif de la procédure est que le tribunal se prononce rapidement sur la série de mesures proposées par les associations.

Emma Feyeux précise qu'elle demande notamment "une limitation des rejets". Au-delà des prélèvements sanguins que doit réaliser la Métropole de Lyon, la présidente de l'association propose aussi la réalisation "d'une campagne de prélèvement dans l'eau, dans le lait maternel, dans le sang des victimes et celui d'anciens salariés et de salariés actuels".

"On estime que dans la vallée de la chimie, ce serait 350.000 personnes concernées par des taux inquiétants de PFAS, ce qui veut dire que les contaminations sont d'une ampleur absolument inquiétante", alerte Emma Feyeux, présidente de l'association Notre Affaire à Tous.

L'action en justice a été déposée fin mai devant le tribunal de Lyon. Il s'agit plus précisément d'un référé pénal environnemental, qui est considéré comme une procédure d’urgence. Lorsque la procureure de Lyon reçoit le dossier, elle le transmet ensuite à un juge. Une fois saisi, ce magistrat aura 48 heures pour prendre ou non des mesures contraignantes.

Arkema, usine la plus polluante de la vallée?

Alors que plusieurs dizaines d'usines et de sociétés sont installées dans la vallée de la chimie lyonnaise, l'usine Arkema est, selon les associations, l’entreprise qui rejette le plus de PFAS dans le Rhône. Ces rejets seraient estimés à trois tonnes et demie par an, selon un rapport de l’Inspection générale de l'environnement.

L’usine Arkema, spécialisée dans la production de plastiques et de résines, est installée depuis les années 1980 dans la commune de Pierre-Bénite, au sud de la métropole de Lyon. Thierry Mounib, à la tête de l’association de riverains de cette ville, participe à l’action en justice. Avec ce recours, il demande lui aussi une étude sur les effets des PFAS sur la santé des habitants.

"Ce qu'on veut, c'est de savoir l'état sanitaire dans lequel vivent nos enfants, si on peut continuer à manger des légumes de notre jardin, est-ce qu'il y a plus de cancers, de maladies endocriniennes à Pierre-Bénite qu'il y en a ailleurs…", revendique Thierry Mounib.

Ce riverain de la vallée de la chimie explique que beaucoup d'habitants du secteur lui téléphonent "en se demandant si (...) telle et telle malformation" décelée sur leur enfant "a quelque chose à voir avec les PFAS".

Arkema promet d'arrêter les PFAS en 2024

Assurant qu'il ne peut "pas répondre" aux interrogations de ces riverains de la vallée de la chimie, Thierry Mounib répète qu'il 'faut faire cette étude sanitaire", car la population "a besoin de savoir".

Les riverains et les associations veulent que ce soit Arkema qui finance toutes ces études, en suivant le principe du pollueur-payeur.

RMC a contacté l’entreprise pour obtenir son avis sur la problématique des rejets de polluants éternels. Arkema assure que son site “respecte toutes les réglementations”, et qu’elle a déjà commencé à réduire ses rejets de PFAS… avec une promesse: arrêter d’en utiliser d’ici l’année prochaine.

Joanna Chabas avec Alexis Lalemant