Le chèque énergie va-t-il disparaître? Un rapport de l'État le suggère, les associations s'insurgent

Le site pour faire une demande de chèque énergie. (Illustration) - Maxime Martinez / RMC
C'est une aide dont bénéficient chaque année plus de 5 millions de foyers modestes, à hauteur d'un montant allant de 48 à 277 euros en 2025. Le chèque énergie est un dispositif primordial pour les ménages dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 11.000 euros. Il les aide à payer leurs factures d'énergie.
En dépit de tout cela, l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) estime qu'il faudrait le supprimer. Dans un long rapport (500 pages) rédigé avec l'Inspection générale des finances et consacré à l’articulation entre aides publiques et enjeux environnementaux, cette aide est critiquée.
L'IGEDD, service d'inspection placé sous l'autorité du ministère de l'Environnement, part du principe que ce dispositif constitue un "soutien à la consommation d'énergie". Et que de ce fait, il "va à l’encontre de la sobriété énergétique", écrit-il dans le rapport.
L'UFC-Que Choisir s'insurge
Ce dernier chiffre également le coût de ce dispositif: 795 millions d'euros, qui serviraient à "financer tout type d'énergie" et à "subventionner pareillement l'usage d’énergies carbonées et décarbonées". Ce que suggère donc l'IGEDD à travers ce rapport, c'est qu'il faudrait supprimer cette aide.
Ce raisonnement indigne toutefois l'UFC-Que Choisir. Dans un article signé de sa présidente Marie-Amandine Stévenin, l'association de consommateurs dénonce la vision des choses de l'IGEDD.
Pour elle, le chèque énergie est avant tout une aide qui permet de soulager le pouvoir d'achat en permettant aux moins aisés de s’acquitter d’une partie de leurs factures énergétiques.
Et on peut difficilement lui donner tort. Qu'un ménage reçoive son chèque énergie ou non, il devra chauffer dans tous les cas son logement à l'arrivée de l'hiver. Voir le chèque énergie comme un "soutien" à la consommation d'énergie est donc tout à fait fallacieux.
"Le chèque énergie ne va aucunement à l’encontre de la sobriété énergétique. Il vient simplement permettre à des personnes aux faibles ressources – pour lesquelles chaque euro compte et qui sont donc loin de gaspiller l’énergie – de vivre décemment", considère Marie-Amandine Stévenin de l'UFC-Que Choisir.
Une mesure seulement hypothétique
Quelle valeur donner à cette préconisation de l'IGEDD? Est-ce que le fait qu'une telle idée soit évoquée dans un rapport étatique signifie qu'elle pourrait être appliquée? Dans l'absolu, non. Ce rapport est seulement consultatif, suggère des idées pour faire des économies et protéger l'environnement, mais n'impose rien.
Le gouvernement est libre de reprendre ou non cette idée à son compte. Mais pour l'UFC-Que Choisir, il "serait bien mal inspiré" de le faire. "Ni l’argument budgétaire, ni a fortiori l’argument environnemental ne sauraient justifier la suppression du chèque énergie bénéficiant aux 20% des ménages les plus pauvres", affirme l'association.
Pour elle, l'accent doit être mis sur la rénovation énergétique. Afin de permettre, à terme, aux ménages les plus pauvres d'être dans des logements plus performants. Ce qui demande un effort aujourd'hui, mais qui permettra de faire des économies plus tard.
À cet effet, Marie-Amandine Stévenin regrette le "coup de rabot" qui a été porté à un autre dispositif de l'État: MaPrimeRénov. Celui-ci, qui permet aux foyers éligibles d'obtenir une aide pour leurs travaux de rénovation énergétique, reprend le 30 septembre après avoir été suspendu quelques mois. Son budget a cependant été réduit, il bénéficiera à moins de foyers.