Faire installer un thermostat connecté chez soi, est-ce vraiment une bonne idée?

Mardi 12 novembre, c’est la journée contre la précarité énergétique, qui coïncide avec une chute des températures dans toute la France. Être bien chauffé et payer des factures d'énergie raisonnables sont un double enjeu, dans un pays où l'on compte encore près de six millions de passoires thermiques.
Or, ces derniers mois, un outil censé optimiser nos dépenses de chauffage est de plus en plus à la mode: c'est le thermostat connecté. Est-il vraiment utile ou complètement gadget? Y a-t-il des risques à en faire installer un chez soi? Combien coûte-t-il vraiment? RMC Conso fait le point.
Sur le principe, le thermostat connecté semble n'avoir que des qualités: il permet de contrôler la température de son logement pièce par pièce, grâce à un appareil posé sur les radiateurs, qui a la capacité d'estimer la température ambiante et de ne déclencher le chauffage que si cette dernière baisse.
Cela évite d'avoir chez soi de trop fortes amplitudes de températures, de surchauffer l'espace, ou au contraire de vivre dans un logement à 15°C.
15% d'économies
Le thermostat connecté, relié au smartphone par une application, permet par ailleurs de contrôler son chauffage même lorsqu'on est à l'extérieur. Si on oublie de le baisser lorsqu'on part en vacances, par exemple.
Grâce à cette meilleure maîtrise de la consommation de chauffage (quel qu'en soit le mode, gaz, électricité, bois...), l'ADEME, l'agence de la transition écologique, promet une économie d'environ 15% sur les factures d'énergie.
Au-delà d'une simple bonne idée, la pose d'un thermostat va d'ailleurs devenir obligatoire à partir du 1er janvier 2027. Mais il n'aura pas besoin d'être nécessairement connecté.
Le coût d'un tel appareil? Entre 650 et 1000 euros l'unité, pose comprise, selon l'UFC Que Choisir. C'est moitié moins pour un thermostat qui n'est pas connecté.
Un thermostat connecté gratuit, c'est pourtant la promesse de nombreuses entreprises qui démarchent les clients par téléphone ou font de la publicité sur internet. Alors, arnaque? C'est en fait un petit peu plus compliqué que cela et il y a plusieurs cas de figure.
Une aide "coup de pouce"... Et des arnaques
Une aide, appelée "coup de pouce pilotage connecté du chauffage pièce par pièce", permet de faire baisser drastiquement la facture. Accessible à toutes les personnes ayant un système de chauffage individuel, sans conditions de revenus, elle a été déployée à l'initiative de l'État et est versée par des opérateurs privés, la plupart fournisseurs d'énergie. Son montant dépend de la surface du logement (312 euros pour un logement de 50m², par exemple).
Elle peut être demandée par les particuliers directement, mais les professionnels peuvent également la percevoir et la déduire de la facture. D'où ces offres pour des thermostat connectés gratuits ou à très bas coûts: l'installation n'est pas gratuite, elle est simplement financée par l'aide.
Le problème est que, comme souvent lorsqu'il y a des aides en jeu, certaines entreprises peu scrupuleuses parviennent à empocher l'argent sans réaliser les travaux correctement. Dans pareil cas, si l'installation ne fonctionne pas, la réparation pourra coûter cher et vous ne pourrez pas bénéficier de l'aide une seconde fois.
C'est d'ailleurs l'une des raisons invoquées par la ministre déléguée à l'Énergie, Olga Givernet, pour mettre fin à ce "coup de pouce", selon un projet de décret dévoilé par nos confrères de l'Informé. Le dispositif était censé durer jusqu'à fin décembre et aurait pu être prolongé. On ne sait pas encore à quelle date il prendra officiellement fin, mais il se pourrait que vous n'ayez plus que quelques semaines pour en bénéficier.
RMC Conso rappelle les bonnes pratiques en matière de travaux de rénovation énergétique, pour éviter les arnaques, nombreuses dans ce secteur: éviter les entreprises qui pratiquent le démarchage téléphonique ou à domicile, se renseigner sur l'existence de l'entreprise et sa réputation, constituer le dossier de demande d'aide soi-même pour garder le contrôle sur le versement de cette dernière.
Gratuité contre utilisation des données
Un deuxième cas de figure, pour les personnes qui se chauffent à l'électricité, permet l'installation d'un thermostat connecté gratuitement et n'est pas une arnaque. Il n'est toutefois pas sans contrepartie. Certaines entreprises, telles que Voltalis, Tiko ou encore le fournisseur d'énergie Ekwateur, vous proposent en effet de participer à ce que l'on appelle l'"effacement diffus".
Concrètement, en l'échange d'une installation gratuite, vous autorisez l'entreprise à avoir accès à vos données de chauffage et à baisser votre fourniture d'électricité lors des pics de consommation. L'électricité étant une énergie qui ne se stocke pas, l'offre et la demande doivent toujours être équilibrées pour éviter le surplus d'offre ou, au contraire, une rupture.
Or, en plein hiver, en cas de forte consommation d'électricité, certains opérateurs privés baissent très légèrement la température des logements de leurs clients. Même si cette baisse est faible et à peine perceptible, multipliée par des millions de foyers, elle permet d'assurer la stabilité du réseau électrique. Les opérateurs sont en échange rémunérés par l'État pour ce service.
Offrir le contrôle de son chauffage à une entreprise privée, cela peut sembler intrusif et en effrayer certains. Mais les baisses appliquées sont de l'ordre de 0,1°C et ne durent généralement pas plus de 10 minutes. Les opérateurs qui le proposent assurent que cela n'entraîne pas de refroidissement du logement.
Malgré tout, c'est une information à avoir en tête lorsqu'on se voit proposer ce type d'offre: rien n'est jamais complètement gratuit.