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+50% de retards en 2025: la France encore à la traîne dans l'aérien, selon une étude

Un avion d'Air France sur le tarmac de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle (France), le 8 septembre 2022 (photo d'illustration).

Un avion d'Air France sur le tarmac de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle (France), le 8 septembre 2022 (photo d'illustration). - Chris Delmas © 2019 AFP

La France est l'un des pays qui a connu le plus de retards de ses avions cette année, selon une récente étude. En cause notamment, les multiples grèves des contrôleurs aériens. En parallèle, la politique d'indemnisation risque de changer.

La France est encore la championne européenne des retards dans le transport aérien. C'est le constat d'une étude publiée ce lundi 6 octobre par Eurocontrol, l’organisme de surveillance du trafic aérien en Europe, et relayée par franceinfo.

Pourtant, le trafic aérien global s’est avéré plus fluide malgré la complexité des fermetures d’espaces aériens liées à la guerre en Ukraine ou les conflits au Moyen-Orient.

Par rapport à l'été dernier, le trafic aérien a augmenté de 3,3% et les retards de gestion du trafic aérien ont diminué de 31%. La ponctualité des arrivées estivales a également été meilleure: 71,6% des vols contre 65,2% en 2024.

"Toutefois, les performances restent inférieures à l'objectif de l'UE de 0,9 minute de retard par vol, s'établissant à 1,88 minute par vol, même si ce résultat devrait baisser d'ici la fin de l'année à 1,6 minute par vol", est-il indiqué dans l'étude.

1/3 des retards en France

La situation s’est donc améliorée partout sauf dans les aéroports et le ciel français. En effet, cet été 2025, les retards liés au contrôle dans le ciel français ont augmenté de 50% par rapport à la même période l’année dernière. Au total, ils ont représenté près d'un tiers (30%) des retards dans l'ensemble de l'Europe.

Et pour cause, l’organisme Eurocontrol avance des "difficultés opérationnelles", liées aux capacités techniques dont la vétusté et l’obsolescence des outils informatiques notamment.

Si l'espace aérien français a été aussi impacté, c'est également à cause des multiples grèves des contrôleurs aériens depuis le début de l'année.

L'étude cite par exemple le mouvement social de deux syndicats minoritaires de contrôleurs aériens français les 3 et 4 juillet derniers qui a provoqué l’annulation de 1.400 vols et des retards de 3.700 trajets en moyenne par jour sur la période concernée.

Près d'un million de passagers ont été touchés par cette grève. D'après un décompte réalisé par Ryanair, dix millions de passagers ont pâti des mouvements sociaux dans le ciel français depuis le début de l’année 2025.

Des désagréments donc pour les passagers, un bilan peu flatteur pour les services français de navigation aérienne, mais surtout des retards qui ont un coût.

Les seuls retards générés par les problèmes de contrôles français ont coûté environ 120 millions d’euros aux compagnies européennes.

Une politique d'indemnisation menacée

Au vu du nombre de retards, heureusement que les passagers peuvent obtenir des indemnisations. Une loi européenne de 2004 impose aux compagnies aériennes d'indemniser les passagers victimes d'une annulation de leur vol ou d'un retard d'au moins trois heures.

La règle est simple: les passagers sont en droit d'obtenir entre 250 et 600 euros par passager dans les deux cas de figure, le montant dépendant de la distance parcourue par le vol.

Pour les vols de moins de 1.500 km (une grande partie des vols intra Union européenne, par exemple un Paris-Madrid), vous avez droit à 250 euros par passager.

Pour les vols de plus de 1.500 km au sein de l'Union européenne (par exemple: Paris-Pointe-à-Pitre), vous avez droit à 400 euros par passager.

Pour les vols entre 1.500 et 3.500 km hors Union européenne (exemple: Paris-Istanbul), vous avez également droit à 400 euros par passager.

Et enfin, pour les vols de plus de 3.500 km (exemple: Paris-New York), vous avez droit à 600 euros par passager.

Attention, il y a quelques exceptions. Cette règle s'applique effectivement pour tous les vols au départ d'un pays de l'Union européenne, et pour tous les vols à destination d'un pays de l'Union européenne à condition que la compagnie aérienne soit européenne.

Par ailleurs, la compagnie aérienne pourra faire valoir des "circonstances extraordinaires" comme les conditions climatiques, les alertes à la bombe ou les mouvements de grève externes aux compagnies.

Mais depuis quelques mois, cette réglementation est menacée. En effet, elle risque d'évoluer et pas forcément en faveur du consommateur. Parmi les mesures évoquées, la baisse des indemnités compensatrices voire une restriction des conditions. Le texte est actuellement à l’étude à Bruxelles.

Emma Forton